A quelques temps de la sortie de la série TV American Gods, adaptée du roman de Neil Gaiman, l’histoire devient également l’objet d’un comic-book publié chez Dark Horse Comics. Même si Gaiman n’a pas directement dans l’écriture de cette version, il en reste l’inspiration majeure, alors que son compère P. Craig Russell chapeaute le projet.
Scénario de P. Craig Russell (d’après Neil Gaiman)
Dessins de Scott Hampton et P. Craig Russell
Parution aux USA le 15 mars 2017
Petite séance de « rattrapage »… Désolé : ce n’est pas vraiment une « avant-première » puisqu’American Gods #1 est sorti déjà la semaine dernière dans les comic-shops mais que bizarrement il nous est parvenu, à nous, seulement dans l’arrivage de ce mercredi. On voudra bien excuser le décalage de quelques jours en la matière, qui n’est pas de notre fait mais dans le même temps il semble important de parler de ce qui reste une œuvre majeure dans le parcours littéraire de Neil Gaiman. L’autre retard mystérieux, finalement, c’est bien le comment et le pourquoi ce roman, paru il y a déjà 16 ans, a mis autant de temps à se retrouver adapté en comics. Pas « seulement » parce qu’il est signé Gaiman. Tout ce que touche Gaiman n’est pas forcément compatible avec une conversion en comic-book. Mais à l’inverse, en lisant le roman, on avait déjà la sensation qu’on était devant quelque chose qui supporterait très bien la transition. Neil Gaiman’s Neverwhere a bien trouvé la route de Vertigo Comics mais American Gods est resté aux abonnés absents sur ce terrain… C’est d’ailleurs sans doute un gros loupé pour Vertigo, après s’être frisé les moustaches sur le Sandman Overture de Gaiman, d’avoir laissé passer ce projet qui fait maintenant la joie de Dark Horse. C’est P. Craig Russell, plus connu pour ses talents de dessinateurs (Elric, Sandman…) qui se charge d’adapter le roman en s’occupant du script et d’un premier découpage, rejoint par Scott Hampton en ce qui concerne les images finales.
« Shadow did not believe in anything he could not see. »
Les annonces autour de l’arrivée du comic semblaient parfois un peu contradictoires (Dark Horse a communiqué aussi bien sur le titre « American Gods » que « American Gods: Shadow ») alors que l’on annonçait que l’histoire débutait quand Shadow Moon, le héros du roman, était encore en prison. On pouvait donc se demander s’il ne s’agissait pas d’une « préquelle » au roman mais il n’en est rien. Il s’agit bien de l’adaptation fidèle de ce qui existe, d’une mise en images du roman (ce qui veut dire aussi que si vous avez fait l’impasse sur le livre, tout ce qui est nécessaire est à l’intérieur, vous n’avez rien manqué… si ce n’est la prose de Neil Gaiman mais bon c’est de votre faute). L’effet, forcément, est subjectif mais la combinaison de Russell et Hampton nous donne un Shadow Moon tel qu’il était tout à fait imaginable en lisant Gaiman, qui ressemble plus au personnage que ce que le teaser de la série TV nous a laissé entrevoir (elle sera peut-être bien, ou pas, c’est un autre sujet). Le comic-book d’American Gods n’est donc certainement pas le plus produit de la série TV à venir mais joue bien la carte de la fidélité. L’obsession de Shadow Moon envers son épouse, le manque physique qu’elle lui inspire, tout cela est tangible et bien servi. Même si on notera pourtant un défaut propre à certaines BD adaptant des romans, c’est à dire une tendance un peu verbeuse sur certaines pages (la deuxième, par exemple). Il est vrai qu’on y parle beaucoup et que c’est essentiellement contemplatif (amateurs de big guns et de coups de poings dans la figure, ce n’est certainement pas pour vous, c’est certain). Dans la dernière partie de l’épisode, Russell reprend la main en ce qui concerne les dessins, nous livrant une sorte de récit parallèle. La qualité de production est certaine, même si tout le monde n’appréciera pas forcément le ton « posé » de la chose. Même si Gaiman n’est pas directement impliqué, on y retrouve bien son esprit et c’est à conseiller à ceux qui jusqu’ici se sont reconnus dans ses BD les plus marquantes. Bref, comme expliqué plus haut, c’est sorti la semaine dernière mais sans doute encore trouvable dans la plupart des comic-shops. S’il est évident qu’on s’adresse en priorité aux fans de Gaiman, ils ne manqueront pas d’apprécier tant la fidélité est de mise.
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