Oldies But Goodies: U.S.A. Comics #1 (Août 1941) (2)

[FRENCH] Le Whizzer fait partie des rares super-héros Marvel de l’ère Timely a avoir duré. En dehors de Human Torch ou de Sub-Mariner, les héros de la firme qui ont dépassé les quatre ou cinq épisodes d’existence pendant les années 40 sont surtout des personnages patriotiques (Captain America, le Patriot, le Destroyer) ou de simples acrobates (le Angel). Tous les autres essais de personnages à superpouvoirs, qu’il s’agisse de magiciens (ou de réels surhumains aux aptitudes diverses), sont vite tombés dans les oubliettes de l’histoire. Le Whizzer est sans doute la principale exception puisque les lecteurs de l’époque le côtoieront de 1941 à 1946, qu’il totalisera aux alentours d’une quarantaine d’apparitions et qu’il arrivera a faire partie de deux équipes et même en un sens deux « équipes et demi » (sans compter la Liberty Legion, qui sera rétroactivement rajoutée dans sa carrière). Le Whizzer n’est donc pas le personnage le plus célèbre ou le plus présent dans les Marvel Comics des années 40 mais il en reste cependant un représentant important. Pourtant, ses origines telles que publiées dans U.S.A. Comics #1 furent… disons hautes en couleurs…

Quelque part en Afrique, loin de toute aide ou de tout secours, le docteur Emil Frank regarde impuissant son fils, Bob, en train de mourir (Comment ça ? Mourir de quoi ? Mystère). Enfoncés dans la jungle, ils ne risquent pas de trouver du secours, malgré les appels au secours d’Emil qui, réfléchissant à voix haute, se dit que la seule chose qui pourrait sauver son fiston c’est une transfusion sanguine. Mais quand le docteur se retourne vers Bob, tombé à terre, il a une mauvaise surprise supplémentaire : un serpent s’approche du corps, prêt à le mordre. Dans certaines versions plus modernes (en particulier à partir de Marvel Premiere #29, avril 1976) les auteurs ont préféré simplifier et placer l’intervention du serpent avant : ce serait lui qui aurait mordu Bob Frank, ce qui expliquerait de quoi le jeune homme est en train de mourir. Mais dans la version originelle, il n’en est rien. Bob Frank est déjà mal en point et voilà qu’arrive ce serpent, prêt à le mordre. Heureusement pour la famille Frank, une mangouste surgit de nulle part. Et comme les mangoustes, petites bestioles assez vives, sont des ennemis farouches des serpents, un combat s’engage entre les deux animaux.

La mangouste arrive à vaincre le reptile mais parait elle-même mal en point. Emil Frank ramasse l’animal qui a sauvé son fils. Le docteur s’adresse a la mangouste : « Tu as tué le serpent ! Tu as sauvé mon fils ! Tu… mais tu es blessée ! Tu es couverte de sang ! Du sang ! C’est ça ! J’utiliserais ton sang ! Je vais injecter du sang de mangouste à Bob !« . Inutile de dire qu’on se demande en quoi ce cher docteur est diplômé parce que déjà du sang d’humain, selon que le donneur ait ou pas le bon groupe, ce n’est pas si évident que ça… Alors du sang de mangouste qui vient de se faire mordre par un serpent, on voit d’ici ce que ce cocktail pourrait faire à quelqu’un qui était déjà mourant avant l’injection. Et pourtant (allez, ne dites pas que ça vous surprend, vu l’illogisme galopant des comics de cette époque) ça marche ! Quelques minutes plus tard Bob Frank revient à lui, sauvé par le sang de mangouste !

Et pourtant la famille Frank va pourtant porter le deuil ce jour car c’est au tour d’Emil Frank de s’effondrer. Toutes ces émotions ont visiblement été trop lourdes à porter pour un homme de son âge. Bob s’écrie « Père, tu m’as sauvé ! Mais qu’est ce qu’il y a ? Tu.. Tu…« . Et le père, dont le coeur est visiblement en train de lâcher, a juste le temps de murmurer à son fils que son temps est venu, qu’il est un vieil homme mais qu’à partir de maintenant Bob va être très différent du reste des hommes. « Tu as le sang d’une mangouste – l’animal le plus rapide du monde – en toi. Tu vas devenir un véritable Whizzer… Au revoir mon fils. ». « Whizzer » étant un surnom donné à certaines centrifugeuses, l’idée est bien sur d’insinuer que Bob est désormais ultra-rapide. Mais bien Bob ne le sait pas encore et comme il n’a rien d’autre à faire au milieu de la jungle il commence à parler tout seul : « Père m’a appelé un Whizzer. Que voulait-il dire ? Pourquoi… » et, agitant son bras par frustration, Bob Frank découvre qu’il peut bouger à super-vitesse. C’est ce que son père voulait dire ! Et voilà Bob Frank pourvu d’une rapidité surhumaine au terme de ces événements pour le moins rocambolesques.

Bien sûr, les conditions dans lesquelles le Whizzer (puisque c’est le nom qu’il portera) reçoit ses pouvoirs bousculent beaucoup les lois de la biologie et semblent au demeurant incohérentes, pour ne pas dire franchement stupides. Maintenant on peut tenter de les rapprocher de divers éléments de l’univers Marvel contemporain pour mieux les faire « fonctionner » ou tout au moins les rendre plus cohérentes. D’abord on soulignera que recevoir ses superpouvoirs par le biais d’une injection de sang de mangouste vaut bien la morsure d’araignée radioactive de Peter Parker.

Premier élément de réponse : On peut se demander comment le père peut connaître à l’avance les effets secondaires de la transfusion, avant que Bob n’ait donné le moindre signe de super-vitesse. On peut imaginer que le bon docteur Frank a déjà pratiqué ce genre de transfusion ailleurs et qu’il a peut-être reproduit les conditions de ses expérimentations pour sauver son fils (peut-être qu’entre deux cases il a « traité » le sang de la mangouste pour le rendre compatible, tout en sachant les effets secondaires qui se produiraient). Le Docteur Frank serait carrément une sorte de « Docteur Moreau du bien », qui aurait déjà travaillé sur la possibilité de transposer des capacités animales à d’autres humains (d’ailleurs ça permettrait d’expliquer l’existence de certains autres héros du Golden Age restés sans origine crédible).

Ou bien encore le Docteur Frank fait peut-être partie des divers humains qui ont collaboré avec le High Evolutionary (grand spécialiste de l’évolution des animaux dans l’univers Marvel). Il se trouve que, bien des années plus tard, c’est vers ce même High Evolutionary que se tournera Bob Frank quand sa femme sera sur le point d’accoucher (comment savait-il où trouver un spécialiste de l’évolution et des mutations pour faire accoucher sa femme d’un enfant justement mutant ?). Et par ailleurs parmi les « agents » du High Evolutionary on trouve une mangouste transformée en humanoïde, Mongoose (apparu dans Amazing Spider-Man #283 puis vu plusieurs fois dans la série Thor). Il y a donc un faisceau d’éléments qui rendent possible, voire logique, une implication du High Evolutionary. Une dernière alternative serait de se tourner vers une explication non scientifique mais plutôt « totémique ». Peut-être que l’élément indéterminé qui entre en jeu dans la scène tient plutôt de la même logique que la lignée des représentants animaliers évoquée pendant le run de J. Michael Straczynski sur Amazing Spider-Man. La « transfusion » évoquée ici tiendrait alors plus d’un « rituel » pour faire de Bob Frank un nouvel avatar animalier tel qu’évoqué par Straczynski. Tout ça, bien sûr, n’est qu’une suite d’hypothèse. Géné par l’origine, Marvel s’est plutôt efforcé de jeter un voile pudique sur cet élément et, au mieux, de le citer rapidement en une ou deux phrases. Le plus souvent les scénaristes modernes ont préféré ne pas se perdre dans cette origine qui pose question et s’intéresser plutôt au personnage après ses origines.

Quoi qu’il en soit il est certain que cette scène d’origine est suspecte et carrément incomplète même pour les auteurs de l’époque : plusieurs mois plus tard, dans U.S.A. Comics #8 (1942), un cambrioleur nommé Frank Rone, s’introduisant chez le héros trouvera son « journal intime » dans lequel est noté le « secret de sa super-vitesse ». Instantanément, Frank Rone le mettra en application et deviendra lui aussi capable de super-vitesse. Or, on se doute bien que Frank Rone n’avait pas de serpent ou de mangouste sur lui au moment de cambrioler un coffre. Il y a dont un « secret » des pouvoirs du Whizzer, un élément scientifique ou mystique qui intervient sans qu’on nous le montre dans l’épisode originel et qui est facilement reproductible (puis Frank Rone y arrive plus tard sans animal ou matériel apparent)…

Mais avec tout ça nous avons laissé notre pauvre Bob Frank au milieu de la jungle, devant le cadavre de son père. Le poing vengeur, levé en l’air, Bob, encore dans le choc combiné de la découverte de ses pouvoirs et de la mort de son père s’exclame : « Maintenant je serais capable de venger Père pour tout le mal qui lui a été fait ! Maintenant je ferais payer Granno pour ses satanés crimes ! La police ne peut rien contre Granno mais le Whizzer, lui, pourra !« . Bon, vous êtes comme moi, vous n’avez loupé aucune page. C’est la première fois dans l’histoire qu’on nous parle d’un certain Granno. En fait, en commençant directement en Afrique sans nous expliquer pourquoi les personnages y étaient venus, l’auteur a curieusement choisi de commencer le récit au milieu. L’identité du scénariste est inconnue. Certaines rares sources s’aventurent à imaginer que l’auteur est Stan Lee mais la structure de l’histoire ressemble peu aux autres productions de Lee. Qui plus est Lee a rarement été du genre à ne pas signer ses créations et dans le même numéro il signe en bonne forme le premier épisode de Jack Frost. Au mieux, il se pourrait que le Whizzer soit une création collective, fruit d’un processus où un scénariste aurait corrigé le travail d’un autre. Ce qui expliquerait le coté un peu incohérent de l’origine mais aussi ce curieux démarrage au milieu.

C’est donc le début d’un flash-back pour nous expliquer ce qui a conduit les Frank, père et fils, en Afrique. Quelques mois plus tôt, le docteur Emil Frank recevait la visite de trois individus à la mine patibulaire. Granno était le chef et ordonna au médecin d’opérer un des deux autres qui avait été blessé par balle. Mais alors que le docteur s’exécutait sans poser de question, Granno lui força le bras, provoquant un faux mouvement. Le docteur, du coup, venait de tuer le blessé. Mais ça n’était pas vraiment un accident. Apparemment Granno avait toujours voulu que le blessé décède, il s’était simplement arrangé pour que le docteur soit considéré comme responsable. Là aussi le cours des choses est plutôt curieux (et là aucune intervention potentielle du High Evolutionary n’y pourrait rien). Il y avait plus simple pour se débarrasser de l’homme que le traîner chez le docteur. Mais Granno va plus loin. Il explique que lui et l’homme de main restant jureront que c’est bien Emil Frank qui a assassiné l’homme mort, un certain Jennings… Sauf si Frank est d’accord pour quitter le pays. Que gagne Granno dans l’affaire si Emil Frank n’est plus là pour porter le chapeau ? Tout se déroule comme si on voulait que Frank quitte le pays mais sans aucune raison donnée… Bob tenta bien de s’interposer pour défendre son père mais il fut rossé. Pire, Granno menaça clairement le jeune homme. Si Emil Frank ne quittait pas immédiatement le pays, Bob en pâtirait. Devant la menace, Emil décidait de partir le plus loin possible pour protéger son fils. Par un nouveau glissement de logique pour le moins bizarre, Bob l’accompagnait en s’en voulant que son père soit obligé de « tout quitter à cause de lui » (alors qu’au demeurant le complot tournait plus autour d’Emil). Bob s’en voulait aussi parce qu’il était trop faible et n’avait pas pu protéger son père.

Mais maintenant tout ça allait changer. Maintenant Bob Frank, devenu le Whizzer, avait le pouvoir de la vitesse pour lui et le moyen de se venger de Granno (vous remarquerez que le scénariste a tout bonnement oublié de nous dire pourquoi Bob était mourant dans la scène d’ouverture). Bob rentre donc à New York et se fabrique son premier costume de Whizzer. Je dis son premier car le personnage aura plusieurs tenues au fil de son histoire et son apparence originale n’est pas celle dont l’univers Marvel a gardé le souvenir. Cette version comporte une cape bleue et un aileron sur la cagoule (dans la version plus connue, utilisée à partir de la fin 1942, le Whizzer n’a pas de cape ni d’aileron, il porte sur sa cagoule deux petites ailes et aussi une sorte de tête stylisée de canari). Ne reste qu’à trouver Granno et pour cela Bob Frank fait preuve de son fin talent de limier. Il trouve son adresse… dans l’annuaire (Si toutes les enquêtes étaient si faciles). Sans perdre de temps Bob Frank se rend donc au domicile de Granno mais assez curieusement il cache son costume de Whizzer sous un imperméable et apparaît à visage découvert devant le gangster.

Granno laisse Frank entrer chez lui sans vraiment le reconnaître, tout au plus en le trouvant étrangement familier. C’est Bob Frank qui commence alors à lui parler de l’histoire d’un type qui est parti en Afrique il y a plusieurs mois, qui y a bien profité du soleil et qui en est revenu plus grand et plus fort. Vu qu’en gros il lui raconte tout, pourquoi attribuer ses pouvoirs à une sorte de séance de bronzage ? Qu’importe. En entendant la mention du voyage, Granno comprend d’un coup qui est l’homme en face de lui. Mais additionnant surprise sur surprise, Bob Frank pose son manteau, révélant le costume du Whizzer. Curieuse manière de procéder qui fait que le héros commence par révéler son identité masquée à son adversaire avant de passer à l’action. Il a tôt fait d’affronter le gang tout entier (qui se tenait dans la pièce voisine, en train de jouer aux cartes) et d’assommer tout le monde, Granno compris. Une fois tout ce beau monde inconscient, le Whizzer s’écrie : « Je vais laisser une note au bureau du procureur concernant le meurtre de Jennings. Et quand il viendra pour vous, vous serez toujours ici ! ». Puis le Whizzer retrouve ses vêtements civils et se glisse dans la foule (façon final du film Darkman), ce qui marque la fin officielle de l’épisode.

On notera que la gestion de l’identité secrète est pour le moins bizarre. Puisqu’il ne trouve pas la mort dans le combat, Granno connaît le secret du Whizzer et est libre de le partager avec qui il veut (au besoin même avec le procureur), même si ce danger n’a pas l’air de venir à l’esprit de Bob Frank ou de son anonyme scénariste. En fait (hasard ou volonté délibérée ?) dans une partie des épisodes des années 40 le Whizzer aura un rapport très curieux avec le concept d’identité secrète. Dans All-Winners Comics #2 (qui contient sa seconde aventure), il se présente à des gangsters comme étant « Jim Brown » et le narrateur insiste sur ce nom comme si c’était bien le nom civil du héros. Mais plus tard on le verra à nouveau utiliser le nom de Bob Frank puis, du jour au lendemain, les épisodes feront référence à lui comme étant nommé Jack Robinson, comme si cela avait toujours été son nom civil. On pourrait imaginer que Jack Robinson est une identité de remplacement, parce que son nom de Bob Frank est compromis. Peut-être que Bob tenait à ce que Granno sache d’où venait la vengeance pour le mal fait à sa famille mais que par ailleurs il savait qu’il lui faudrait un nom de rechange jusqu’à ce que Granno soit exécuté où quelque chose de ce genre. Tout ça, bien sûr, fait partie des explications possibles qu’il faut soi même rajouter si on veut que l’histoire fonctionne.  Mais dans U.S.A. Comics #8, quand le voleur Frank Rone s’introduit chez « Jack Robinson » pour y découvrir par accident les secrets du Whizzer il est certain que cette identité là elle aussi est compromise. Ca n’a pourtant pas l’air d’émouvoir le héros, qui continuera d’apparaître le nom de Robinson. Il faudra attendre 1998 et la parution de Marvel Universe #2 et 3 pour avoir l’explication que le Whizzer assume une capacité à se déguiser (il peut aussi faire pousser barbe et moustaches à volonté, en usant de son métabolisme accéléré) et que Jack Robinson n’est pas une erreur de continuité (en tout cas ne l’est plus) mais bien une identité alternative (un peu comme Moon Knight qui entretient à la fois les identités de Marc Spector, Steven Grant et Jake Lockley, encore que dans le cas du Whizzer le « gain » d’avoir plusieurs noms civils reste peu clair).

Par la suite les aventures du Whizzer seront autrement plus cohérentes. C’est qu’on devine que pour Timely/Marvel le personnage n’est pas un des nombreux héros « jetables » (comme Moon Man ou Citizen V) que l’éditeur introduit alors sans plan préalable avant de s’en débarrasser trois ou quatre numéros plus tard. Le Whizzer c’est bien entendu le Flash de Timely/Marvel. Ce n’est pas la première fois que la firme tente de lancer un héros doué de super-vitesse. Principalement elle avait testé une sorte de dieu de la vitesse, nommé Hurricane ou Mercury selon les épisodes, mais son apparence, calquée sur celle d’une divinité grecque, ne faisait pas très super-héros. On peut rire des détails ahurissants de son origine mais le Whizzer a d’emblée un costume bien plus identifiable, en un sens meilleur même que les allures de Sub-Mariner et d’Human Torch. Le héros est pensé pour laisser une trace plus durable et d’ailleurs Marvel ne va pas attendre la réaction du public pour le faire apparaître en parallèle dans une autre anthologie. C’est-à-dire qu’à partir du mois suivant le Whizzer continue d’hanter les pages d’U.S.A. Comics mais qu’on peut également le trouver dans le magazine All-Winners Comics, bien plus « central » dans la stratégie de Marvel. Plus tard, il aura également droit à quelques aventures moins régulières dans les séries All-Select Comics, Amazing Comics, Complete Comics, Kid Comics… Ces apparitions, moins ridicules que ses débuts, restent chargées des clichés de l’époque. A un moment le Whizzer aura ainsi un faire-valoir noir débile nommé Slow-Motion Jones, une sorte de Jimmy Olsen noir qui cache un téléphone portable (une prouesse technologique pour l’époque) dans son chapeau melon, lui permettant de prévenir le héros en cas de besoin.

Mais attention ! Le Whizzer n’est pas objet de moquerie malgré ce que pourrait faire croire cette addition de détails incohérents, cocasses ou démodés. On ne se contente pas publier le héros à double dose ! On l’installe comme faisant partie du premier rang des super-héros. Le mois suivant sa création, il est donc accueilli dans les pages de All-Winners Comics. Stan Lee, depuis le numéro précédent, s’emploie à justifier le fait que la couverture montre tous les héros réunis dans une même scène en écrivant une nouvelle qui explique le pourquoi du comment. Dans l’épisode précédent un groupe composé les All-Winners, réunissait Sub-Mariner, Human Torch, Toro, Captain America, Bucky, Angel et Black Marvel. Mais l’histoire se finissait en révélant qu’il s’agissait d’un rêve. La « continuité » du récit restait donc incertaine. Dans All-Winners Comics #2, il ne s’agit pas d’un rêve mais le groupe a légèrement changé. Comme le Angel et Black Marvel ont été remplacés dans le magazine par le Destroyer et le Whizzer, ce sont ces deux derniers qui deviennent les membres des All-Winners. Le texte de Stan Lee décrit même les héros majeurs que sont Captain America, Namor et Human Torch en train d’accepter les deux nouveaux dans leurs rangs ET dans le magazine parce qu’ils ont prouvé leur valeur. Un concept intéressant mais malheureusement il ne débouchera pas vraiment sur une BD (en tout cas pas avant 1946 et dans une forme différente). Le problème c’est qu’à l’époque les auteurs surveillent encore de très près leurs créations, pas encore totalement conscients que les studios finiront par leur piquer. Dans les combats qui opposaient Human Torch et Sub-Mariner à l’époque, il est arrivé plusieurs fois que Carl Burgos (créateur de H. Torch) et Bill Everett (inventeur de Sub-Mariner) dessinent chacun leur héros respectif dans la même case. On peut imaginer le cauchemar de politique interne s’il avait fallu réunir une demi-douzaine de héros sur une même planche et qu’il avait fallu demander à différents auteurs de dessiner chacun un personnage… Les All-Winners de 1941 ne dépassèrent pas le stade de texte illustrés.

Mais le même mois U.S.A. Comics #2 permettrait aussi au Whizzer de rejoindre une équipe de super-héros (enfin, d’une certaine manière). Dans  une autre nouvelle signée par Stan Lee et issue de la même logique, tous les héros présents dans la revue se réunissaient à l’invitation du Captain Terror dans une sorte de cercle surnommée les U.S.A. Heroes où ils pouvaient venir se raconter mutuellement leurs exploits plutôt que combattre ensemble. Le concept a l’air bizarre mais c’est ainsi que la Justice Society of America a commencé chez le concurrent DC (sauf que la JSA, dans son cas, a connu une bien meilleure carrière). Ce premier meeting des U.S.A. Heroes resterait sans lendemain mais le Whizzer y croisait, entre autres (c’est-à-dire en dehors de personnages comme le Captain Terror ou Rockman), le héros « glacial » Jack Frost. L’implication c’était que les récits que l’on pouvait lire dans U.S.A. Comics étaient des histoires que venaient se raconter les héros dans cette sorte de cercle secret, qui ne dépasserait pas, lui non plus, le stade de la nouvelle illustrée. Au passage, on notera aussi qu’assez curieusement dans ce numéro (U.S.A. Comics #2, donc) le Whizzer combattrait le gang d’un criminel nommé… Kirby (clin d’œil au nom de plume d’un des dessinateurs majeurs de Marvel, pas encore parti vers d’autres éditeurs ou règlement de compte à l’intérieur du bureau ?).

Au premier abord la première équipe du Whizzer, les All-Winners, pouvait être considérée comme étant en continuité puisqu’en 1946 Marvel tenta enfin de lancer son équipe fédératrice dans de vraies aventures. Bill Finger et Otto Binder signèrent deux aventures d’un All-Winners Squad composé de Captain America, Bucky, Human Torch, Toro, Sub-Mariner, Miss America et du Whizzer. On notera d’ailleurs que, comme expliqué plus tôt, le système adopté est le même que pour la Justice Society, avec des segments où les personnages sont dessinés par les auteurs responsables de leurs aventures solo au même moment. Le groupe était un peu différent des All-Winners (c’est d’ailleurs pourquoi je fais la distinction entre les deux collectifs) mais devant le manque d’explication sur la formation du A.W. Squad, on pouvait en déduire que les Al-Winners avaient existés “hors champ” depuis 1941 et qu’en 1946 sa composition avait légèrement évoluée. Mais le All-Winners Squad n’allait pas durer et de toute manière cette chronologie n’allait pas résister à l’épreuve du temps.

Car le Whizzer, lui, allait durer. Après l’arrêt des aventures du All-Winners Squad en 1947, il faudrait un peu de patience mais on finirait par le revoir dans l’univers Marvel à partir de 1974 (Giant-Size Avengers #1). Et autant le dire, ce n’était pas gagné d’avance. Non pas en raison de son origine étrange ou des contradictions de ses aventures et de ses identités mais bien à cause de… son nom. Il se trouve que « Whizzer » est devenue une expression argotique dans certaines régions des USA qui signifie désigne selon les cas le surnom que se donnent certains blancs racistes ou encore le fait d’uriner dans un coin, « à la sauvage ». Mais surtout « Whizzer » sert tout simplement de synonyme familier pour le terme « Vagin » (juré, promis, j’invente pas !). Difficile de prendre au sérieux au super-héros super-rapide qui se présente comme le Vagin !  Même si ce n’est pas dans la continuité classique de Marvel, on conseillera à ce sujet la lecture de Marvel Adventures: The Avengers #37 (2009) dans lequel les Vengeurs rencontrent le All-Winners Squad et où Wolverine est carrément hilare quand il apprend le nom de code de Bob Frank…

Malgré ce « handicap nominal », le Whizzer allait mieux s’en tirer que beaucoup de héros du Golden Age ramené à peu près à la même époque pour servir de chair à canon. Le Red Raven, par exeça mmple, serait sorti de l’oubli juste pour être montré comme fou et considéré comme mort pendant des décennies supplémentaires. Ou bien on entendrait à nouveau parler du Patriot à l’ère moderne juste avant qu’il ne décède d’un cancer… Non, en refaisant surface en 1974, le Whizzer allait servir un autre but. Roy Thomas avait remarqué une certaine forme de ressemblance entre la fratrie Vif-Argent/Sorcière Rouge (opérant alors au sein des Vengeurs) et le Whizzer ainsi que sa coéquipière du All-Winners Squad. Whizzer et Vif-Argent partageaient la même super-vitesse tandis que la Sorcière Rouge et Miss America partageaient le même genre de costume rouge qui faisait qu’on pouvait leur trouver une ressemblance superficielle (en fait dans le plus clair des années 40 Miss America est brune, pas rousse mais pour accentuer le rapprochement l’héroïne du Golden Age a souvent été montrée rousse depuis). Et comme les deux mutants n’avaient pas de parents connus et que d’autre part on ne savait pas ce qu’étaient devenus Whizzer et Miss America depuis 1947 et qu’ils étaient les deux derniers membres du A.W.S. dont on était sans nouvelle… Roy Thomas relia toutes ces questions en leur donnant une seule réponse.

Il fut révélé que le Whizzer et Miss America s’étaient mariés dans les années 50 (d’ailleurs la scène de mariage montre Miss America en train d’exprimer des doutes quand à l’authenticité de l’origine et des pouvoirs basés sur le sang de mangouste de son mari). Ils avaient d’abord eu un fils, une sorte de monstre radioactif nommé Nuklo qu’il avait fallu placer en hibernation. Puis plus tard, lors d’un voyage en Europe, le couple avait eu des jumeaux. Mais la femme était morte en couche et le Whizzer, fou de douleur, avait fuit sans demander son reste, abandonnant ses enfants au bon soin du High Evolutionary, scientifique spécialiste de l’évolution. Vif-Argent et la Sorcière Rouge étaient donc réunis avec leur père. En tout cas c’était la version officielle en 1974 et elle le resterait pendant 5 ans. Le Whizzer allait du coup jouer un rôle secondaire dans les aventures des Vengeurs à l’époque.

Mais ce retour aux affaires allait s’accompagner d’une réinvention de sa chronologie, bousculant un peu les équipes dont il était supposé avoir fait partie ou pas. L’idée d’un gars surnommé « vagin » avec du sang de mangouste dans les veines vous semblait déjà compliquée ou tout au moins pas évidente à accepter ? Comme si c’était trop simple dans l’état se rajoute de nombreux problèmes chronologiques. En 1946-1947, le Whizzer avait été le co-équipier de Captain America dans les rangs du All-Winners Squad. En 1974 il n’était plus possible de faire référence à ce lien dans l’état (depuis 1964 Stan Lee avait instauré que Captain America et Bucky avaient disparus en 1945).

Aussi dans Giant-Size Avengers #1, quand le Whizzer revient, une forme d’explication est nécessaire : Bob Frank croit trouver dans Cap un allié sauf que… D’une part Captain America ne reconnaît pas le Whizzer et ce dernier, quand à lui, ne reconnaît pas la voix de Cap. L’idée est que différents héros ont remplacé le Captain America originel après sa disparition à la fin de la guerre, y compris dans les trois seules missions qu’aurait eu le All-Winners Squad (car dans Giant-Size Avengers le Whizzer stipule que le A.W.S. n’aurait eu que trois missions, ce qui sera par la suite totalement invalidé puisque avec les différents flash-backs on compte aujourd’hui une bonne demi-douzaine de missions différentes répertoriées). Reste que le Whizzer a été le co-équipier d’un Cap différent tandis que l’original, Steve Rogers, n’aurait jamais rencontré Bob Frank pendant toute la guerre si on se base sur ce Giant-Size Avengers (encore que le Whizzer a pris trois décennies dans la figure et que on peut mettre le fait que Cap ne le reconnaisse pas sur la différence d’âge).

Mais dans l’autre sens le fait que le Whizzer ne connaisse pas Steve Rogers pose problème. En fait la seule manière de faire fonctionner la scène de GS Avengers avec les ajouts ultérieurs, c’est de décider que pour une raison inexpliquée le Whizzer ment en toute connaissance de cause. Non seulement il y a eu plus de trois missions pour le All-Winners Squad contrairement à ce que le vétéran affirme mais de plus dans une des aventures qu’il passe sous silence le second Captain America (héros connu anciennement sous le nom du Spirit of 76, qui remplace Steve Rogers entre 1944 et 1945) trouve la mort, remplacé par un homme que le Whizzer connaît très bien, le Patriot, qui devient le troisième Cap. Bob Frank, contrairement à ce qu’il affirme dans G.S. Avengers #1, est forcément au courant que le(s) Captain America du A.W. Squad n’étaient pas les originaux. Pourtant, il fait mine de le découvrir.. De plus en plus curieux…

D’autant que les contradictions s’additionnent dans les mois suivants. En lançant en 1975 la série rétro Invaders (qui raconte les exploits pendants la seconde guerre mondiale de Captain America, Bucky, Human Torch, Toro, Sub-Mariner au sein d’une équipe nommée les Invaders) Roy Thomas établit deux choses quand l’équipe se forme en décembre 1941 suite à Pearl Harbor. D’une part il est déterminé que c’est la première fois que Captain America et Namor se rencontrent. D’autre part Cap et Human Torch disent s’être croisé une seule fois auparavant, dans l’été 1941 (pour aider les Young Allies à combattre le Red Skull). Du coup les deux aventures textuelles des All-Winners, publiées à l’automne 1941, deviennent officiellement « hors continuité » (ce qui va dans le sens d’un Whizzer qui, du coup, n’aurait jamais rencontré le Captain America originel). Mais en 1976, Roy Thomas tentera d’imposer une équipe sœur aux Invaders, la Liberty Legion (Marvel Première #29/30), qu’on voit se créer en 1942 avec des héros de second rang qui s’unissent autour de Bucky, le faire-valoir de Captain America. Parmi eux on voit le Whizzer et il est manifeste qu’il ne connaît aucun des Invaders avant cette date de 1942, enfonçant un dernier clou quand à la non-validité des All-Winners de 1941. La où la contradiction s’installe, par contre, c’est que ces épisodes d’Invaders démontrent que le Whizzer a fréquemment rencontré le Captain America originel à partir de 1942 et que le manque de reconnaissance des deux hommes dans Giant-Size Avengers #4 ne s’explique du coup plus du tout !

Mais c’est encore trop simple ! Vous ne pensiez quand même pas vous en tirer si facilement ? Jack Frost (qui faisait partie des U.S.A. Heroes en 1941) fait également partie des membres de la Liberty Legion mais ni le Whizzer ni lui ne font mine de se connaître (encore que si on veut avoir les idées larges, ils ne disent pas formellement qu’ils ne se connaissaient pas avant). La validité des U.S.A. Heroes est donc sujette à caution tant qu’un auteur n’aura pas fait pencher la balance. Et voilà comment le Whizzer (qui dans les années 40 avait réussit l’exploit de faire partie des All-Winners, des U.S.A. Heroes et du All-Winners Squad alors que Timely n’était pas porté sur les super-équipes), dépassé seulement par Bucky (qui lui – dans la version historique – fut membre des Sentinels of Liberty, Young Allies, des All-Winners et du All-Winners Squad) vit son historique totalement transformée. Pour se consoler, le Whizzer pourrait se satisfaire d’une nouvelle chronologie : dans la continuité moderne il est donc considéré que le Whizzer a d’abord rejoint la Liberty Legion en 1942 puis qu’il devenu une sorte de membre honoraire des Invaders en fin de printemps de la même année. Après la mort d’Hitler il est devenu Invader à plein temps pour aider à nettoyer le front asiatique puis, après l’armistice, les Invaders ont mutés et sont devenu le All-Winners Squad. Petite cerise sur le gâteau, Citizen V & The V-Battalion Vol.1 #2 nous apprend qu’après la dissolution du A.W.S. le Whizzer est devenu membre du V-Battalion. Voilà donc comment le Whizzer a été privé de ses équipes d’origine… mais se retrouve quand même à faire partie de quatre groupes distincts dans les années 40. Ou cinq si d’aventure les U.S.A. Heroes trouvaient grâce aux yeux d’un scénariste.

Entre sa présence irrégulière dans les pages des Vengeurs et ses apparitions aux côtés des Invaders, le Vag… euh le Whizzer allait ainsi profiter de sa plus grande exposition publique depuis les années 40 et d’une certaine montée en puissance (après tout c’était un ami de gens comme Captain America depuis la guerre et le père de deux Vengeurs !). Mais à bien y regarder, déjà en 1974 il y avait une certaine alchimie qui ne se faisait pas totalement. La Sorcière Rouge et Vif-Argent, orphelins depuis des lustres, avaient acceptés sans broncher celui qui se disait leur père. Mais on constatera qu’ils s’intéressaient bien peu à leur nouveau frère Nuklo (les épisodes où ils s’occupent de lui sont rares). En 1979 on allait opter pour une version bien différente. Vif-Argent et la Sorcière Rouge n’avaient jamais été les enfants du Whizzer. Le soir où sa femme était morte, elle n’avait mis au monde qu’un enfant difforme et non-viable (encore que, selon les conventions des comics, je ne serais pas totalement surpris si un jour on nous apprend que cet autre gosse a disparu et maintenant adulte traîne quelque part avec des idées de vengeance plein la tête, selon le syndrome dit « Gabriel Summers »). La sage-femme aux ordres du High Evolutionary, pensant soulager la douleur de Bob Frank, lui avait alors présenté deux bébés nés à peu près au même moment (en fait les jumeaux sont les rejetons de Magneto) comme étant les siens. Le Whizzer avait fuit sans remettre en cause cette version de l’histoire et le mensonge perdurait depuis des décennies. Le Whizzer n’apprendrait la vérité que dans Vision & Scarlet Witch vol.1 #2 (décembre 1982) et de façon cruelle, lors d’un combat pendant lequel il allait mourir, son corps ne pouvant plus subir ce genre de batailles à son âge…

De toute façon, à cause de la chronologie glissante de Marvel, le couple Whizzer/Miss America n’aurait pas pu être les parents des deux mutants. Puisque Bob Frank et son épouse étaient dans la force de l’âge dans les années 40 (mettons qu’ils avaient 25 ans), rien ne s’opposait à ce qu’ils aient le bébé Nuklo dans les années 50. Et en 1974, être le père de Vif-Argent et de la Sorcière Rouge supposait que les jumeaux étaient nés vers 1958. Mais (à cause du temps relatif de Marvel qui fait que l’ère moderne restera toujours l’ère moderne mais qu’inversement le Golden Age s’éloigne) la thèse allait devenir intenable dans les années 80. Elle l’est encore plus aujourd’hui. Comment imaginer que Miss America pouvait encore être en âge de procréer des personnages comme Vif-Argent et Sorcière Rouge, aujourd’hui tout au plus trentenaires ? Dans les Handbooks de Marvel (dont la validité est souvent discutable) on a pu voir des théories assez tarabiscotées (vous me direz, un type sauvé par du sang de mangouste n’en est plus à ça près !) comme quoi la scène de la mort de Miss America (et donc de la naissance de Vif-Argent et la Sorcière Rouge) s’est bien passée dans les années 50 mais que le High Evolutionary aurait mis en hibernation les deux bébés mutants pendant quelques décennies (comme ça, juste pour le plaisir ?). Une autre théorie dit que le Whizzer et Miss America étaient des mutants latents (que c’est d’ailleurs ce qui expliquerait que le métabolisme de Bob Frank ait ainsi réagit à du sang de mangouste) et que du coup ils auraient une longévité plus grande que le commun des mortels, repoussant d’autant la ménopause de Miss America !

Pour ma part je serais d’avis de mettre toutes ces incohérences sur le dos des pouvoirs de manipulation de la réalité de la Sorcière Rouge. Ce serait sans doute guère plus réaliste mais en tout cas cohérent avec les révélations de ces dernières années comme quoi cette héroïne, graduellement devenue folle, aurait changé le cours des choses grâce à ses pouvoirs. C’est d’une certaine manière un « deux ex machina » pour régler des incohérences alors autant y aller franco et expliquer qu’inconsciemment la Sorcière Rouge était déjà en rejet de sa nature de mutante. Elle aurait manipulé le passé de manière à ce que deux humains ressemblant vaguement à son frère et à elle puisse être des parents de substitution, quitte à accroître leur longévité. Plan B (et là désolé si certains ne suivent pas mais il faut connaître un peu l’histoire des séries Avengers et West Coast Avengers pour comprendre) : Le seigneur du temps Immortus, dont on sait qu’il a justement manipulé le temps sur des décennies pour rendre la Sorcière Rouge folle, aurait peut-être frappé, jouant sur l’espace-temps autour du Whizzer et de Miss America. En poussant à peine plus loin on pourrait même imaginer qu’Immortus a manipulé l’histoire du Whizzer depuis le début, ce qui expliquerait alors l’atmosphère de conspiration inexpliquée et de contradiction des origines de 1941. Le gangster Granno travaillait peut-être simplement pour Immortus (ou était lui-même Immortus ?) qui tentait de pousser les Frank vers l’endroit où il savait que le Whizzer recevrait ses pouvoirs.

D’une certaine manière peu importe car le Whizzer est mort dans une histoire publiée voici 27 ans. On ne le voit plus guère que dans quelques flash-backs montrant les années 40 (et récemment cette année en raison du 70ème anniversaire de Marvel). On notera que curieusement on l’aperçoit dans les détails d’une page de Top Ten #11 (par Alan Moore et Gene Ha) publié chez Wildstorm. Il a également une sorte d’héritière en la personne de Whiz Kid, personnage inventé par Dan Slott dans la série She-Hulk (mais revue à l’occasion dans Avengers : The Initiative). Whiz Kid est une jeune femme noire également super-rapide qui portait à l’origine une variation du costume du Whizzer. Elle ne parait pas directement liée au héros des années 40 mais on pourrait imaginer qu’elle est une descendante de Slow-Motion Jones, le sidekick de Bob Frank (ou bien que, comme le cambrioleur Frank Rone, elle est tombé sur le carnet contenant le fameux « secret » du Whizzer ?). D’ailleurs ce carnet pourrait avoir une certaine valeur scénaristique s’il refaisait surface de nos jours. D’une part parce que quiconque le lit peut, comme Frank Rone, détenir le secret de la super-vitesse mais aussi parce qu’il pourrait s’y cacher une sorte d’explication ou la révélation d’une conspiration qui permettrait d’expliquer toutes les incohérences de l’origine du Whizzer et toutes les contradictions liées à la chronologie des Invaders et du All-Winners Squad. Il y aurait peut-être une sorte de « Identity Crisis » à creuser autour des mémoires perdues du héros. En dehors de ces traces, la principale apparition moderne du Whizzer se trouve dans X-Statix Presents : Deadgirl, où son fantôme est réduit à la sénilité éternelle. Son manque de pertinence dans les comics modernes fait qu’on imagine mal un scénariste se lancer dans une saga impliquant l’espace-temps pour expliquer les secrets d’un gangster de 1941 ou l’étrange horloge interne de Miss America. Et puis bon, un super-héros surnommé le « Vagin », ça n’incite pas vraiment à baser de nouveaux épisodes sur lui. Sauf peut-être si un Warren Ellis ou un Garth Ennis entendaient parler de lui. Mais alors bonjour le spectacle…

[Xavier Fournier]
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