Review : Birds of Prey (et la fabuleuse histoire d’Harley Quinn)
8 avril 2020Vous avez raté Birds of Preys (et la fabuleuse histoire d’Harley Quinn) lors de sa sortie en février ? Pas de souci. Le Centre National du Cinéma a pensé à vous et a permis à certains films sortis peu avant le confinement d’être distribués en avance sur les plateforme de VOD. Le film est disponible ce mercredi 8 avril. Retour sur un film attendu comme une révolution mais qui a explosé en plein vol. Attention, spoilers en vue !
« Behind every successful man, there’s a badass broad! »
Harley Quinn (Margot Robbie) est l’acolyte un peu déjantée du Joker… enfin était car quand le film commence, elle vient de rompre avec le Clown psychopathe. Mais cette séparation n’est pas sans conséquence pour elle : perdant la protection de son « puddin' », elle ne peut plus faire impunément ce qu’elle veut et certains de ses ennemis viennent régler leur compte. La jeune femme n’est pas la seule à avoir des problèmes à Gotham City. Par exemple, Dinah Lance surnommée Black Canary (Jurnee Smollett-Bell) se voit promu chauffeur du redoutable gangster Roman Sionis (Ewan McGregor) mais n’est pas certaine de cautionner la folie meurtrière de son patron. Renee Montoya (Rosie Perez) est inspecteur de police qui a du mal à s’imposer au sein du GCPD. Elle cherche à faire tomber Sionis, notamment grâce au précieux diamant des Bertinelli. Tous les membres de la famille Bertinelli ont été assassinés… enfin presque tous, car leur fille, Helena (Mary Elizabeth Winstead) a réussi à s’échapper et a été élevée par des assassins. Adulte, elle revient à Gotham pour venger ses parents sous le nom de Huntress. Il ne manque plus qu’un élément catalyseur pour réunir tout se petit monde. Arrive Cassandra Cain (Ella Jay Basco), jeune pickpocket qui se retrouve par hasard en possession du diamant tant convoité. S’en suit une course poursuite où s’enchaîne combats, blagues sur une bande-son qui dépote.
« We’re gonna have to work together »
Ayant la lourde tâche de succéder à Suicide Squad, Birds of Prey est une sorte de suite non officielle. La réalisatrice, Cathy Yan, ne renie pas le précédent long-métrage mettant en scène Margot Robbie en Harley Quinn. Ainsi, via de rapide flashbacks, on revient sur les origines du personnage, notamment via des scène de SQ. Si on ne voit jamais Jared Leto en Joker, le Prince du Crime est vu en coup de vent, de dos, pour éviter un nouveau casting. Plusieurs petits « easter eggss » dans le film renforce la liaison entre BOP et SQ. Mais là le film de David Ayer était un vrai film de bande, BOP se cherche et son titre à rallonge nous rappelle qu’avant-tout, c’est Harley l’héroïne. Heureusement, Margot Robbie incarne à la perfection la déjantée criminelle. Certes, il y a peu de comparaison puisqu’elle est l’une des rares à l’incarner sur le grand (et petit) écran (Mia Sara étant la première dans la série… Birds of Prey !). Malgré tout, sa storyline n’est pas la plus intéressante. Elle n’a pas vraiment d’objectif et les choses la forcent à avancer. Parallèlement, les autres membres de l’équipe s’en sortent un peu mieux. Notamment Black Canary et Huntress qui sont la caution super-héros de l’ensemble. Montoya, comme le note ses camarades, semble tout droit sortie d’un film policier des années 80. Un perso un peu gâché, surtout quand on connaît son équivalent papier. Le cas est inverse pour le méchant de l’histoire : Black Mask. Ewan McGregor en fait un peu trop mais reste effrayant à souhait, notamment lors de la scène avec « Erica ». Mais dès qu’il enfile le masque noir (qui donne donc son surnom au vilain), il perd toute crédibilité et ressemble à un (bon) cosplayer. Comme quoi, coller à la version dessinée n’est pas forcément un avantage pour le personnage.
« It’s a man’s man’s world »
Malgré un gros travail de promotion, le succès espéré ne fut pas au rendez-vous. Entendons-nous, le film ne s’est pas « planté ». Avec un peu de 200 millions de dollars au box-office pour un budget avoisinant les 100 millions, le film est rentré dans ses frais. Si Warner en attendait plutôt 300 millions, ils peuvent se réjouir de ne pas avoir ruiné le personnage. Harley Quinn reste l’un des fleurons de la firme. Son retour dans The Suicide Squad de James Gunn l’année prochaine en est la preuve. Et le film n’est pas un ratage complet. Mais on peut se poser quelques questions après le visionnage. Par exemple, pourquoi l’avoir classé « R », c’est à dire interdit au moins de 18 ans (aux USA). Alors, d’accord, ça a fonctionné pour Deadpool. Mais le reboot de Hellboy ne s’en est pas remis ! Et surtout que l’ensemble ne le justifie pas vraiment. Une seule scène très très violente est présente mais on sent qu’elle est forcée pour obtenir ce label. Les scènes d’actions sont dynamiques, survoltées. Les combats sont bien filmés et on sent que les actrices ont sué sang et eau pour réaliser les différentes chorégraphies nécessaires pour y arriver. Pourquoi aussi avoir tant insisté sur la notion de Birds of Prey alors qu’Harley est l’élément qui vend le film. Est-ce d’ailleurs la raison pour laquelle le titre a changé quelques semaines après son exploitation aux USA (pour devenir Harley Quinn : Birds of Prey) ? A priori non, Warner justifie le changement pour un meilleur référencement lors des réservations de billets. Mais le fait est qu’Harley est la star du film. Ses comparses et elle ne se réunissent vraiment que dans le dernier tiers du film.
Loin d’être un nanard, Birds of Prey est à prendre comme un film pop-corn, que l’on regarde et qu’on oublie peu après. On n’en demande pas plus ! Pas de réflexion sur la nature du super-héros ou sur la méchanceté du vilain. En VO, le sous-titre porte la mention « émancipation » et c’est vrai qu’Harley Quinn en sort grandie. Il ne reste plus qu’à prier pour que James Gunn sache l’utiliser à bon escient dans The Suicide Squad.
Birds of Prey (et la fabuleuse histoire d’Harley Quinn) – Avec Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell, Rosie Perez, Ella Jay Basco et Ewan McGregor – Réalisé par Cathy Yan – Disponible en VOD mercredi 8 avril 2020.
[Pierre Bisson]