Batman a collecté dans le plus grand secret des indices connectés à un mystère qui brasse plusieurs univers, plusieurs millénaires et la raison même pour laquelle il a choisi son « totem ». Mais c’est bien toute la Justice League qui se retrouve mêlée à l’affaire, avec un démarrage sur les chapeaux de roues et, quelque part en cours de route, toujours de plus en plus d’éléments vintage ramenés et modernisés, comme un dernier clou au cercueil du reboot de 2011. Metal est une redécouverte (par les personnages) de l’univers DC dans toute sa diversité.
Scénario de Scott Snyder
Dessins de Greg Capullo
Parution aux USA le mercredi 16 Août 2017
C’est officiellement le début de Dark Nights: Metal, même si pour le coup il est obligatoire d’avoir lu les deux premiers one-shots (The Forge et The Casting), indispensables pour comprendre un début de quelque chose dans ce numéro. Encore qu’au début, il y a une ellipse. Batman semble être passé quelque à autre chose, être coincé dans une aventure de la Justice League quand bien même liée à d’autres questions de Metal. Mais pour le coup le scénariste emprunte la même dynamique que ses All-Star Batman, c’est à dire que tout se passe très rapidement. Des concepts font leur (ré)apparition sans que l’histoire (pourtant très « explicative » sur certains passages, comme le monologue de Lady Blackhawk) décide de s’y arrêter. On distribue des personnages, des idées mais on avance, l’objectif étant sans doute d’avoir deux niveaux de lecture : l’histoire au premier degré mais aussi une sorte de « super sampler »… Rien que dans les personnages mentionnés dans les deux one-shot et dans cet épisode, il y en aurait pour des mois et des mois d’arcs, de séries à exploiter. Ce sera sans doute le cas dès la fin de ce crosssover. Très vite, on remarque que Snyder a décidé d’y aller franco dans les emprunts au passé. C’est à dire non seulement de faire des allusions directes à Final Crisis (mais ça, d’autres comics nous avaient déjà laissé entendre que le Batman post-2011 avait connu au moins une variante de cet évènement) ou carrément à des choses que les héros ne sont plus supposés avoir connu. Cela va de références au Aquaman des années 90 (avec carrément une note éditoriale qui souligne la chose) jusqu’à un certain Starman dont la présence (mineure) sera sans doute moins remarquée que le « guest » de la dernière page mais qui, en un sens, symbolise mieux le message. Si même ce Starman est à nouveau « valide », alors tout l’est. Toute la structure du scénario tend à nous dire qu’on croit toujours que ce l’on voit ce qui « est », mais que ce qui « est » comprend aussi bien ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Un peu plus d’un an après DC Universe Rebirth (et en un sens le visiteur de la scène finale tient du même ordre que l’allusion à Doctor Manhattan à la fin de « DCUR »), Dark Nights: Metal y va sans retenue, sans hésitation et nous dit « tout est valide dans l’histoire de DC, même ce que l’on n’a pas vu depuis un bail ».
« Lost to history is a story. »
Metal marque aussi le retour de Greg Capullo chez DC, après plus d’une année passée à œuvrer sur Reborn, avec Mark Millar. Si à l’occasion son long run sur la série Batman (2011-2016) lui a permis à l’occasion de dessiner quelques héros extérieurs au bat-univers, c’est la première fois qu’on le voit faire feu de tout bois dans l’univers DC, c’est à dire dessiner non seulement l’alter-ego de Bruce Wayne mais aussi, cette fois, non seulement des concepts cosmiques mais aussi des héros ultra-secondaires, disons même « tertiaires » pour certains d’entre eux. Capullo dessine tout ce beau monde avec une relative égalité de traitement. C’est à dire que même un héros oublié qui n’a que trois cases à jouer, ou bien, même qui n’est qu’un poster au mur, est dessiné avec le même respect, le souci du détail qui sert sa personnalité (c’est peut-être moins vrai avec la scène initiale, une partie de la Justice League étant obligée de porter des tenues qui ne sont pas les leurs). Immédiatement ces créations revivent, retrouvent leur ton. Capullo fait à l’image ce que Snyder fait au scénario. Mis à part la dernière pleine page, qui marque la fin de l’épisode, les réintroductions se font sans fanfare, servies sans effet facile avec une splash pour un oui ou un non. La seule page qui s’apparente à une splash à l’intérieur est un montage montrant plusieurs héros dans des endroits différents. Visuellement, Capullo n’insiste pas plus que ça. Parce que l’épisode est dense et qu’on n’a pas la place, c’est certain, mais c’est aussi une manière de dire « So what ?« . La présence de ces créations perdues de DC est si naturelle qu’il n’y a pas besoin de mettre en scène leur retour avec plus d’emphase. Dark Nights: Metal #1 est chargé en références et prometteur. Après, la seule petite chose qui peut inquiéter, c’est que Snyder balance tellement de noms, de concepts et de liens (plus ou moins subtils) entre eux qu’on peut se demander si, globalement, le crossover arrivera à maîtriser tant d’intrigues et si on ne se perdra pas un peu en route. Mais ce n’est qu’un premier épisode et ce n’est que naturel qu’à ce stade là la fin semble incertaine. A ce stade, c’est le contraire qui serait embêtant.
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