Ce n’est pas drôle de vivre dans un monde de super-héros, où les combats peuvent à tout moment retarder votre train ou menacer votre vie. Mais dans Powerless (à ne pas confondre avec le film de David Sarrio), Emily Locke s’en moque. Elevée dans une petite ville où l’on ne voyait les surhommes que de loin, elle rêvait d’arriver dans une grande ville pour être plus près d’eux. Mais ses nouveaux collègues de la compagnie Wayne, eux, sont blasés. Le nouveau show TV de DC Comics arrive à l’écran et… comment dire…
Dans les premières minutes, on fait donc connaissance de Emily (Vanessa Hudgens), jeune femme débordante de joie de débuter chez Wayne Security (à l’origine il devait s’agir de Retcon Insurance) dans la grande ville de Charm City. Mais dans le train qui l’emmène au travail, elle est entourée de citadins blasés qui ne font plus attention à ce qui se passe autour d’eux, même quand leur wagon se retrouve pris au milieu d’un combat de Crimson Fox. Allez savoir pourquoi, d’ailleurs, ce personnage est supposé être Crimson Fox, n’ayant absolument rien à voir avec le personnage des comics et ressemblant plus à la Black Orchid des origines. Mais le temps que le lecteur tique sur cette curieuse utilisation, le préambule lui donne plus de grain à moudre. A travers la fenêtre on voit un Starro géant atomisé par une lumière verte, autrement dit un Green Lantern hors-champ. Puis le générique démarre, en affichant tous les gages d’une certaine légitimité, à base d’animations de couverture d’Action Comics #1 ou du Green Lantern de Gil Kane ou encore une pincée de Pérez. Pour le public des comics, c’est peut-être même le meilleur générique, le plus fidèle, qu’on puisse imaginer ! Et là on se prend à rêver. Depuis des mois, Powerless annonce son arrivée avec des bouts de preview assez… passables. Est-ce qu’il s’agissait d’un faux-semblant ? Powerless serait une sorte d’Astro City humoristique, qui mettrait sur le devant le figurant de l’univers DC ? Est-ce qu’il y aurait plus d’ambition qu’on pouvait le croire ? Et puis le générique se termine et l’on débouche dans une toute autre réalité.
Vous vous êtes déjà retrouvé dans une soirée où quelqu’un, se targuant de connaître des blagues, enchaine bide sur bide sans vouloir s’en rendre compte et continue sur sa lancée ? Tel est un peu le drame de Powerless, série humoristique dont on n’attendait pas grand-chose, mais dont le résultat dégénère quand même en une suite de gags pas drôles, joués par un casting en mode automatique, avec des expressions si forcées, si exagérées, qu’on croirait parfois être face à des marionnettes. A commencer par Vanessa Hudgens qui joue (ça tombe mal) le rôle principal avec des grimaces perpétuelles qui font qu’on se demande si elle n’a pas été infectée par le virus du Joker. On a connu des pantins des Thunderbirds qui jouaient avec plus de naturel que cela. Pire, Hudgens et ses collègues jouent un script laborieux qui n’est pas vraiment drôle. Ou qui confond largement « drôle » et « stupide ». On se prend à se demander pourquoi DC/Warner ne se sont pas plutôt tournés vers quelque chose qui aurait la trempe d’un Justice League International (version 80’s) ou une sorte de Big Bang Theory/How I Met Your Mother des super-héros. Le rôle qui ressemblerait le plus à la « funny » Justice League, c’est l’employeur d’Emily, Monsieur Wayne (oui mais alors non, pas celui que vous croyez), incarné Alan Tudyk, qui ressemble un peu au Maxwell Lord des années 80 en riche irresponsable.
Sorti de là vient tout un ensemble de nerds stéréotypés mais pas mieux écrits, personnages pas vraiment sympathiques ou même empathiques puisque le ressort de l’histoire est que tout le monde est blasé en dehors d’Emily. La même Emily qui est donc le maillon faible de la série (en tout ça de cet épisode) et qui gesticule comme si on était en pleine Commedia Dell’Arte pour dire un simple « bonjour » ou « j’ai une idée ». Le show s’anime ensuite à espaces réguliers lorsque les discussions des personnages principaux sont interrompus par des batailles aériennes, des petits bonhommes vus de loin, criant avec des voix tonitruantes. Certes sur ce détail là c’est mieux que le tout venant d’un Agents of S.H.I.E.L.D. puisqu’il y de vrais super-héros ou super-vilains à l’écran mais… vus de loin, de la taille d’un pin’s. La seule que l’on voit vraiment c’est donc Crimson Fox. Avec la mention lointaine d’un Jack O’Lantern ou même d’un certain bat-justicier, le petit monde de Charm City pourrait évoluer en périphérie de Justice League, donc, mais de très loin. Et il n’y a pas ce niveau « vue de la rue » qu’on pouvait imaginer dans le générique. Ça, peut-être que cela pourra se corriger avec du temps, suivant que les réalisateurs prennent leur marque ou pas. Ce qui est plus préoccupant, c’est cet humour qui n’en est pas un, ou si peu, qui n’arrive pas à la hauteur du Batman des sixties ou d’un show de Chuck Lorre (et c’est quelqu’un qui n’est pas spécialement fan de Big Bang Theory qui écrit ces lignes). Il y a des fois comme ça des titres qui ressemblent à des actes manqués, à des lapsus. Le mot « Powerless » (« sans pouvoir » ou « impuissant ») sonne finalement un peu comme un constant. A l’évidence le scénario a déjà été refondu en profondeur (l’histoire n’a rien à voir avec le teaser diffusé il y a quelques mois). Mais dans l’état et sauf reprise en main massive de l’écriture, à part vraiment un public de jeunes enfants qui ne tiquera pas devant le côté « bébête » et le manque d’intérêt, à qui le show pourrait bien s’adresser ?
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