Avant-Première VO: Review Scooby-Doo Team-Up #60
30 septembre 2017Tandis que DC Comics s’amuse à réinventer les dessins animés d’antan, y compris Scooby-Doo, en fables post-apocalyptiques « modernes », Scooby-Doo Team-Up, comic-book numérique, est, sous des allures de BD aux graphismes simplifiés à destination des plus jeunes, une valeur refuge pour les fans d’une Mystery Machine plus « vintage ». Plus que ça : par un juste retour des choses, le Scooby Gang y multiplie les « team-up » avec des héros DC du Silver Age. Un vrai paradoxe.
Scooby-Doo Team-Up #60 [DC Comics]
Scénario de Sholly Fisch
Dessins de Dario Brizuela
Parution aux USA le mercredi 27 septembre 2017
A qui s’adresse la série Scooby-Doo Team-Up ? Pas facile de le dire… DC Comics nous a habitué au fait que ses comics spécifiquement destinés à une exploitation numérique soient d’abord orientés vers la base du grand public. C’est par là que sont arrivés les comics reposant directement sur la continuité d’Arrow, Flash et Supergirl version séries TV de CW. Du coup, il n’est pas illogique qu’au moment où DC est lancé dans une refonte massive de ces licences tirées de dessins animés, cette série basée sur Scooby-Doo préserve les profils classiques, iconiques, de Scooby, Véra, Daphnée et Cie. Il n’est pas illogique non plus que le dessin emprunte une approche simplifiée, plus cartoony, apte à « parler » au public qui connait Scooby-Doo par la télévision. Tout cela est cohérent, donc, en apparence, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Car dans les faits, sous ces allures naïves, Scooby-Doo Team-Up est au contraire une sorte de bastion de résistance faisant appel à des versions vintage des super-héros DC. Batman, d’accord, mais aussi Shazam ou Zatanna, dans des incarnations qui font sans doute plus le bonheur de certains fans de comics de longue date. Avec l’arc en deux parties qui s’achève dans Scooby-Doo Team-Up #6O, Sholly Fisch fait même « pêter les objectifs » en ne se contentant pas de réunir le Scooby-Gang aux Challengers de l’Inconnu (façon old school, bien entendu) mais en faisant aussi intervenir un véritable who’s who des équipes d’aventuriers des années 50/60, toujours en choisissant l’aspect classique et se permettant des allusions croustillantes. La réaction de Cave Carson mentionnant les rumeurs qui l’entourent et le clin d’œil à l’allusion du label Young Animal sont du pur génie. Même chose sur le commentaire de Véra sur le « canevas » de ces équipes (et par conséquent, par extension/omission) des Fantastic Four.
« We do what we can. But the Challengers of the Unknown will always be the originals! »
Les dessins de Dario Brizuela sont à prendre d’une manière particulière : Si vous foncez là-dedans en vous attendant à trouver quelque chose se rapportant au style de Jim Lee ou à du Paul Pope, vous serez forcément déçu. Et cela ne prétend pas être du Alan Moore non plus. Mais il s’agit plutôt de voir cette BD comme l’adaptation d’un épisode de dessin animé qui n’aurait jamais été diffusé. Du coup les Challengers, les Secret Six et les autres apparaissent comme projetés dans une ambiance à la Hanna-Barbera, avec le grand ennemi qui pourrait presque à la fin s’exclamer « mon plan aurait marché sans l’intervention de ces maudit gamins », selon l’archétype bien connu. C’est un ton particulier à prendre quand on lit la série mais les lecteurs de comics de longue date seront contents de retrouver ainsi certains personnages culte du passé, dans leur incarnation d’origine. Un exercice de style rigolo, qui a l’avantage de proposer des héros méconnus de DC. La forme fait que les lecteurs/fan de Silver Age risquent de passer à côté sans y faire attention. Mais cela vaut très certainement la lecture !
[Xavier Fournier]