La croisade des Albigeois, le Languedoc en 1220. Voici le contexte « bien de chez nous » auquel Nathan Fairbairn et Matt Smith ont décidé de s’intéresser, en plantant leur récit dans les racines de l’Histoire… et en le rattachant au registre de la science-fiction. Car un vaisseau spatial s’est écrasé non loin de là et les passagers ne viennent pas précisément en paix. Croisés contre extra-terrestres, voilà ce qui vous attends.
Scénario de Nathan Fairbairn
Dessins de Matt Smith
Parution aux USA le mercredi 24 août 2016
1220, un jeune chevalier tout nouvellement ordonné et son page, tous les deux venus de Reims, se précipitent pour répondre à l’appel de la Croisade des Albigeois. Débordant d’héroïsme et de naïveté, ils espèrent rapidement prouver leur valeur au combat. Mais ils sont passablement surpris quand ils découvrent que l’on ne les accueille pas vraiment à bras ouverts et que la guerre n’est pas aussi noble qu’il y parait. Les nobles les regardent de haut, certains soldats endurcis (Raymond de Mondragon, authentique seigneur de Montauban, a quelque chose du Bronn de Game of Thrones) les considèrent à peine comme de la bleusaille… Les religieux sont des hystériques, de véritables fous de Dieu et la seule cathare qu’ils vont croiser n’a rien de maléfique. Mais ce n’est pas la principale surprise qui attend les jeunes gens. En effet, quelques temps plus tôt, un vaisseau s’est écrasé non loin de là, près du village de Montaillou, et ses passagers ont faim et sont bien décidés à dévorer tous les Terriens qu’ils peuvent trouver. Quelque part entre les films « Alien », « Predator » et « Outlander le dernier viking », les deux auteurs nous proposent la vision de croisés luttant (bien malgré eux) contre des xénomorphes à coups d’épées et de lances. Mais surtout ils prennent soin de ne pas se ruer sur le clash et de présenter, d’abord, les protagonistes humains et le rapport de force à l’intérieur de la Croisade…
« Inquisitors see heresy everywhere, and if they can’t find some poor cathar bastard to burn alive for it… »
Les comics sont souvent assez peu subtils quand ils s’intéressent au Moyen-Age en Europe. Je suppose que c’est en partie parce qu’en langue anglaise on qualifie le plus souvent la période de « Dark Age » (par opposition à la Renaissance). Dark Age, ça sent un peu l’Heroic Fantasy et bien souvent cela donne, dans les BD américaines, quelque chose qui s’approche plus de Conan ou des Maitres de l’Univers. Nathan Fairbairn, lui, s’est clairement documenté et ne tombe pas non plus dans le travers inverse. Ce n’est pas une leçon d’Histoire récitée de façon trop scolaire. C’est à dire que la plupart des personnages humains sont authentiques, basés sur des figures historiques mais que si vous ne le savez pas, ce n’est pas grave. Rien n’exige de vous que vous remettiez le nez dans des manuels d’Histoire pour comprendre un élément de l’épisode. Le scénariste vous donne tout ce dont vous avez besoin. Par contre si vous être branché Histoire, c’est le jackpot, vous verrez plein d’allusions au réel, assez bien utilisées. Et puis il y a une fonction universelle qui fait qu’on y parle finalement de bien plus de choses que le sort des Albigeois : Comme les héros débarquent dans la Croisade sans trop en savoir les tenants et les aboutissants, juste par confiance du système, leur découverte de la réalité des choses est un support assez naturel pour expliquer, par exemple, qu’une jeune fille ne veut pas être touchée et d’autres usages de l’époque. Matt Smith, aux dessins, donne un travail à la fois propre et expressif, une sorte de juste mélange entre du Michael Avon Oeming et des influences à l’évidence européennes (rien que les « bulles » carrées renforcent aussi cette impression). Il gère très bien un caractère qui ne passe pas toujours très bien chez les autres, c’est à dire l’innocence. Theo (basé sur Thibaut IV de Champagne) et Hugh sont des héros qui espèrent, qui font confiance… mais qui ne sont pas pour autant des demeurés. Et les deux auteurs le gèrent très bien, que ce soit dans les dialogues ou dans les visages. Dès ce #1, on sent que Lake of Fire ne sera pas simplement qu’un combat Aliens contre Croisés (même si c’est une manière pratique de résumer la chose) mais que la confrontation sera aussi à l’intérieur du camp des humains, avec un débat permanent sur ce qui est juste, justifié (ce n’est pas précisément la même chose) et sur les préjugés qu’il convient d’oublier. Lake of Fire est, à ce niveau, une parabole. A travers les Croisades, Fairbairn parle de toutes les guerres « justes ». Il aurait pu planter son décor en pleine guerre du Vietnam ou en Afghanistan. Il a choisi le Languedoc, donnant à tout cela plus de recul. On est curieux de voir jusqu’où ils vont mener la chose si Lake of Fire va rester une parabole ou devenir une forme plus avancée d’uchronie.
[Xavier Fournier]Oh, et, PS: non, Lake of Fire ne contient pas vraiment de lac en feu, c’est un terme biblique qui évoque la destruction totale, la mort sans retour…
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