Alors que Wonder Woman Year One nous a donné une nouvelle origine moderne pour l’amazone, l’arc Godwatch trouve ces marques sur son deuxième chapitre. Si l’on regrettera que l’entourage (Steve Trevor, Etta Candy…) de l’héroïne soit un peu laissé de côté, Greg Rucka compense la chose en avançant à pas de géants dans la construction et la réinvention d’autres personnages. C’est pour le bien de la série, mais l’héroïne, elle, va le sentir passer…
Scénario de Greg Rucka
Dessins de Bilquis Evely
Parution aux USA le 8 mars 2017
Lors du début de Godwatch, le changement de chronologie avait été un peu déstabilisant, après une répartition jusqu’ici bien sentie entre les origines et l’ère actuelle, alternant un épisode sur deux. On l’avait vu ici, Godwatch avait un peu le parfum d’un Year Two qui ne trouvait pas véritablement ses marques, avec une Wonder Woman à la fois habituée au monde et jouant dans le même temps les étonnées. Avec cette deuxième livraison, cependant, on réalise en quelques pages que le « logiciel » de l’histoire est là. La clé, c’est de comprendre que cet autre arc dans le passé ne concerne pas foncièrement l’héroïne mais bien ses adversaires. La présence de Diana en elle-même, le fait que certains dieux la traquent, tout cela a des retombées sur les simples mortel(les). On avait compris que Veronica Cale était un élément majeur mais les ramifications s’accélèrent ici avec un nouveau bond dans le temps et d’autres origines d’ennemies qui viennent se greffer là-dessus de manière aussi rapide et qu’efficace. Peut-être même un peu trop rapide en ce qui concerne le personnage intronisé dans les toutes premières pages. L’important étant que Rucka prend la peine de ne pas tomber dans le manichéisme (à part pour Deimos et Phobos, mais ce sont plus des accessoires que des personnages à part entière). Ces ennemies qui se retournent contre Wonder Woman sont, toutes les trois, des figures tragiques, manipulées par les évènements et qui n’ont guère le choix. A un certain niveau, leurs destins individuels se contaminent les uns les autres, formant une trame globale justifiant l’apparition d’une véritable « rogue gallery ». Godwatch est la justification de l’existence des principales rivales de Wonder Woman.
« If your patrons are real, if the god of greek myth are real, then how many others? »
Par contre on regrettera un certain manque de nervosité dans le style de Bilquis Evely. Le dessin est parfait tant qu’on reste dans le domaine de la « vie civile ». Il y a quelques scènes bien pensées de dialogues « au repos » impliquant Diana, Barbara et d’autres personnages. Les tenues de ville, les attitudes… tout fonctionne à ce niveau-là. C’est beaucoup moins le cas dès lors qu’on rentre dans des passages impliquant de l’action. C’est à dire que la dernière fois, on avait tendance à faire la comparaison avec Nicola Scott puisqu’il la « remplace » en un sens. Mais à la vérité, sur certaines scènes où le contexte a déjà été mis en image par Liam Sharp, l’autre dessinateur du titre, on réalise qu’il manque à Evely quelque chose d’un peu plus « bourru » quand ça tape. C’est assez curieux parce ce n’est pas quelque chose qui choquait quand l’artiste dessinait de précédentes séries, comme le Doc Savage de Dynamite. Globalement, Wonder Woman #18 donne un peu (mais juste une pointe) dans le pathos mais c’est nécessaire afin de donner plus de relief aux personnages concernés. C’est d’autant plus marquant que Veronica est une création de Rucka qui remonte à son premier run sur le titre mais que depuis toutes ces années elle était surtout apparue comme une richissime tête de cochon capricieuse. Là, le scénario arrive à la rendre touchante, en lui donnant une conscience…
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