1942. Steve Rogers (Chris Evans) veut s’engager dans l’armée américaine pour aller en Europe, en découdre avec le nazisme. L’ennui pour sa vocation, c’est qu’il est d’un physique squelettique et qu’il ne déclenche guère que les moqueries. Alors cet avorton tente sa chance, encore et encore, en changeant de centre de recrutement tandis que ses amis partent les uns après les autres. Jusqu’au jour où il attire l’attention du Professeur Erskine, qui cherche un sujet incarnant certaines valeurs en vue d’un projet fantastique. Il compte faire de Steve Rogers un super-soldat. Mais l’expérience n’est pas sans danger. Une tentative précédente a déjà créé un monstre. Heureusement Erskine peut compter sur la collaboration du fantasque inventeur, Howard Stark. Mais l’armée américaine veut-elle un super-soldat pour gagner la guerre plus rapidement ou simplement dans un but de propagande ?
La plupart des films de super-héros de ces dernières années (et ceux de Marvel Studios) nous ont vendu l’image d’un héros « slacker », la plupart du temps un peu bouffon, qui tente dans la mesure du possible de se dérober à ses responsabilités. Tout le sens du film est de lui faire découvrir ses pouvoirs ou son rôle à coup de « whoa » incrédule, un peu comme si les cinéastes eux-mêmes avaient du mal a y croire et qu’il leur fallait faire passer la pillule en disant « vous voyez, même le héros à du mal… ». Avec Steve Rogers, l’essence du personnage est tout autre. Il a, dès le départ, une volonté qui l’anime. Et si Joe Johnston s’était plié à la mode, avait fait de Steve un glandeur pour mieux séduire le public familial, le compte n’y aurait pas été. Bon, d’accord, Rogers est peut-être moins volontaire dans le sens où le film démarre en 1942 (contrairement au comic-book où le héros n’attendait pas que l’Amérique s’engage dans la guerre et s’impliquait dès 1941). Dans le même registre, les relations du héros principal avec son ami Bucky sont assez différentes de ce qu’on avait pu voir dans les comics (et en même temps ce n’est pas contre nature). Mais surtout Chris Evans nous donne un Captain America (même s’il faut bien dire que dans les premières minutes la vision de sa tête collée de manière numérique sur un acteur bien plus maigre fait un peu penser à la tête de femme qu’on greffe sur un corps de chien dans Mars Attaks). Surtout (et la nuance est sans doute importante pour la perception en dehors des USA), le scénario distancie le héros d’une certaine notion de propagande, qu’il incarne dans un premier temps avant d’assumer véritablement les valeurs qu’il poursuivait dès le départ. Niveau « love interest » Hayley Atwell donne vie à Peggy Carter en faisant une femme des « forties » mais également un personnage qui ne se cantonne pas à jouer les faire-valoirs.
Joe Johnston a, par rapport aux réalisateurs récents qui se sont succédés chez Marvel Studios, une difficulté supplémentaire : l’essentiel de son film se déroule dans les années 40, ce qui nécessite un côté rétro sans pour autant faire dans le ringard. Et pour le coup aller chercher un réalisateur qui a à son CV quelques participations à des films comme Indiana Jones (d’ailleurs il ne se prive pas d’y faire ouvertement allusion dans Captain America: First Avenger) ou encore la direction d’un Rocketeer, c’est assurément une bonne idée. En fait je dirais même que c’est la meilleure des idées puisque Johnston nous donne quelque chose qui a l’énergie d’un serial mis au goût du jour pour le public de 2011. Le film a quand même un « ventre mou » passé la première moitié (tant que Captain America se « construit », quand il en est encore à se bricoler des costumes et à partir en mission en douce). Et même si Hugo Weaving incarne un Red Skull efficace (ah, mazette, la scène du tableau !) je n’aurais pas craint de le voir tenir un rôle beaucoup plus physique dans le combat final (avec le masque, ce n’est tout à fait comme si un cascadeur ne pouvait pas le remplacer pour quelques plans). Il y a donc, oui, quelques lenteurs par endroit mais Joe Johnston est globalement un excellent gestionnaire des scènes d’action. On ne s’ennuie certainement pas…
Qui plus est le lecteur de comic-books trouvera son lot de pépites (à commencer par la présence d’un autre super-héros de Marvel se tenant au beau milieu d’une image, pour qui sait regarder). Les allusions sont nombreuses (par exemple il y a un clin d’oeil au bouclier radiocommandé que Stark avait refilé à Captain America dans un épisode des Vengeurs). Et la scène du revéil doit, à mon sens, énormément au premier épisode des Twelve de JMS. MAIS, et c’est là aussi une nouveauté, les allusions sont gérées de manière à ne pas handicaper la perception du grand public. Vous voyez les clins d’oeil ? Très bien, tant mieux pour vous. Mais si au contraire vous n’êtes pas dans la confidence les pépites en question ne vous géneront pas. On est loin, sur ce plan, de certaines lourdeurs de Thor qui y allait à coup de « collègue expérimentant les rayons gamma » ou d’archer prenant un long moment avant de décider de ne pas tirer, juste pour « placer » un personnage qui servira plus tard. On échappe aussi aux longues scènes d’explication de Green Lantern, trop centrées sur l’histoire du Corps. Là, les choses sont autrement mieux tournées, beaucoup plus homogènes, « viewer-friendly »…
En définitive Captain America: First Avenger est, à mon sens, un excellent divertissement. Et en ce qui concerne les productions de Marvel Studios, malgré quelques lenteurs mentionnées, il est à mettre en haut du panier. A mon avis, à ce jour, la barre restait tenue par le premier film d’Iron Man. Mais celui-ci profitait de l’effet de surprise (personne ne savait trop à quoi s’attendre de la part de Marvel). Depuis, on n’avait pas retrouvé si bien. Captain America: First Avenger le dépasse à mon avis, puisque lui était attendu au tournant. Alors bien sûr la fin tombe un peu à sec et le tout ne peut se prendre que comme un prologue du futur film Avengers mais l’efficacité est de mise. Reste à voir si Captain America saura garder toute sa pertinence dans ses aventures « modernes » dans ses exploits au sein des Vengeurs. En attendant First Avenger s’installe tranquillement à la première place des films de super-héros de 2011. Espérons que le public non-américain saura lui donner sa chance sans s’arrêter à de simples histoires de drapeau. Ce film, qui est une excellente surprise, mérite de faire un carton…
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