Warren Ellis reprend la main sur l’univers Wildstorm, après que ce dernier ait passé plusieurs années oublié dans la boite à gants de l’éditeur de DC (avec l’exception notable de Midnighter et Apollo). Le scénariste anglais, historique du label, ne revient pas forcément sur les traces de ses sagas Authority ou Planetary mais décrit un contexte où les premiers surhumains de ce monde se cherchent encore.
Scénario de Warren Ellis
Dessins de John Davis-Hunt
Parution aux USA le 15 février 2017
Les personnages issus de Wildstorm ont connu des hauts et des bas dans la décennie écoulée. Alors qu’aux alentours d’Infinite Crisis on entamait les démarches pour fondre l’ex-univers initié par Jim Lee dans le multiverse DC puis, à l’occasion du reboot de 2011, dans la gamme DC proprement dit, Voodoo, Authority et les autres n’ont connu que des échecs. DC a lancé quelques séries mais sans véritablement se donner les moyens de les défendre, sans embaucher un auteur qui aurait su créer l’évènement. En faisant appel, enfin, à Warren Ellis, DC semble combler cette lacune. Mais le retour d’Ellis s’accompagne de quelques conditions, à savoir une reprise de liberté des personnages. The Wild Storm se passe donc sur une autre Terre (une des 52 de Grant Morrison ou encore une autre, allez savoir) et repart des bases. C’est à dire que vous pouvez oublier un combat entre Zealot et Wonder Woman, ce monde n’est habité que par les archétypes Wildstorm, qui plus est sous un aspect moins flamboyant que dans les années 90. Si vous attendiez pour autant le Stormwatch façon big gun d’Ellis ou encore sa Authority façon « Widescreen et menaces globales », The Wild Storm va vous surprendre car le contexte fait plus penser à ce que le scénariste a pu faire ces dernières années chez Avatar (No Hero, Supergod), avec des personnages en morceaux qu’il faut reconfigurer. A commencer par l’Ingénieur. Le fait d’être une création d’Ellis ne lui vaut pas un traitement de faveur, au contraire elle est représentée ici comme une chercheuse instable, avec une technologie beaucoup plus « crue ». Commence alors un véritable jeu des 7 différences, où l’on tente de reconnaitre (ou pas) certaines créations passées à la moulinette d’Ellis.
« Running the world really shouldn’t be this hard. »
Cela ressemble à du Ellis ère Avatar car on attaque directement sur des scènes plus sanguinolentes que le tout-venant de DC, le dessinateur John Davis-Hunt contrastant avec son style clair et dépouillé, sans fioriture. En gros, si vous voulez faire ressortir un petit filet de sang, rien ne vaut de le plaquer sur de la porcelaine immaculée. Et c’est un peu ici la philosophie. En fait les auteurs adaptent Wildstorm/The Wild Storm a une époque plus actuelle. Là où au début des années 90 on s’amusait à baptiser des personnages « Grunge », l’essentiel des personnages sont plutôt… peut-être pas des hipsters, mais des caractères qui s’inscrivent dans une certaine définition du monde, des relations de travail, de guerre des services. Le face à face d’Angela avec son supérieur hiérarchique est quelque chose que nous n’aurions pas vu chez l’ancien Wildstorm. Et chez DC, c’est plutôt le genre de circonstances qui entraine la naissance d’un super-vilain (façon Riddler). Angela/L’Ingénieur crève ici la page, est le personnage le plus marquant de ce premier épisode car elle se distingue à la fois par son caractère (elle montre des signes évidents de déséquilibre) et par une armure beaucoup plus « root ». Michael Cray (Deathblow) ou Jacob Marlowe sont encore plus différents de ce que l’on connaissait dans les incarnations précédentes. Ce n’est pas (en tout cas à ce stade) strass et paillette, jeunes femmes en spandex et gros baraqués agitant des flingues géants. Ce qui est clair, c’est qu’Ellis et DC ne visent pas le lectorat d’il y a 25 ans ou même de ces 15 dernières années (encore qu’une vanne sur Batman fasse penser de manière fugace à du Planetary), ne semblent pas non plus vouloir installer WildCats et les autres à la hauteur d’une Justice League mais plutôt toucher une audience différente. The Wild Storm, de ce fait, ressemble plus au lancement d’un laboratoire de style et d’idées, sans doute pas avec d’énormes objectifs de ventes mais avec une ambition qui lorgne sur d’autres approches. A voir quel itinéraire les différentes factions vont prendre à partir de là.
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