Avant-Première VO: Review Generations – Sam Wilson: Captain America & Steve Rogers: Captain America #1
2 octobre 2017Refermant la cohorte des numéros spéciaux de Generations, Nick Spencer et Paul Renaud en profitent aussi pour glisser un ultime épilogue à Secret Empire mais aussi à toute la série Captain America: Sam Wilson. Revenu à son tour dans le passé (bien qu’il ne s’agisse pas de voyage temporel, nous dit-on), Sam se retrouve face à celui qui fut son partenaire et son mentor. Mais que faire de nouveau avec ces deux héros qui se connaissent bien ? Plus qu’une brève rencontre, c’est l’histoire d’une vie.
Generations – Sam Wilson: Captain America & Steve Rogers: Captain America #1 [Marvel Comics]
Scénario de Nick Spencer
Dessins de Paul Renaud
Parution aux USA le mercredi 27 septembre 2017
Dernier chapitre (encore que les parutions n’ont pas d’ordre de lecture) de Generations, si l’on compte en « ex-aequo » un autre numéro qui réunit cette semaine les deux Spider-Man, cette rencontre entre Sam Wilson et Steve Rogers avait tout pour être convenue. Au lieu de cela, Nick Spencer, contrairement à certains de ses collègues dans cette même opération, a bien choisi son époque de référence, c’est à dire un moment où Sam et Steve ne se connaissaient pas encore. La couverture de Paul Renaud annonce en effet la couleur, Sam se retrouve projeté en pleine seconde guerre mondiale, à une époque où Rogers débute et doute encore de ce qu’il fait. Mais surtout Spencer élargit le champ du numéro. Il y a d’abord une sorte de debrief qui nous explique un peu plus (tout en bottant cependant un peu en touche) ce que sont ces rencontres. Generations – Sam Wilson: Captain America & Steve Rogers: Captain America #1, c’est un peu l’Alpha et l’Omega de ces réunions, on a d’un côté une sorte de préambule mais aussi un sentiment de conclusion à l’affaire. Mais surtout, Spencer s’empare des règles du jeu et donne à son face-à-face une ampleur totalement différente, un peu une sorte d’ambiance façon scène finale de 2001 Odyssée de l’Espace, quand l’astronaute voit sa vie défiler devant lui. Certains diront que Spencer, ayant écrit Secret Empire, est avantagé par rapport aux autres, qu’il connaissait mieux le contexte. Ce n’est pourtant pas l’impression qui s’impose à la lecture de tous ces spéciaux et du crossover. On a bien la sensation que Generations est une initiative éditoriale sortie de nulle part, à laquelle Spencer a dû sacrifier deux cases de Secret Empire pour l’intégrer. Il n’était sans doute pas plus avantagé que ses petits camarades, a récolté la même page blanche comme cahier des charges… et a décidé d’en faire une histoire qui compte, au moins sur le plan symbolique, un récit réparateur qui recolle les morceaux entre les deux Captain America et peut-être même certains lecteurs puisque, on l’a dit, l’intrigue se passe en pleine Seconde Guerre mondiale et nous montre un Steve Rogers pur, humain et humaniste, qui ne valide donc pas la « timeline Hydra ». Même si la nature du Vanishing Point reste flou, que l’on nous dit juste qu’il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, que cela ne valide donc pas grand-chose en termes de continuité, sur le plan symbolique, sensible, Spencer remet donc les choses en place, avec les deux héros qui, pour des raisons différentes, apprennent à s’accepter, à être en paix avec eux-mêmes…
« Would like me to repeat the question, sir? »
Dessinateur intervenant régulièrement sur la série Captain America: Sam Wilson, Paul Renaud travaille sur un personnage auquel il est donc habitué… mais ne se contente pas de le dessiner « comme d’habitude ». Au contraire il y a tout un choix de textures, d’ombres, qui ne sont pas contradictoires avec ce qu’il a fait avant mais qui viennent greffer une ambiance bien particulière dans les tranchées, jusque dans les casques des G.I. Il y a aussi quelque chose qui évoque un peu certaines choses des scènes de flashback de Michael Lark au début du run d’Ed Brubaker sur Captain America. Pas seulement parce que les choses se passent à la même période. Entendons-nous bien. Paul Renaud et Michael Lark ont des styles bien différents, mais il y a des partis pris dans l’expression du réalisme, dans l’accessoirisation des personnages, qui fait que les deux visions se « parlent ». Et puis il y a ce récit de vie, ce temps qui passe, le fait que scénariste comme dessinateur utilisent ces dernières pour dire au revoir, avec panache, à leur héros. Une partie des numéros Generations étaient bien loin d’avoir une telle tenue. Si on doit parler du principe dans sa globalité, on regrettera que certaines rencontres manquent à l’appel. D’abord sur le poster initial de Generations par Alex Ross, il y avait une allusion aux deux Nova qui semble (sauf erreur de ma part ?) rester sans lendemain. Ensuite, allez savoir pourquoi Kobik a offert une rencontre à certains « héritiers » mais pas à d’autres. Un face-à-face entre le Falcon classique et Joaquin aurait été logique. Plus encore, Ant-Man (Scott Lang) qui a joué un rôle essentiel dans le sauvetage de Kobik, aurait pu retrouver Pym et peut-être rebondir sur certaines choses qu’Ultron a dit au fil de Secret Empire. En fait, au-delà de la logique interne, on aura compris que Joachim et Ant-Man dépendent tous les deux de Spencer (il est celui qui les a écrits dernièrement) et que le scénariste ne pouvait pas être au four et au moulin, terminer Secret Empire et pondre trois numéros spéciaux d’un coup. Tant pis pour ce qui n’est pas paru, que nous n’aurons pas lu, mais Generations – Sam Wilson: Captain America & Steve Rogers: Captain America #1 est une excellente manière de refermer bien des choses en quelques pages.
[Xavier Fournier]
Selon moi, Sam est celui qui devrait être le plus affecté par sa rencontre avec l’original. J’espère que le scénariste de sa série en tiendra compte pour nous montrer l’impact de toutes ces années de souvenirs supplémentaires sur lui.
Alors oui, par rapport aux autres il passe plus de temps et sa rencontre est plus profonde.
Mais par contre, non, je ne pense pas que le scénariste de la série s’enquiquine à mentionner ça ou même doive le faire. Parce que si vous avec vécu toute une vie dans telle ville et que vous emménagez dans une autre ville, vous n’êtes pas forcément à mentionner votre existence précédente. De plus la nature même du Vanishing Point est plus un rêve éveillé. A l’évidence Steve Rogers n’a pas les mêmes souvenirs et tout cela devrait pousser Sam à vivre sa vraie vie plutôt que le souvenir d’un rêve. C’est une expérience qui lui apporte la paix, mais faudrait pas que ca devienne un truc mentionné sans cesse.