Avant-Première VO: Review Extraordinary X-Men #20
25 mars 2017Après Inhumans vs. X-Men, les mutants peuvent à nouveau envisager de vivre sur Terre, ce qui a pour conséquence le démantèlement de X-Haven, leur base repliée dans les Limbes. Jeff Lemire et Victor Ibanez véhiculent assez peu un quelconque sentiment de victoire chez les personnages, comme si les X-Men, comme leurs auteurs, voyaient arriver la fin plus comme le bout de leur lassitude.
Extraordinary X-Men #20 [Marvel Comics]
Scénario de Jeff Lemire
Dessins de Victor Ibanez
Parution aux USA le 22 mars 2017
Vingt numéros après le début de la série, voici donc la fin des Extraordinary X-Men de Jeff Lemire. Et force est de constater qu’on termine bien loin de l’énergie et de l’ambition qu’on trouvait dans les premiers épisodes. Quelque part en cours de route, le principe de X-Men aux abois qui devaient se dépasser face à un péril sans précédent, les rencontres de personnages comme la jeune Jean et le vieux Logan, l’éveil d’Iceman à une nouvelle phase de sa vie… Tout ça cela s’est perdu. Le grand fait d’armes de Nightcrawler aura été de se faire couper la queue puis de se la faire greffer à nouveau, Colossus est devenu un hipster puis est devenu tout fou le temps de se prendre pour le bras droit d’Apocalypse… La progression de la plupart des personnages se résume à une phrase. Et on reste sans nouvelles de bout d’intrigues qui concernaient, par exemple, le fantôme apparent de Charles Xavier (cela a peut-être été résolu ailleurs, je ne sais plus, mais cela donne une idée du désordre ambiant). C’est comme si, à mi-chemin de la série, les idées de Lemire avaient été dégommées en plein vol et remplacée par un train-train quotidien. Pour preuve, cet ultime épisode où les X-Men sont supposés être triomphants, ont sauvés les leurs… Mais en même temps (et malgré une tentative sur les deux dernières pages) vous ne trouverez pas un personnage dans tout l’épisode qui sourit ou qui donne le sentiment de fêter cette victoire. Les X-Men seraient tristes qu’ils se comporteraient de façon à peine différente.
« I can’t believe it’s almost over. »
C’est bien le script qui fait défaut ici, avec une logique filandreuse par endroits. La télépathe No-Girl reçoit un message… dont on comprendra un peu plus tard qu’il lui a été envoyé par un robot qui voulait contacter l’équipe. Parce qu’ils sont comme ça les robots, ils n’envoient pas de mails ou de messages radios ma petite dame, ils parlent dans la tête des télépathes. Et No-Girl elle-même ne veut délivrer ce message qu’à la seule Storm on ne sait trop pourquoi (Forge aurait été plus logique). Et c’est bien Storm, monolithique, qui ressort comme un parent pauvre de cette série où elle était supposée donner la direction. Passive, elle n’aura fait qu’accompagner les évènements (à l’opposé, Magik aura été plus mis en évidence). C’est d’ailleurs notable jusque dans ce dernier épisode. No-Girl a un message important qu’elle ne veut délivrer qu’à Ororo ? Cette dernière préfère envoyer… d’autres mutants, pour une bonne partie loin d’être les personnages principaux de la série. C’est un peu « excusez-moi, j’ai plus important à faire que de participer à la dernière mission des Extraordinary X-Men, envoyez Jean et quelques figurants ». Et au bout du compte il s’agit de sauver un autre personnage mineur, les X-Men les plus classiques étant renvoyés au rang de figurants. Et encore il pourrait y avoir la manière de le faire, de dire que l’avenir appartient aux nouveaux personnages, de délivrer une sorte de morale. Mais non, c’est juste servi sur le mode de la routine, avec une équipe de X-Men qui se désagrège on ne sait trop pourquoi, juste parce qu’elle en a marre. Et il est difficile de ne pas y voir comme une représentation du sentiment des auteurs, eux-mêmes arrivés au bout. Ce n’est pas foncièrement mauvais ou la pire chose qui nous ait été donné de lire, mais c’est bien peu appétissant et cela ressemble peu aux personnages, à leur caractère. La semaine dernière on parlait du récent volume d’Uncanny X-Men qui ne s’est jamais réellement trouvé, Extraordinary X-Men, elle, s’est perdue en cours de route.
[Xavier Fournier]