Cinq mutants se sont aventurés sur le plan astral pour contrer le Shadow King. Le problème étant que ce dernier veut détruire les plus grands télépathes et qu’il faut donc lui envoyer cinq personnages peu connus pour leurs aptitudes psychiques (encore que cela se discute pour Fantomex). Un épisode plus en retenue que le précédent, mais qui retrouve bien la tonalité d’u Chris Claremont des années 80, avec parfois des allusions directes.
Scénario de Charles Soule
Dessins de Mike Deodato
Parution aux USA le mercredi 16 Août 2017
Le premier constat est visuel. Si l’on pouvait se réjouir le mois dernier de retrouver Jim Cheung en train de dessiner un titre régulier, la chose aura été de courte durée puisqu’une rotation d’artistes fait que c’est Mike Deodato qui illustre ce deuxième épisode. Si Deodato continue de s’éclater avec des trames comme il le fait depuis son travail sur Thanos, c’est un changement d’ambiance qui intervient bien tôt dans la série et on aurait préféré que Cheung dessine au moins les trois premiers. La politique de chaises musicales que Marvel utilise pour ses crossovers et maintenant pour certains de ses lancements nuit sans doute à la pérennité des sagas. Si on avait changé de dessinateur dès le numéro 2 de Watchmen ou de Dark Knight, l’histoire des comics n’aurait pas été la même. Pour autant que ce soit un handicap, ce n’est pourtant pas non plus une déconfiture, la plus grande partie de l’histoire se déroulant dans le plan astral. Le style plus noir de Deodato convient donc assez à ce monde d’ombres et d’illusions. Reste qu’il y a rupture de style et que du coup c’est au scénario de Charles Soule de tenir l’ensemble et de faire le lien.
« Nostalgia, as a tool, has its limits. »
Sur les X-Men, Charles Soule est plus à l’aise que sur les Inhumans, peut-être aussi parce que là il touche à des personnages qui ont « de la chair sur l’os », avec des décennies d’histoires derrière eux là où les « New Inhumans » faussaient le jeu. Mais comme il l’écrit lui-même dans ce numéro, « la nostalgie a ses limites ». C’est à dire qu’il ne s’agit pas de tourner en rond en rejouant, par exemple, la même romance à l’identique entre Rogue et Gambit. Les scènes astrales sont explicites sur ce point et tombent un contrepoint de ce que fait Marc Guggenheim avec Kitty Pryde et Colossus dans X-Men Gold ces temps-ci. Il y a une nuance de taille qui sépare la nostalgie de la légitimité. Et pour le coup sur ce deuxième épisode Soule donne beaucoup de gages de légitimité. A défaut de rejouer les classiques, il les a lus et en tient compte. Il y a quelque chose dans ce voyage astral qui « descend » de ce que pouvait faire Chris Claremont avec les New Mutants piégés dans l’esprit de Legion. D’ailleurs les allusions au run de Claremont sont nombreuses, qu’on mentionne Days of Future Past, la mort de Phoenix ou même le Shadowking lui-même. L’effet immédiat principal, c’est que Charles Soule trouve la voix des personnages, leur comportement naturel, sans trop en faire. Globalement c’est assez prenant, avec un petit twist sur la fin pour nous montrer que les choses ne sont pas acquises et que bien malin ceux qui sont capables de déterminer si la réunion promise sera aussi « heureuse ». Cet élan global fait qu’on peut passer sur deux points faibles de l’épisode : l’utilisation passive de Bishop (qui se rattrapera sans doute dans les numéros à venir) et l’odorat de Logan qui semble inexplicablement plus fortiche sur le plan astral (quand Logan n’a plus réellement de nez) que dans la réalité. De toute manière cela procède d’un élément de scénario que, pour le coup, on avait deviné depuis le numéro #1. Malgré ces deux petits points, Astonishing X-Men reste, pour la deuxième fois, une des meilleures lectures mutantes du moment (si ce n’est la meilleure tout court).
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