Elephantmen, la série animalière/SF de Richard Starkings passe le cap du 75ème numéro cette semaine, chez Image Comics. Cela reste encore un stade que peu de séries hors Marvel ou DC peuvent se targuer d’avoir franchi. Et pourtant, dans leur petit coin les Elephantmen passent un peu sous le radar du grand public des comics, s’en tenant sans doute au fait que ce sont des « bestioles », sans réaliser qu’il s’agit d’un récit de genre…
Scénario de Richard Starkings
Dessins de Axel Medellin
Parution aux USA le 8 mars 2017
Au début, les comics de Richard Starkings tournant autour de Hip Flask et des Elephantmen avaient tout d’une simple curiosité. On aurait pu croire à un projet lancé simplement pour avoir deux ou trois choses à vendre pendant les conventions, alors que Starkings est avant tout connu pour être l’un des principaux lettreurs de son époque. Mais il s’y est tenu et voici qu’onze ans après Elephantmen #1, la série passe désormais le 75ème numéro, en ayant finalement fait assez peu parler d’elle. La chose étant que le pitch apparent, à mi-chemin entre Babar et l’Ile du Docteur Moreau, joue sans doute un peu contre elle. Sans doute qu’une partie du public passe devant en se disant qu’il s’agit de « funny animals » un peu destroy. Il faut cependant se méfier des apparences. L’épisode de ce mois est un bon exemple des caractéristiques de la série, avec un numéro qui est à la fois un chapitre d’un arc déjà en cours… mais aussi une histoire largement compréhensible. Elephantmen donne l’image d’un futur un peu à mi-chemin entre le Akira de Katsuhiro Otomo et le Blade Runner de Ridley Scott, un avenir où il pleut sur des lettres au néon dans des mégapoles délirantes. En lieu et place des « Répliquants » on a donc les Elephantmen, hybrides (qui, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, ne sont pas seulement des créatures à l’ADN basée sur des éléphants), êtres qui ont été génétiquement créés pour livrer une guerre sans pitié à l’Homme. Et comme la guerre n’a pas eu lieu, voilà que les monstres sont obligés d’exister dans un monde qui ne voulait pas spécialement d’eux. Sans spécialement refaire toute l’histoire, Elephantmen #75 nous propose un flashback nous ramène au moment où certaines de ces bêtes ont tenter de se rebeller et d’assassiner leur créateur… Un évènement qui résonne avec ce qui passe à l’instant T, alors que d’autres Elephantmen décident, eux aussi, d’essayer de tuer le terrible Nikken.
Hommes-éléphants, hommes-sangliers, hommes-zèbres, hommes-girafes… La faune de Richard Starkings est un faux-semblant, un vernis au premier degré qui permet de singulariser la série. Si le dessin n’est pas forcément aussi inspiré qu’il l’était au début du titre, quand Moritat illustrait les récits, il n’en reste pas moins qu’Elephantmen instaure une ambiance à part, pratiquement unique dans ce que proposent les comics actuels. En fait, Axel Medellin semble surtout à la peine sur les finitions (et en particulier avec les dernières pages), là où il aurait été utile qu’un encreur un peu énergique repasse derrière. Mais au delà des apparences, ce n’est tant une histoire d’hommes-bêtes qu’un vrai récit de science-fiction, avec des accents anthologiques. Starkings peut se permettre de poser un cadre et de tuer untel ou untel sans se poser de problèmes. Le scénario, sous le registre animalier, aurait tout à fait sa place dans le Métal Hurlant de la grande époque. A un moment où le terme de diversité s’est un peu galvauder, Elephantmen propose une vraie alternative, une structure qu’on trouve peu ailleurs. Par conséquent, il est certain que dans le même temps ce n’est pas forcément le genre de récits qui plaira à une audience chercheuse de spandex (peut-être plus au public de Saga ?). Mais c’est vraiment bien qu’une série comme ça puisse atteindre le 75° numéro dans le marché d’aujourd’hui.
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