Projet véritablement très (trop) inégal, The Kamandi Challenge se veut une sorte de cadavre exquis rendant hommage à Jack Kirby. Mais les numéros passés ont tenu plus de la tombola, du tirage au sort, une partie des auteurs ressassant surtout des synopsis déjà utilisés par Kirby. Keith Giffen et Steve Rude, eux, nous livre quelque chose de bien plus efficace et pertinent dans ce huitième numéro de la série.
Scénario de Keith Giffen
Dessins de Steve Rude
Parution aux USA le mercredi 23 Août 2017
Premier parmi les projets de DC cette année pour marque le centenaire de Jack Kirby, The Kamandi Challenge s’est révélé au fil des numéros relever plutôt du « tout et n’importe quoi » puisque les auteurs changent à chaque numéro et n’ont pas vraiment de fil directeur si ce n’est que les uns laissent une dernière case qui doit être la première des autres. Mais les décrochages d’ambiance sont si marqués, l’histoire est si dénuée de structure, que le tout part à la dérive, un peu comme si dans un numéro on jouait de la Salsa et dans le suivant du Wagner tout en essayant de rendre hommage à la même chose. Mais The Kamandi Challenge #8 arrive à un résultat assez différent puisque, si ce n’est des premières et dernières cases, compromis nécessaire à la formule, l’histoire fonctionnerait très bien comme un one-shot. Retirez l’intrigue du parasite, dont Kamandi se débarrasse d’ailleurs très vite au début, et vous avez un récit autonome, qui comporte un intérêt et différents niveaux de lecture même si vous n’avez pas lu les sept numéros précédents. Aux commandes, le scénariste Keith Giffen et le dessinateur Steve Rude accouchent d’une véritable parabole, en faisant référence à la mythologique. Deux exercices qui ne faisaient pas peur au « King ». Kamandi débarque chez deux peuples, évolués à partir de chèvres et de loups, qui se livrent une farouche guerre de religion sans réaliser que leurs dieux (Ulysses et Odysseus) ne sont jamais que deux noms différents pour un seul concept. Giffen et Rude récupèrent ici un des fils directeurs de la série originale Kamandi (l’idée qu’en s’exposant à des bribes de la culture humaine les animaux évolués héritent au passage des mêmes tares) pour émettre un message qui reste d’actualité.
« Does anything make sense anymore? »
Et si l’on y regarde bien, l’histoire de Keith Giffen est, volontairement ou non, une mise en garde qui ne concerne pas seulement les guerres d’hier et d’aujourd’hui mais évoque aussi les gardiens du temple qui, à force de suivre le dogme sans s’intéresser à son sens, deviennent des instruments de l’obscurantisme. Ce qui, à sa manière, peut aussi s’adresser à certains sentiments de fans. Ce n’est pas tant l’adoration elle-même qui est en cause que l’adoration sans comprendre. A adorer des noms par automatisme, sans comprendre ce qu’ils ont fait, à quoi ils correspondent, le risque est de tomber dans le dogme. Pour le coup Giffen et Rude semblent, eux, très bien avoir compris la « substantifique moëlle » de Kamandi. Peut-être qu’on pourra regrette que la mise en couleur cultive un peu trop un effet rétro, façon 70’s, alors que les dessins de Steve Rude pouvaient porter quelque chose de plus moderne sans perdre le message. Mais c’est sans doute l’un des meilleurs épisodes du Kirby Challenge à ce jour. Et répétons-le, en faisant abstraction des scènes de liaison, ça peut tout à fait se lire de manière indépendante.
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