Dans l’ultime chapitre de Superman Reborn, Kal-El, son épouse Lois et leur fils Superboy sont prisonniers de la cinquième dimension. Mais la fin de Superman #19 montrait cette famille bien changée. Un an après le début de Rebirth, est-ce que cette version de la famille Kent tire sa révérence pour laisser la place au Superman des New 52 ? Ou serait-ce l’inverse ?
Scénario de Dan Jurgens
Dessins de Doug Mahnke
Parution aux USA le 22 mars 2017
Pendant quatre numéros, l’arc Superman Reborn aura été d’une grande cohérence artistique bien qu’il alterne entre deux séries (Action Comics et Superman « tout court ») et des équipes créatives différentes. Le fait que les dessinateurs Doug Mahnke et Patrick Gleason s’entendent dans la vie comme deux larrons en foire aura joué. Et puis bien sûr il y a le fait pour tous les auteurs d’être unis dans un but commun, rendre à Superman son « lustre » d’antan. Si ce n’est que techniquement le Superman d’antan est déjà celui qui hante les comics de DC de ces derniers mois, arrivé sur Terre Prime après Convergence, comme un naufragé avec sa petite famille. Sauf… sauf que le troisième chapitre de Superman Reborn nous a laissé avec un Kal-El et une Lois mystérieusement revenus à la version des New 52, avant Rebirth et que pourtant, par ailleurs ces deux incarnations étaient réputées mortes. Superboy, lui, commençait sérieusement à ressembler à une sorte « d’orphelin de la continuité », avec ses vrais parents effacés. Ça, c’est la donne de départ d’Action Comics #976. Ce qui se passe après ? C’est tout bonnement un vague début d’explication alors que certains des personnages avouent à voix haute ne pas y comprendre grand-chose et que le seul qui sait, Mr. Mxyzptlk, est un être aussi fou que cryptique. Les choses changent, donc, mais le lecteur n’est pas plus avancé que les héros. D’une certaine manière c’est la couverture régulière du numéro (pas la variante de Gary Frank) qui donne le plus d’indications en faisant une vague référence au Superman Blue et au Superman Red, encore qu’à l’intérieur les choses soient plus diffuses. Et de toute manière il n’y a pas de « Lois Blue » et de « Lois Red ».
« I-I think they’re connected to you guys, somehow. »
On l’a dit, les styles de Gleason et Mahnke sont homogènes. Le dessinateur d’Action Comics mène d’ailleurs la danse en dynamisant beaucoup le récit. Alors que dans l’essentiel de l’épisode on parle, c’est bien Mahnke qui insère des éléments de tension, en jouant par exemple sur les proportions de Mr. Mxyzptlk pour le rendre plus inquiétant. Il y a cependant un clivage plus marqué entre les écritures de Dan Jurgens et Peter Tomasi. Ce dernier, dans la série Superman, sert avec beaucoup plus d’aisance un surhomme composite, construit sur de l’ancien tout en s’en émancipant. Jurgens, quand il touche à Superman, n’en finit pas de revenir à ce qui fut l’un des hauts points de sa carrière, c’est à dire des références appuyées à Doomsday et à la mort de héros. Si le final du numéro (et par conséquent de l’arc) ménage la chèvre et le chou, Jurgens s’émancipe du crédible ou des explications en préférant justifier les choses par un simple « l’amour triomphe de tout ». Au final, on comprend tout à fait pourquoi DC a donné le feu vert pour Superman Reborn. La situation à la fin semble relativement claire. Mais comment on en est arrivé là et quelles sont les ramifications ? Là, Jurgens nous perd dans le brouillard, lui aussi plus intéressé par le résultat que par sa construction, comme quelqu’un qui gouterait directement le gâteau… en sautant l’étape où il l’a cuisiné. L’ambiance est bien, agréable. Mais la crédibilité du récit, elle, nous ramène un peu à des choses comme le final de Convergence. D’ailleurs ce crossover passe indirectement à la trappe si l’on regarde bien les souvenirs de Superman exposés ici (autant oublier ce qui n’était que complications en un sens). Au final, Superman Reborn est utile, c’est certain. L’arc, par un effet de domino, aura aussi des retombées sur de nombreux personnages (difficile d’en écrire plus sans spoiler). Mais on en ressort avec une impression qui confirme le sentiment des épisodes précédents, à savoir qu’il aurait été plus judicieux de mettre Reborn juste après le début de Rebirth (par exemple dans les numéros spéciaux de Superman puis Action Comics ainsi que dans les #1). Là, c’est peu comme si Greg Rucka n’avait apporté ses changements qu’au 19ème numéro de Wonder Woman et qu’on ait l’impression que la nouvelle donne commence seulement maintenant… Et qu’il va falloir à nouveau quelques épisodes pour expliquer tout ça. On pouvait faire plus simple. Mais les effets seront intéressants à suivre, sans doute.
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