Taarna était le personnage emblématique de l’antique film Metal Hurlant. Dans la liste des licences adaptées en comics, c’est presque une curiosité que cette sorte de Red Sonja projetée dans un univers de science-fiction ait mis autant de temps à faire la transition. Heavy Metal Comics s’y met mais avec un manque d’ambition éditorial assez marqué.
Scénario d’Alex de Campi
Dessins d’Esau et Isaac Escorza
Parution aux USA le mercredi 10 janvier 2018
Taarna est une figure forte, un produit de son temps où les héroïnes avaient le chic pour porter une tenue inversement proportionnelle à leur envie d’en découdre. De ce même moule sont sorties Vampirella et autres Red Sonja. Quand bien même les temps ont changé, Taarna et ses semblables, soit toute une génération de « bad girls », ont encore des choses à raconter. En tout cas en théorie. La scénariste Alex de Campi profite du peu que l’on sait de Taarna (une héroïne qui se réincarne littéralement partout où l’on a besoin d’elle) pour démarrer la série dans un nouveau contexte. Si l’on n’a jamais vu le long métrage animé Heavy Metal, on n’est pas pénalisé : En 2507 le monde plie sous une dictature, tandis que les couches les plus pauvres sont rationnées et persécutées (imaginez un mélange entre l’Allemagne nazie et la Pologne de la fin des années 30). Dans cet environnement, deux jeunes « illégaux », Suki et Kit, assistent à la matérialisation d’une mystérieuse femme aux cheveux blancs. Entièrement nue et muette, elle n’a pour seule possession qu’une épée. Est-ce une sauveuse ou bien peut-elle également finir broyée par ce monde hostile ? Un personnage mystérieux et muet, cinéma et comics ont souvent trouvé des choses intéressantes à en faire. A défaut, même quand le/la protagoniste central(e) peine à s’imposer, certains scénaristes ont trouvé la solution en mettant en avant la « supporting cast ». C’était par exemple la recette du Man-Thing de Marvel : un personnage impassible et énigmatique mais entouré de créations secondaires hautes en couleurs. Ici, Alex de Campi peine à imposer Taarna, qui semble surtout paumée et moins « focalisée » que dans le film. A l’écran, c’était une femme d’action, qui connaissait d’emblée son ennemi. La progression de l’histoire est totalement artificielle. A peine arrivée, Taarna se retrouve enrôlée de force dans une armée sans spécialement s’y opposer. Ladite armée est composée d’autres « illégaux » obligés à aller se battre mais qui semble inexplicablement motivés (à moins qu’ils soient sous influence, ce que laisse entendre la réaction de Suki mais auquel cas pourquoi Taarna ne le serait pas ?). Ce n’est finalement que six pages avant la fin que Taarna commence à montrer la moindre réaction. Mais entretemps s’est installé l’impression que l’on ne connait pas le personnage où que l’on n’a pas spécialement envie de suivre les aventures d’une Taarna qui se laisse à ce point porter par les évènements et les décisions des autres.
« Until help arrives, in legendary form… »
A un stade initial du projet, Heavy Metal Comics avait pensé s’assurer les services d’un Stéphane Roux pour cette série, au point de l’annoncer avant d’avoir finalisé le deal avec le principal intéressé (ce qui n’est déjà pas très sérieux pour un éditeur). En lieu et place, Esau et Isaac Escorza souffrent de la comparaison mais même sans garder à l’esprit qu’on passe malheureusement à côté d’une Taarna par Roux, le résultat tient quand même du service minimum. D’abord dès les premières pages il y a un problème évident d’encrage. Quand Taarna se matérialise, inconsciente, les traits pourraient aussi bien avoir été tracés au stylo bille. Dans la première case où on la voit, il y a même le contour de l’épaule, mal effacé, qui lui rentre dans la joue. Beaucoup de choses sentent la précipitation même si le dessin a tendance à s’améliorer vers la fin (en particulier les scènes de guerre). Le magazine Heavy Metal est une extension de Metal Hurlant qui a échappé à ce dernier. Mais qui reste construite sur des codes de la science-fiction qui remontent aux années 70/80, quand la libération sexuelle battait son plein. Les américains regardaient les scènes de nu du film Métal Hurlant comme « typiquement européennes », libérées de la censure du comics code et autres réactions puritaines. Dans ce contexte il ne faut pas s’étonner de retrouver ici des scènes de nu de Taarna, cela fait partie du personnage. Par contre on peut s’interroger sur la manière finalement peu inspirée et élégante de mettre en forme cette nudité. Au final, s’il s’agit de créer un monde de science-fiction, la Taarna d’Heavy Metal Comics fait pâle figure par rapport à certains titres de la concurrence (par exemple Rai ou X-O Manowar chez Valiant). Alex de Campi pourrait peut-être ranimer le scénario dans les épisodes à venir mais celui-ci ne met pas la barre bien haut. La couverture d’Alex Ross reste le principal point d’intérêt et encore surtout pour les seuls complétistes de Ross. Dommage car il y a tout un potentiel qui passe à la trappe. On nous vend une marque, une couverture… et l’intérieur tient plus du remplissage.
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