C’est la fin pour Earth 2, après six ans passés sous diverses séries. On savait que DC aurait besoin de faire de la place en vue de la relance de la Justice Society mais Dan Abnett écrit ici un point final qui donne du sens, sinon à l’ensemble, tout au moins à la dernière phase de l’histoire de cette deuxième Terre.
Scénario de Dan Abnett
Dessins de Vicente Cifuentes
Parution aux USA le 8 mars 2017
Soyez prévenus : l’ultime épisode d’Earth 2: Society n’a pas grande valeur individuelle, à commencer par le fait que la narration à la troisième personne d’une bonne partie du récit se fait très descriptive, presque monotone pour mieux résumer la donne d’Earth 2 désormais. Ce n’est certainement pas le meilleur comic-book autonome que l’on ait lu. Ni même la meilleure fin de run (on galope quand même assez loin du dernier épisode de Geoff Johns sur Green Lantern ou de la conclusion du premier passage de Peter David sur Incredible Hulk). Dans le même genre, c’est quand même supérieur à bon nombre d’arrêt de séries en 2011 (Justice League of America, Justice Society…). Une fois que l’on a dit cela, pourtant, Earth 2: Society #22 a un certain nombre de qualités, à commencer par le fait de fournir une happy end nécessaire à un concept qui aura connu des années d’errance. C’est à dire que Power Girl et d’autres peuvent se réjouir, béats, d’avoir sauvé leur monde des ténèbres. Ecrit comme ça, de façon lapidaire, forcément, c’est réducteur. Mais en gros Abnett amène une forme de rédemption de ce monde et de ses protagonistes. Si l’on refait le film, pratiquement depuis la fin de la première année du titre Earth 2 initial, à peu près au moment du départ de Robinson, l’esprit de ce monde a basculé. Les surhumains sur Terre 2, à l’origine, sont surnommé les « wonders », les « merveilles ». Mais Earth 2 a versé vers quelque chose de plus noir, où l’essentiel des héros auront passé leur temps à s’affronter entre eux. A leur décharge ils auront été manipulés souvent. Mais en gros le principal problème d’Earth 2 aura été ses Wonders et le fait qu’elles ne méritaient pas le mot de merveille. Dans ce contexte, arriver à un happy ending avec les héros heureux, dans un monde qui ne l’est pas moins, donne à l’ensemble un sentiment de paix regagnée, de victoire au finish.
« Can’t I be the Batman? Or must I be some qualified demi-version? What would you prefer? »
Certes, comme toutes les fins décidées pour un impératif éditorial, le virage est forcé, maladroit par moments. Et quelque part en cours de route il y a des personnages associés aux Wonders, d’autres super-héros dont on ne sait même plus trop ce qu’ils sont devenus en cours de route, à supposer qu’ils n’aient pas été « effacés ». Dans une phase secondaire, le scénario redistribue les cartes à quelques protagonistes, leur trouve une nouvelle fonction (le nouveau Batman et son discours sont intéressants). L’idée est d’en finir avec ces héros mais de les remettre en état avant de les ranger, de manière à ce qu’au besoin, un jour, ils soient exploitables à nouveau. Dans ces dernières pages, les auteurs génèrent un élan, des changements de noms connus, des directions nouvelles qui font que l’on arrête sur un effet de dynamisme. Manque peut-être à ce numéro de fin un choix de dessinateur qui aurait permis de fermer la boucle, quelqu’un comme Jorge Jimenez qui avait mis en image le début de cette série. Ou même Nicola Scott, dessinatrice des premiers numéros d’Earth 2. Mais les artistes sont passés à autre chose. A leur place, Vicente Cifuentes donne un travail clair, pas déshonorant, mais qui manque un peu de poigne. Pour être honnête cela vient aussi des couleurs de Rex Lokus, qui font que tout à un peu la même lumière. Earth 2: Society #22 n’est pas une histoire autonome. Si vous aviez perdu Earth 2 de vue depuis longtemps, ce n’est très certainement pas le moment de vous y remettre en vous disant que vous voudriez la fin. Si au moins vous l’avez suivi depuis les débuts de Society, ou si bien sur vous étiez là depuis le début, depuis Worlds Finest et Earth 2 #1, c’est une conclusion qui convient, qui referme le livre comme il faut. Pas un « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » (encore que le scénar joue un peu avec cette tonalité) mais bien quelque chose qui explique que maintenant que les choses sont remises en état, voici venu le moment naturel d’arrêter.
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