Oldies But Goodies: Venus #10 (Juillet 1950)
24 janvier 2009[FRENCH] Venus contre le Fils de Satan !!! Sous cet intitulé digne d’un film d’Ed Wood la principale héroïne de Marvel dans les années 50 (Venus) allait affronter un soupirant à l’allure… diablement familière. Ou la maîtresse de l’amour contre le prince des enfers… Mais sachant que le Son of Satan est un héros apparu seulement 20 ans plus tard, quel est donc cet autre rejeton de Satan qui vient menacer la déesse grecque de l’amour ?
Dans les années 50, ce n’était pas la fête pour Marvel Comics (alors nommé Atlas) et leurs personnages récurrents se faisaient rares. Sauf une héroïne dont la série allait détenir le record de longévité pour la firme en cette décennie (En 1953/1954, même le retour de Sub-Mariner, Captain America et Human Torch n’arriverait pas à faire aussi bien). Quand on compare au marché moderne, plutôt machiste, c’est étonnant mais pourtant c’est vrai, à l’époque chez Marvel c’était une femme qui tirait les ventes. Tandis que DC Comics avait sa Wonder Woman, Marvel avait… Venus, déesse de l’amour. Une série qui ne tenait pas totalement du genre super-héroïque mais laissait aussi une large place à des intrigues sentimentales. Selon l’épisode initial, La déesse Venus (qui vivait forcément dans un palais construit sur la planète Venus) s’ennuyait ferme et était descendue sur Terre pour être plus proche des « simples mortels ».
Là, elle avait vit été repérée par un éditeur, Whitney Hammond, qui l’avait d’abord embauchée comme top model en étant convaincu qu’elle était la « descendante de la déesse Venus ». Une croyance plutôt bizarre parce que soit Hammond croyait à l’existence d’une déesse de l’amour et n’aurait pas eu de mal à l’accepter comme telle, soit il n’y croyait pas et l’existence d’une « descendante » aurait été également incroyable pour lui. Mais bref, la série progressant, Hammond et Venus allaient devenir amoureux et (c’est là où la chose sort largement des récits de super-héros de l’époque) allaient s’avouer leur affection mutuelle, échangeant des baisers torrides. Quand débute Venus #10, l’héroïne a ainsi grimpé dans la hiérarchie : elle est devenue la rédactrice-en-chef de Beauty Magazine, qu’édite Hammond. Et leurs réunions de travail dégénèrent souvent en échanges de baisers. De nos jours ca n’a l’air de rien mais pour l’époque et les mœurs plutôt pudibonds, c’était assez « olé olé »… Et pourtant lors d’une nouvelle effusion de baisers, Venus ne peut s’empêcher de ressentir un sentiment d’effroi… Et elle a raison.
L’ennui, c’est que Venus inspire du désir ou de l’amour à beaucoup de monde. Au même moment, dans les profondeurs de l’Hadès, Satan est dérangé par son fils… Un étrange personnage qui se déplace torse nu, vêtu d’une grande cape rouge et dont on « devine » la nature diabolique grâce à deux petites cornes sur son front. Les lecteurs modernes connaissent avant tout et surtout comme seul « Son of Satan » un certain Daimon Hellstrom (qui fut un temps la vedette de la série Hellstorm), dont « l’uniforme » impliquait également qu’il soit torse nu, avec une cape rouge similaire. Et bien que Daimon Hellstrom ne soit pas spécialement connu pour porter des petites cornes, ca lui est arrivé dans une ou deux cases dans les années 70. Seulement voilà, Daimon Hellstrom n’a été inventé qu’il y a trois décennies, soit 20 ans après l’épisode de Vénus dont nous parlons aujourd’hui. Ce Son of Satan des années 50 n’est visiblement pas Hellstrom mais les deux personnages se ressemblent assez pour qu’on leur trouve un certain air de famille (normal, après tout, s’ils sont supposés être demi-frères). Donc en clair bien que Daimon Hellstrom ne l’ait jamais mentionné, l’existence de ce frère ainé pourrait tout à fait fonctionner dans la continuité moderne. Mais le Son of Satan version 1950 a pour l’instant d’autres problèmes en tête. S’il a demandé audience à son père, c’est pour lui avouer qu’il désire Venus depuis des siècles. Mais jusqu’ici il ne pouvait la fréquenter puisqu’elle vivait sur l’Olympe (visiblement Son of Satan ne sait pas qu’avant le début de la série elle n’était pas le mont Olympe mais bien sur la planète Vénus). Et les démons n’ont pas le droit de se rendre sur l’Olympe. Alors que maintenant qu’elle est sur Terre, c’est différent… Satan, lui, n’est pas du tout convaincu. Il a entendu dire que Venus a tout abandonné pour un mortel (Hammond). Jamais elle ne voudra son fiston. Mais ce dernier proteste : soit il arrivera à la charmer… soit il détruira tout ce qu’elle aime ! Satan sentant comme une promesse de chaos, il n’en faut pas plus pour qu’il donne sa permission à Junior.
Son of Satan part en volant vers la surface et se matérialise dans les bureaux de Beauty Magazine où le personnel est immédiatement indisposé par l’odeur de souffre qui se dégage (visiblement la méthode de téléportation de Son of Satan est assez similaire à celle du Nightcrawler des X-Men). Son of Satan apparait en costume de ville mais, le reconnaissant immédiatement, Venus affirme à tout le monde qu’il s’agit d’une vieille connaissance, un certain Monsieur Satin avec qui elle avait complètement oublié qu’elle devait déjeuner. Whitney Hammond est vexé parce que normalement c’est lui qui devait manger avec elle (mais on se demande bien pourquoi il ne les accompagne pas, après tout Venus est sa girlfriend officielle). Finalement Whitney transige en disant qu’il mangera avec elle en soirée et que Satin peut bien déjeuner avec elle après tout. Dès qu’ils sont seuls, Son of Satan se révèle sous sa vraie apparence et demande à Venus qu’ils s’éloignent jusqu’à un endroit où ils pourront discuter tranquillement. La déesse et le démon s’envolent alors dans les cieux jusqu’à un nuage où ils s’installent.
Et là le personnage cornu ne perd pas de temps: il se jette sur elle en lui déclarant sa passion. Venus, qui n’avait pas vu le coup venir, est surprise. Elle se débat, furieuse, en expliquant qu’il n’y aura jamais de mariage entre le Bien et le Mal, que le Son of Satan ne peut qu’échouer. Encore que ce dernier étant maléfique et lubrique, l’idée d’un mariage ne devrait pas forcément être ce qu’il a en tête… Et bien pourtant si ! Furieux qu’elle ne veuille pas l’épouser, Son of Satan menace ! Il a en son pouvoir la maitrise de divers types de catastrophes (tels que les typhons ou les tremblements de terre) matérialisés dans sa main sous la forme de « petits satans ». Si elle résiste, il lâchera ces calamités sur la Terre et Hammond sera en danger. Venus est indécise. Elle refuse de céder mais dans le même temps elle se sent faible à cause de l’influence maléfique du Son of Satan. Il lui faut toute sa force morale pour résister. Alors le démon lâche les calamités sur le monde…
Sur Terre, la secrétaire de Hammond (qui est en fait la rivale amoureuse de Venus) sème la zizanie. Elle fait remarquer que la beauté blonde et « Monsieur Satin » sont partis depuis vraiment très longtemps. Trop longtemps ? Elle arrive à arracher à Hammond la promesse que si jamais Venus laisse en plan l’éditeur c’est elle, la secrétaire, qui dinera le soir même avec son patron. Pour l’heure Venus a d’autres chats à fouetter. De grands incendies ont été déclenchés par les pouvoirs du Son of Satan qui contemple, très fier, son méfait. Mais heureusement elle lui fait remarquer que s’il possède les pouvoirs du Mal, elle a ceux du Bien. Et elle déclenche une pluie qui éteint l’incendie. Piqué, Son of Satan contre-attaque en amplifiant la pluie au point qu’elle devienne une dangereuse inondation. Venus lève alors les bras aux cieux et invoque son demi-frère, Apollon, pour qu’il fasse apparaître le soleil et fasse évaporer l’eau.
Pendant ce temps la secrétaire est toujours à l’œuvre dans son entreprise de démoralisation de Hammond. Elle lui fait maintenant remarquer qu’il est 17 heures. Et c’est vrai que pour un simple déjeuner ca s’éternise plutôt. La femme en est déjà à imaginer dans quel restaurant de luxe son patron l’entraînera. Lui, par contre, ne l’écoute pas. Il est penché sur la radio et écoute les nouvelles… qui sont loin d’être bonnes. Après toutes les catastrophes naturelles récentes, on annonce qu’un typhon approche de New York. D’ailleurs Hammond et sa secrétaire peuvent apercevoir la menace de leur fenêtre. C’est bien entendu la nouvelle forme de l’attaque du Son of Satan ! D’ailleurs le démon prévient Venus que cette fois le typhon se dirige directement sur Hammond.
A bout d’arguments, Venus cède. Elle sera au Son of Satan mais elle y met une condition. De même qu’elle a tout abandonné pour Hammond, elle veut que le Son of Satan lui accorde une preuve d’amour équivalente en renonçant à tous ses pouvoirs démoniaques. Fou d’amour, l’autre accepte et annonce qu’il abandonne immédiatement sa puissance pendant une journée. C’est bien ce sur quoi comptait Venus. Elle a beau être une déesse du Bien, visiblement elle n’est pas contre un petit mensonge quand ça l’arrange. Une fois Son of Satan privé de ses pouvoirs, elle invoque à nouveau Apollon en expliquant à son adversaire « Tu as vraiment cru que j’allais t’épouser ? ». De l’astre solaire surgit alors une sorte de comète enflammée qui arrive et emporte Son of Satan dans l’orbite de la Terre, où il tournera pour l’éternité. Son of Satan n’a que le temps de faire deux remarques. Premièrement il promet à Venus que son père, le vrai Satan, le vengera… Et plus bizarrement, alors qu’il s’éloigne dans le ciel, prisonnier de la sphère enflammée, il crie à Venus : « Mais… que vont penser les gens en me voyant dans le ciel ? ». Pourquoi Son of Satan s’en soucierait-il ? Peu importe en fait puisque Venus rétorque « ils te prendront pour une soucoupe volante ! ».
Quelques minutes plus tard, Venus retourne à son bureau et arrive pile à l’heure… pour aller diner avec Hammond. La secrétaire est furibonde (ce n’est pas encore cette fois qu’elle passera à la casserole avec le patron). Hammond recommence à embrasser Venus mais voit passer dans le ciel ce qu’il prend pour une soucoupe volante. Venus lui dit alors que ce n’est pas important et qu’il n’a qu’à continuer à l’embrasser. Le Son of Satan, premier du nom et par la force des choses « frère ainé » de Daimon Hellstrom doit toujours tourner quelque part dans le ciel en attendant que son père le venge. Un personnage potentiellement intéressant, qu’il ferait bon revoir un jour dans une aventure liée à l’autre Son of Satan, à Doctor Strange ou même, pourquoi pas, à Venus. Bien qu’elle n’ait plus sa série depuis belle lurette (je ne sais plus trop s’ils ont expliqué ce qui est arrivé à Whitney Hammond par la suite), elle est désormais membre des Agents of Atlas, bien qu’il soit expliqué qu’elle n’a jamais vraiment été la Déesse de l’Amour mais plutôt une sorte de sirène. Peut-être est-ce pour ça d’ailleurs que le Son of Satan de 1950 était attiré par elle, il pressentait sans doute qu’elle n’était pas aussi divine qu’elle pensait l’être…
[Xavier Fournier]
C’est beau l’amour………..
C’est vrai qu’on aurait peut-être du se le garder pour la Saint-Valentin 😉
Une sirène,alors elle devait nager en eaux troubles!