Batman continue de faire, un peu contre son gré, la tournée des potes. Après avoir rencontré Superman et lui avoir formellement présenté sa nouvelle fiancée, voici que c’est Wonder Woman qui arrive à Gotham, en souvenir d’une très ancienne mission. Batman doit l’accompagner au combat. Mais son amour pour Catwoman peut-il résister à la présence de Wonder Woman ?
Scénario de Tom King
Dessins de Joëlle Jones
Parution aux USA le mercredi 17 janvier 2018
Un swipe, c’est quand un dessinateur reprend directement un dessin, une silhouette ou un cadrage en faisant semblant que tout vient de lui. A la différence d’un hommage, où l’on fait une allusion visuelle mais en n’oubliant pas de créditer, dans un coin, l’auteur du dessin d’origine, le swiper laisse entendre que tout est de lui. Pris la main dans le sac, le swiper vous soutiendra mordicus que c’était un hommage… mais ne faisait pas mine de le dire avant qu’on lui en parle. Aussi curieux que cela puisse paraître, le swipe existe aussi dans le domaine des scénarios. Il y a eu, par exemple, des occasions où des scripts de Blackhawk se sont réincarnés en histoire des Fantastic Four. Tom King profite d’une assez bonne réputation comme scénariste. Il a fait des choses intéressantes sur des séries comme celle-ci, Mister Miracle ou encore Vision. Aussi est-il consternant de le voir cette fois se reposer à ce point et reprendre le scénario d’un collègue sans y apporter grand-chose de nouveau et en « oubliant » de le signaler. En 2000, dans Action Comics #791, Joe Kelly écrivait une histoire dans laquelle Superman et Wonder Woman sont transportés dans une guerre sans fin liée à Asgard et au Ragnarök. Ils doivent aider les dieux à résister à une armée de démons. De leur point de vue des siècles s’écoulent. Ce qui fait qu’à un moment Superman n’est plus du tout certain de revoir Lois Lane. A ce moment-là Wonder Woman, esseulée, lui fait des avances. Au bout du compte Superman refuse, préférant rester fidèle à Lois même au-delà de la mort. Heureusement pour eux, les dieux finissent par les renvoyer à leur point de départ et à leur époque d’origine.
« If you could all just see yourselves. »
Et bien Tom King nous refait la même histoire en changeant juste de mâle. Wonder Woman débarque, rappelle à Batman qu’ils ont promis de livrer bataille dans une autre dimension et partent là-bas repousser une légion démoniaque tandis que le temps ne s’écoule pas de la même manière. Et devinez quoi ? Au bout de quelques années Wonder Woman commence à faire du gringue à Batman. Bref, cette histoire est une repompe d’un récit paru en 2000. Et oui, si on a lu Action Comics #791, on ne peut que reconnaître le modèle d’origine. Mais ce qui est plus gênant c’est que si on ne l’a pas lu 18 ans plus tôt, ça passe comme une lettre à la poste. Rien ne vient signaler une origine, un précédent. Chez DC Comics, il n’est pas rare de refaire les choses. Par exemple on a connu une saga du Superman Blue/Superman Red en 1963, qui a été refaite vers 1982 puis encore vers la fin des années 90. Mais chacune de ces histoires est référentielle. Elle fait allusion à un public concerné, qui a au moins entendu parler des « fois d’avant ». Déguiser une histoire de Superman en histoire de Batman, c’est un autre exercice. On peut aussi regrette qu’à chaque fois ce soit la pauvre Wonder Woman qui apparaît comme une Jézabel briseuse de couple. A plus forte raison maintenant qu’elle est avec Steve Trevor. Comme si l’amour qu’elle a pour Steve était plus facilement oubliable que pour les preux chevaliers mâles. Mais plus encore l’épisode est mal foutu de part en part. Wonder Woman qui a une demande urgente à faire à Batman, le sort du monde en dépend… mais plutôt que prendre son communicateur c’est tellement plus cool de perdre du temps à jouer avec le Batsignal. Et comment Wonder Woman sait-elle que le Gentle Man accepte leur aide ? Et s’il peut communiquer avec elle, comment se fait-il qu’il ne communique pas avec sa propre épouse ? La tentative d’expurger Superman de l’histoire de façon logique (les superpouvoirs ne fonctionnent pas dans cette autre dimension) est laborieuse (à ce compte-là pourquoi ne pas emmener Catwoman et le reste de la Batfamille, qui dépendent moins de pouvoirs que Diana). Et le Gentle Man, cela lui ferait mal de prévenir Wonder Woman de la différence temporelle entre les deux mondes, plutôt que d’attendre qu’ils soient partis ? Bref, c’est du déjà fait/déjà lu en bien mieux. Cette fois c’est cliché sur cliché. La sortie Bruce/Clark/Lois/Selina était inspirée, celle-là c’est boff. Vivement qu’on en revienne au Tom King habituel sur cette série. Tout cela fait que le dessin de Joëlle Jones passe au second plan, au service d’un scénario partisan du moindre effort. King écrirait-il trop de séries ?
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