Les derniers super-héros résistants sont désormais piégés, encerclés par les forces de Captain America. Heureusement leur repaire est à l’abri de toute intrusion. Ou du moins le croient-ils. Car Hydra tente de s’assurer un nouvel allié de poids, un ex-Avenger qui, en théorie, à toutes les raisons d’en vouloir à l’équipe. Et pendant ce temps-là, le mystère autour d’un certain Steve Rogers s’épaissit.
Scénario de Nick Spencer
Dessins de Leinil Yu, Rod Reis, Joshua Cassara
Parution aux USA le mercredi 19 juillet
Avec tout ça, nous n’avons pas eu l’occasion jusqu’ici de vous parler de Secret Empire, qui est… tout simplement le crossover le plus pertinent de Marvel depuis des lustres. D’un côté parce que, malgré le recours à des cubes cosmiques et à des réécritures de réalité, l’enjeu politique reste plus identifiable, plus empathique, que sur des Civil War II ou autres sagas du genre. Par « politique », comprenons-nous bien, il ne s’agit pas de savoir si vous allez mettre un bulletin de vote pour ou contre Hydra. Ce serait un peu confondre le premier et le second degré. La question, c’est plutôt qu’est-ce qui se passe quand on a mis tous ses espoirs dans un sauveur providentiel qui ne se trouve pas/plus être ce qu’il représente. Des tyrannies réelles se sont construites sur cette situation et les héros Marvel restants se retrouvent dans un monde où ils ont perdu d’avance. C’est la philosophie qui fait que Secret Empire résonne plus que, par exemple, « qu’est-ce qu’on ferait si on connaissait le futur à l’avance ». Mais Nick Spencer fait aussi de cette série quelque chose qui ressemble à la fin d’un cycle entamé avec la première Civil War, peut-être même depuis Avengers Disassembled. C’est à dire que tous les lecteurs qui trouvaient que les héros s’en tiraient un peu à bon compte, n’étaient jamais tenus responsables de leurs actions et/ou de leurs erreurs voient ici arriver ce qu’on pourrait qualifier de « moment de l’addition ». C’était déjà explicite via une discussion avec Pym/Ultron dans un épisode précédent, ça l’est encore avec le discours que Cap tient à un ancien Avenger. Tout cela n’arriverait pas si, des années en arrière, les héros avaient assumé leurs actes. On appréciera au passage que le prisonnier de Cap ait droit à quelques répliques qui le « posent » même si ensuite on glisse logiquement vers le chaos. Idem pour le dialogue entre Cap et Iron Man. Néanmoins si Secret Empire #6 a de bons moments, des choses font que c’est aussi un épisode qui, par endroits, se traine un peu.
« Just below us are the people who murdered you in cold blood. I’ll give them to you. »
La grande force de Secret Empire, c’est que d’emblée, entre l’épisode zéro et le #1, les héros ont pris une raclée à la fois physique et morale. Leur symbole s’est écroulé, les a trahis. Mais cette force se retourne parfois contre le récit car, arrivé au sixième numéro, mettre en scène le siège de la Résistance donne plus l’impression de surenchérir que de faire avancer les choses. Vu que les héros sont à terre depuis le début, les enfoncer encore plus bas fait un peu redite, d’une certaine manière. Malgré l’intervention titanesque du personnage qui dévaste leur base. Il y a aussi de l’espace perdu avec New York plongée dans les ténèbres et des informations sur Dagger qu’on avait déjà ou une discussion avec le Kingpin qui ne portera ses fruits qu’à terme. Dans l’autre dimension, Steve Rogers dérouille, oui, mais on ne peut guère dire que son voyage avance. Même chose, un peu, pour Black Widow et sa Red Room, qui ne font que poursuivre des discussions entamées dans les précédents numéros, sans véritablement changer le jeu. A choisir, il aurait été plus intéressant de donner plus de place à des situations peu explorées, comme le dilemme de l’Odinson. Malgré le fait que c’est un tournant pour la Résistance, une bonne partie de l’épisode donne l’impression de gagner du temps avant le dernier tiers de la série. Surtout (et c’est là le véritable point faible de la série) les allers-retours entre trois dessinateurs aux styles si différents ont tendance à casser le rythme. Passe encore pour l’intrigue liée à Rogers, qui suit ses propres règles. Mais dans le récit principal ce zapping d’ambiance à tendance à nous sortir de la lecture. C’est dommage que, contrairement à des choses comme Unworthy Thor, Marvel n’utilise pas des styles artistiques plus complémentaires. Et si de bout en bout on avait un seul dessinateur, ce serait Byzance. Il n’en reste pas moins qu’à ce stade Secret Empire reste intéressant et que bien malin qui saurait prédire comment les héros vont se sortir de ce mauvais pas.
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