Avant-Première VO: Review Batwoman Rebirth #1
18 février 2017Après avoir refait surface dans Detective Comics à la faveur de Rebirth, Batwoman esquisse à nouveau une carrière solo. Avec ce numéro spécial, préambule à sa nouvelle série, Marguerite Bennett, James Tynion et Steve Epting tentent de trianguler les éléments existants de longue date ou sa récente reprise en main, afin de synchroniser les montres de tout le monde…
Batwoman Rebirth #1 [DC Comics]
Scénario de Marguerite Bennett & James Tynion IV
Dessins de Steve Epting
Parution aux USA le 15 février 2017
Avec une mise en page caractéristique des pages d’introduction et d’épilogue, reposant sur des encarts rouges, Steve Epting paie son hommage à J.H. Williams, chantre de la première série solo Batwoman et qui, pendant plusieurs années, a veillé à la destinée de la cousine de Batman. Et puis le contact a été rompu avec l’équipe créative (suite au refus de DC Comics de valider le mariage de l’héroïne), et par conséquent avec le public et une tentative de suite de la série n’aura abouti, en l’espace de quelques mois, qu’à une disparition du titre. Voilà quelques mois, Detective Comics a sonné le retour de l’héroïne en rouge et noir, désormais une alliée rapprochée de Batman (précédemment elle agissait plutôt en marge de la batfamille) mais aussi en rupture avec son père, qui a révélé un côté beaucoup plus noir. Batwoman Rebirth a donc pour but évident de faire aussi bien la courte-échelle à ceux qui ont perdu de vue mademoiselle Kane au moment du départ de sa première équipe créative qu’aux lecteurs qui ont pris le train en marche à l’occasion des récents Detective Comics. On refait donc un passage par un élément fondateur de la carrière de l’aventurière, le rapt qui a brisé sa famille, mais on comprend vite, à la scénographie, qu’il y a comme un secret dans l’air et un retour possible. C’est ironique, d’ailleurs, que le dessinateur qui a ramené Bucky/Winter Soldier soit aux manettes, dans le sens où Kate risque bien de se retrouver confrontée à quelqu’un dont la disparition a conditionné sa vie, tout comme le martyr de Bucky avait conditionné Captain America.
« Where you are heading, Batwoman ? »
De façon comprimée, Marguerite Bennett & James Tynion IV entreprennent de nous raconter les grands tournants de la vie de Batwoman. Ce qui l’a marqué… c’est à dire non seulement les traumatismes les plus brutaux mais aussi la nécessité d’arriver à vivre ce qu’elle est, c’est à dire une lesbienne. Les auteurs, en passant en revue l’évolution du personnage, ne donnent ni dans l’alibi (ce n’est pas une petite case comme ça, histoire de…) ni dans le tape-à-l’œil criard. On a rapidement un aperçu des femmes qui ont compté pour Kate et les diverses réactions, sentiments, qu’elles ont pu éveiller en elle. Mais à un moment, il faudra sans doute affronter « la chauve-souris par les cornes » : si l’on veut réellement s’installer dans la continuité de ce qui a fait le succès des premières années du précédent volume de Batwoman, il faudra sans doute soulever à nouveau la question de sa relation passée avec Maggie, en particulier maintenant que les interdits concernant les divers mariages ont été levés par DC (voir Aquaman ou Superman). Parce que sinon, on peut mettre de jolis encarts rouges sur deux pages, revenir à l’origine en se revendiquant du « canal historique » Greg Rucka/J.H. Williams et W. Haden Blackman mais cela ne restera que de l’effet de manche si on reste à un niveau cosmétique. Steve Epting fait un superbe boulot au niveau visuel. La jeunesse de Kate est assez bien racontée par les scénaristes et l’on est dans un sentiment autrement plus positif que les derniers épisodes de la précédente série Batwoman. Mais dans le même temps certains choix de Bennett et Tynion, compliquant son origine, pourraient en faire une « simple » super-héroine qui plus pas spécialement intéressée dans le fait de sauver les autres mais embrouillée dans sa propre saga familiale, déjà compliquée dans Detective Comics. On revient vers du mieux pour Batwoman. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il faut encore confirmer l’essai. A charge au vrai renouveau de sa série régulière d’achever (ou pas) de convaincre.
[Xavier Fournier]