Sous le crayon de John Romita Jr., le Suicide Squad solde les comptes des intrigues de ces derniers mois. Amanda Waller paie le prix de ses erreurs mais traque également l’un des derniers ressortissants du « Suicide Squad Zero » tandis que l’équipe-phare est sur la piste de ses homologues russes. Quelque part là-dedans, Rob Williams décide de ne plus s’embêter avec la subtilité et nous sort des dialogues façon gros rouge qui tache.
Scénario de Rob Williams
Dessins de John Romita Jr., Eddy Barrows
Parution aux USA le 8 février 2017
Les dix premiers numéros de cette version du Suicide Squad avaient été mis, principalement, sous la houlette de Jim Lee et de quelques artistes en renfort qui, à défaut d’avoir le même style, participaient à la même ambiance. En faisant appel à John Romita Jr. DC Comics confirme son intention d’imposer la série au premier rang. Mais dans le même temps le style de Romita est une rupture certaine avec ce qui a précédé et, dans bien des cas, avec ce que l’on connaissait jusqu’ici de certains personnages. Harley Quinn, sur la couverture, prend quelques kilos, semble plus lorgner sur du Kirby et, à l’intérieur, le dessinateur trouve une astuce pour ne pas avoir à dessiner la silhouette de l’anti-héroïne. Ce qui peut avoir du bon comme du mauvais : d’un côté Harley Quinn n’est pas non plus tenue d’être en bikini tout le temps (le public des dessins animés s’en souvient) mais de l’autre on a la sensation que Romita ne sait guère la gérer. Dans le même ordre d’idée, Killer Croc devient une pile d’écailles et Deadshot une suite de plaques de métal… A l’inverse, cependant, Katana semble s’en tirer mieux.
« For the sweet love of Kylie ! »
Est-ce que c’est la stylisation choisie par Romita qui fait ressortir plus que d’habitude les dialogues ? En tout cas on est surpris d’une approche très rentre-dedans de la part de Rob Williams. Certes, le Suicide Squad, ce n’est pas vraiment la série où l’on s’attend à trouver des citations de Descartes ou de Ronsard, mais dans cette ambiance renouvelée, la caricature apparait sans doute bien trop. Si depuis le début de la mouture Rebirth Williams a pris soin de glisser des allusions à la pop culture (par exemple des titres empruntés aux Ramones ou aux Talking Heads), là cela devient un peu n’importe quoi. Comme, par exemple, définir un personnage si dangereux que « même Bowie aurait peur d’écrire des chansons dessus » (là où il est, Bowie ne risque guère d’écrire des chansons sur quoi que ce soit), ou encore Captain Boomerang, caricature d’australien, jurer « par le doux amour de Kylie » (Minogue, vous aurez compris). Certes, là non plus Boomerang n’a jamais été un monument de subtilité, c’est certain, mais enfin c’est comme Wolverine jurait par Céline Dion pour bien insister sur son cursus canadien. Servi dans une série clairement humoristique façon Justice League International des années 80, pourquoi pas… Asséné au premier degré, c’est pour le moins un peu bizarre. Et encore on ne citera que ces deux exemples mais les dialogues de l’Enchantress ne sont guère mieux. Si bien que tout cela, dessin et scénario, donne dans l’exagération, plus encore que les dix numéros précédents. Il y a peut-être un public pour cela (sans doute celui qui a apprécié le scénario du film) mais on l’impression que les protagonistes ne sont pas très bien représentés.
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