Dépressif, au bout du rouleau, Mister Miracle s’est coupé de New Genesis. Et la réciproque est vraie, d’autant plus que le patriarche en est désormais Orion. Un Orion qui dirige d’une poigne de fer, militariste, et qui se satisfait peu d’un indécis. Il faut le Yin et le Yang dans l’univers des New Gods. Pas de place pour un « je ne sais pas », interprété comme un manque de conviction. Mister Miracle va donc devoir subir le jugement des dieux. Et manger une carotte.
Scénario de Tom King
Dessins de Mitch Gerads
Parution aux USA le mercredi 8 novembre 2017
Tom King continue de rendre à Mister Miracle (et par extension aux New Gods) leur étrangeté, sans oublier pour autant que Scott Free est le plus « domestique » des personnages du Fourth World. Il est marié, a un appart… et si l’on doit le juger, ce n’est pas dans les halls dorés de New Genesis mais… sur le sofa du salon, avec des amuse-gueules végétariens. En un sens, et bien que Mitch Gerads ait un parti pris graphique différent, l’analyse du scénariste est assez compatible avec ce que la famille Allred fait sur Bug! (bien que Forager s’en tire de manière très différente dans Mister Miracle). King s’intéresse (et pas seulement sur cette série) au libre arbitre. Il est donc totalement dans la lignée d’un Jack Kirby qui, via ses histoires d’Anti-Life, s’intéressait à la perte de la liberté de penser, critiquait le totalitarisme et le déterminisme.
« Should I sit or stand ? »
Mister Miracle est le maître de l’évasion… mais aussi de la fuite. Et même si la perspective d’un épisode surtout passé au fond d’un salon (avec des « talking heads » que ne renierait pas Brian Michael Bendis) ne respire pas vraiment une promesse d’action, c’est que le danger se place à un tout autre niveau, verbal et mental. D’emblée, quand Mister Miracle demande s’il devrait s’assoir ou rester debout, il a tout dit, à un niveau symbolique. Il est celui qui hésite entre deux options, qui refuse de s’enfermer dans une case. Orion, en face, refuse tout compromis, toute position qui ne serait pas blanche ou noir. Mais surtout il dresse un labyrinthe de mots autour de Scott. Un jeu qui refuse l’hésitation. Qui, de « oui » en « non » absolus emmène Mister Miracle vers une seule issue possible. Moderne, le Mister Miracle de King et Gerads n’en est pas moins dans la logique du personnage. Un refus des extrêmes, une vision dans laquelle la solution n’est pas dans la rigidité. Une série toujours percutante et pertinente pour qui voit au-delà des apparences.
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