Avant-Première VO: Review Wonder Woman #10
13 novembre 2016Wonder Woman a été « mise à jour » par les dieux… Et l’armée américaine réalise qu’elle ne la détient pas contre sa volonté. Ou qu’elle ne pourrait pas la retenir contre son gré. Steve et Etta obtiennent donc la permission de l’emmener au dehors pour une sorte d’échange culturel… qui va dépasser leurs espérances.
Wonder Woman #10 [DC Comics]
Scénario de Greg Rucka
Dessins de Nicola Scott
Parution aux USA le mercredi 9 novembre 2016
Dans cette quatrième partie de Wonder Woman Year One, Diana continue de découvrir l’Amérique. On pourrait dire, même, qu’elle commence à peine, puisque c’est la première fois qu’on la laisse vraiment sortir de sa cellule. On doute quand même un peu que la première chose que ferait l’armée dans un tel cas serait de la laisser sortir dans un centre commercial, avec une escorte si minimaliste. Mais de cette manière, elle est exposée à ce qu’il y a de mieux et de pire dans le monde occidental, avec d’une part le consumérisme et de l’autre un esprit familial qu’elle découvre, ayant été la seule enfant sur l’île des Amazones (et un clou de plus au cercueil de cette histoire de guerrières attaquant les marins pour concevoir des enfants, à l’ère Azzarello). S’en suit une véritable communion de l’esprit avec sa supporting cast qui fait que les discussions vont être nettement moins laborieuses avec Etta, Barbara et Steve. Mais cette atmosphère va être de courte durée, puisque la galerie commerciale est rapidement sous attaque…
« Churros! We’ve got to get her a churro ! »
Il y aurait matière à dire et à montrer. D’une part, Etta et les autres font un piètre boulot de guides culturels, puisque la première chose qu’ils font est de se ruer pour lui proposer de boire une margarita dans un troquet du coin. On imagine si tous les ambassadeurs étaient reçus de la sorte. Ensuite, l’idée même qu’il y ait des tirs dans le centre commercial semble d’abord rebondir sur ce qui se passe pas si rarement aux USA, où les morts par balles sont plutôt répandues. On devine cependant que ce n’est pas une tuerie de masse sortie des manchettes de journaux ou un attentat mais que c’est l’œuvre sans doute d’Arès (ou d’une entité similaire). Cette phase d’action, cependant, est l’occasion pour les auteurs de sortir de leur technique d’ellipse. Là où on n’avait pas vu la fin du tournoi sur l’ile, là où l’entrevue des dieux avec Diana est restée hors-champs, voici le premier exploit de Wonder Woman « dans le monde des hommes » et cette fois, on nous le montre sans botter en touche. Enfin avant repasser en mode ellipse, mais c’est plutôt bien senti. Rucka et Scott continuent de nous montrer le nécessaire, mais de laisser la part de rêve et surtout de ne pas s’embarrasser avec les évidences. Plutôt qu’un combat qui dure, que d’autres ne sauraient pas finir, on va à l’essentiel. Peut-être quand même un poil trop de caricature (le fait que les médias, après une attaque de ce type serait plus intéressés par la poitrine de WW et son coiffeur que par le nombre de victimes… c’est un peu too much). Mais c’est globalement, une nouvelle fois, un très bon chapitre. Les auteurs savent se donner le temps et on ne regrette qu’une chose : que le temps de Nicola Scott sur la série soit compté…
[Xavier Fournier]
C’est de nouveau une statue de glaise dans cette origine?
Ca finira par être publié en VF, ne racontons pas tout… 😉
C’est pittoresque, lorsque vous dites du bien de cette série, vous ne pouvez généralement pas vous empêcher d’évoquer le run d’Azzarello. Il est difficile de distinguer dans vos critiques, par contre, ce que pensent les auteurs actuels de cet ancien run (beaucoup de mal, a priori) et votre propre opinion – même si vous semblez plutôt d’accord avec eux.
Or, comme je suis fan de la version d’Azzarello (finalement bien plus proche de la mythologie grecque dans l’esprit, malgré une forme déjantée) je commence à avoir l’impression que ce reboot n’est vraiment pas pour moi. Comme si Rucka passait son temps à répéter : voilà la vraie version de Diana (ce qui se défend, d’ailleurs) ce que vous avez lu avant, c’est un étron purulent (ce qui me vexe un tantinet, voyez).
À moins que Rucka ne soit plus subtil qu’il n’y paraît ? Si j’ai tout suivi, il s’est débarrassé de son cover artist pour divergence de vues. Bref, vous dressez en creux (sans le vouloir ?) le portrait d’un scénariste talentueux, brillant, exigeant, mais intolérant à sa manière.
Cordialement,
Il est aussi très « pittoresque » de foncer la tête baissée dans le panneau et de voir des intentions cachées là où il n’y en a certainement pas à ce point. Azzarello, je l’ai rencontré plusieurs fois, on s’est marré ensemble et j’ai même animé une ou deux conférences avec lui. Donc le principe de faire de moi un anti-Azzarello est fantaisiste. Ensuite figurez-vous un truc incroyable : nous n’avons pas commencé de parler de Wonder Woman depuis seulement six mois. Donc vous pouvez retrouver sur ce même site nos chroniques, mes chroniques traitant des premiers épisodes de Brian Azzarello en 2011 http://www.comicbox.com/index.php/news/avant-premiere-vo-review-wonder-woman-1/ où j’attaquais l’auteur avec violence (oulah, attention, va y avoir du sang) en écrivant : « Wonder Woman a un ton beaucoup plus « Vertigo », plus martial, que ce qu’on a pu voir ces dernières années. L’essai reste à confirmer mais la princesse amazone a peut-être, enfin, trouvé un nouveau souffle« . Par contre apprécier d’une manière générale ce que fait Azzarello n’empêche pas de penser que l’épisode qui décrivait les Amazones comme des folles furieuses attaquant les navires pour se ruer sur les marins et concevoir des enfants, avant d’abandonner les mâles en esclavage n’était pas franchement un élément très inspiré dans le run d’Azzarello et sans doute le principal point faible. Donc, oui, que cet élément disparaisse et qu’on refasse de Diana la seule enfant de l’ile me va tout à fait. Et si l’on doit vraiment souligner les racines mythologiques, qu’elle soit la fille de Zeus ou une statue amenée à la vie me convient de façon égale. Si vous voyez là dedans une attaque frontale contre tout le run d’Azzarello ou contre Azzarello lui-même, vous projetez dans l’article des choses qui n’y sont pas, vous vous voyez fan d’Azzarello contre d’autres qui ne seraient pas ou le seraient moins que vous. Mais c’est faux. Et je vous renvoie à la chronique sur le dernier épisode de Wonder Woman par Azzarello http://www.comicbox.com/index.php/news/avant-premiere-vo-review-wonder-woman-35/ « Au bout du compte les 35 (+ un « zéro ») numéros forment bien un tout, une histoire auto-contenue qui, à mon sens, ne décevra pas ceux qui l’ont suivie depuis 2011. » Si bien que quand j’écris « un clou de plus au cercueil de cette histoire de guerrières attaquant les marins pour concevoir des enfants, à l’ère Azzarello », cela veut dire précisément ce qui est écrit. Pas « un clou de plus au cercueil du run d’Azzarello », bien que Rucka, lui, semble parti pour l’ignorer dans son intégralité. Mais c’est son affaire. Quand bien même Rucka le ferait, en quoi serait-il plus intolérant qu’Azzarello qui, cinq ans avant, décidait lui aussi d’ignorer ce qui avait précédé ? Et même, d’une manière générale, d’ignorer ce qui se passait au même moment dans les autres titres utilisant WW… C’est comme deux grands chefs se succédant dans la même cuisine et qui réinventeraient un plat selon leurs propres recettes. Y chercher des « gentils » et des « méchants » est vain. Les règles du jeu qui ont permis à Azzarello de s’approprier certaines choses sont les mêmes qui permettent aujourd’hui à Rucka de faire ce qu’il veut. Apprécier le run de l’un ne veut pas forcément dire détester/défoncer le run de l’autre, ce n’est pas du catch…