Black Hammer, le titre de Jeff Lemire et Dean Ormston, a ceci de paradoxal qu’on n’y voit jamais (ou alors seulement de loin, dans des flashbacks) le héros qui prête son nom à la série. Mort bien avant que l’action commence, il reste mentionné de manière oblique, un simple nom alors que ses ex-coéquipiers occupent le devant de la scène. Mais cette fois les auteurs lèvent le voile. Qui était Black Hammer, quelles étaient ses origines et que lui est-il arrivé ?
Scénario de Jeff Lemire
Dessins de Dean Ormston
Parution aux USA le 22 mars 2017
Alors que les héros sont piégés depuis des années aux abords d’une petite ville rurale, Lucy Weber débarque dans leur monde, bien décidée à retrouver son père. Un vrai miracle pour Abraham et les autres, qui pensaient que la barrière les emprisonnant était infranchissable. Il n’y a qu’un petit problème… Marquée par l’expérience, Lucy a… oublié comment elle est arrivée là et par quel chemin ils pourraient repartir. Mais elle débarque surtout avec une question : qu’est-il donc arrivé à Black Hammer, son père. Les héros de Spiral City nous font pour la plupart penser à des équivalents de la Justice League ou d’autres héros de DC Comics. Vu de loin depuis le début de la série, Black Hammer pouvait ressembler à une sorte de Steel. En fait, Jeff Lemire et Dean Ormston virent vers quelque chose de bien différent, un autre modèle de porteur de marteau. L’origine du héros fait en effet appel à bien des éléments venus de l’imaginaire de Jack Kirby (le scénariste plutôt que le dessinateur, Ormston travaillant dans un style différent). On y conjugue aussi bien les archétypes asgardiens, les Inhumains que les New Gods, avant de nous présenter un héros sans cesse obligé de choisir en son humanité et ses devoirs cosmiques. Si Black Hammer (le héros) était un figurant lointain dans les six premiers épisodes, on l’aborde ici de front, avec tous ses éléments constituants, ses responsabilités et même sa culpabilité dans l’enchainement de circonstances qui ont amené les super-héros dans cette ferme perdue. Et si on commence par son « alpha », on enchaine ensuite avec son « omega » et la manière dont il a disparu, sans laisser de place au doute.
« Someone must wield the hammer… But only the worthy. »
Black Hammer (la série) évoque plein de choses. On aura pu s’en rendre compte dans nos chroniques des numéros précédents où s’instaure, forcément, un petit jeu des équivalences et des ressemblances. Forcément, la description de Black Hammer (le personnage) semble encore aller dans ce sens. Mais arrivé au septième épisode de la série on a maintenant une meilleure vue d’ensemble sur ce que font les auteurs, sur la structure de leur récit. Et à ce niveau-là, la série ressemble à… Lost. Oui, on sait, les protagonistes ne sont pas naufragés sur une île mais ils n’en restent pas moins piégés, échoués à une autre époque. Et passer par un système de flashbacks qui, dans chaque nouvel épisode nous éclaire sur le passé d’un protagoniste encourage encore ce rapprochement des mécanismes narratifs. Même le coup du personnage qui vient « s’échouer » plus tard, retrouvant les premiers survivants, peut entrer dans ce cadre. A ce petit jeu on peut se demander d’ailleurs si parmi les autres villageois tout le monde est bien ce qu’il prétend être. Et si la fille n’est pas une candidate idéale pour prétendre au marteau. L’important étant que c’est une scène ouverte, où Lemire et Ormston peuvent vraiment jouer comme ils l’entendent avec leurs personnages, tout en rendant hommage aux grandes figures des comics, d’Ed Hamilton à Jack Kirby. On est vraiment curieux de voir jusqu’où les auteurs pourront pousser leur histoire.
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