[FRENCH] « Vous penserez qu’un homme peut voler » disait en son temps la promotion du tout premier film Superman. Nous sortons à l’instant de la projection de presse du film Iron Man et notre équipe a été… rassurée. Si rien n’est parfait dans ce bas monde et si l’on détecte quelques marges de progressions dans certains endroits (le montage de certaines scènes), le film de Jon Favreau nous donne un Iron Man qui tient la route… excusez, le ciel… et ne demande, déjà, qu’à s’envoler vers quelques suites…
Ouf, s’il ne nous appartient pas de décider si oui ou non Iron Man courtisera les hauteurs du box-office, le premier essai de Marvel en termes de production directe est tout à fait efficace, dès les premières minutes (qui ne vous surprendront guère puisqu’elles sont en grande partie présentes dans le teaser du film). Robert Downey Jr. EST Tony Stark. Il suffit de quelques répliques pour s’en convaincre. Et ses différentes armures, comme nous l’avions déjà vu dans les visuels déjà diffusés, semblent sortir du carnet à dessin d’Adi Granov. Sur l’angle de la fidélité, souci constant des fans en cas d’adaptation ciné, il n’y a donc pas de problème à avoir. C’est bien un Iron Man véritable qu’on a à l’écran et pas le délire d’un réalisateur qui se serait dit « Hum, et si je changeais ça ou ça… ».
Tony Stark apparaît dans toute sa splendeur : à la fois efficace, rusé, intelligent, mais complètement décadent. C’est un personnage fort aux pieds d’argile avant même de devenir Iron Man, avec des petites touches qui tantôt renvoient au run de Michelinie et Layton, tantôt évoquent Armor Wars ou d’autres arcs célèbres de la série. Stark/Downey Jr. est un personnage attachant parce qu’il est comme un gamin espiègle. Sauf que là, bien sûr, le sale gosse a le doigt sur un bouton déclenchant des missiles. Je me suis pris à un moment à penser que plusieurs sources de malentendus étaient réunies dans ce personnage et ce film. Parce que je les vois d’ici, les tirades qu’on va nous servir sur le super-héros gendarme du monde et défenseur des valeurs de l’Amérique. C’est un film américain, c’est un super-héros et dans le civil, il est marchand d’armes. Et j’oubliais : l’histoire contient son lot de terroristes venus du Moyen-Orient. Je les vois d’ici, donc, les quelques pamphlets francophones qui vont nous affirmer envers et contre tout que le « Iron Man » de ce film, c’est Bush. Rien ne saurait être plus faux… Quand Stark devient Iron Man, il est mis devant ses contradictions. C’est là que les choses se jouent, que ce film n’est pas qu’une histoire de mec en armure volante. Il y a un débat interne sur la responsabilité. Cette phrase sur les fameux « grands pouvoirs » qu’affectionne tant Spider-Man s’applique ici aussi. En un sens ce n’est pas Stark qui dessoule, c’est l’Amérique qui se retrouve dans un lendemain de cuite, confronté à son propre côté « guerrier ». Sans qu’il s’agisse de vanter une profondeur philosophique qui n’a pas lieu d’être, il y a quelque chose derrière ce film qui ne se limite pas à savoir si Iron Man va gagner contre le Iron Monger… À certains égards, quelques angles et réflexions sur le terrorisme et comment la société se nourrit de la peur, le film m’a fait penser au dernier Batman en date…
Sur les prestations d’acteurs, nous l’avons dit, Downey Jr. assure le show et s’éclate de manière tangible. Il y en aura certains pour traiter Pepper Potts de grande duduche jouant les potiches, mais finalement quand on voit l’importance du rôle dans le film, c’est sans doute le faire-valoir féminin qui s’en tire le mieux à ce jour dans un film Marvel. Sans elle, le héros ne pourrait exister. Gwyneth Paltrow n’est pas la vedette du film, mais ce n’est pas non plus ce qu’on lui demande et elle s’en tire très bien. En particulier quand on compare les scènes Tony/Pepper avec ce qu’on a pu voir dans Spider-Man #3 lors des scènes de couples. Ici les acteurs ont quelques années de plus d’expérience et ça se sent. On aimerait juste que Pepper et Rhodey aient un peu plus d’humour et que toutes les bonnes « one-liners » ne soient pas concentrées sur Stark. Jeff Bridges, dans le costard d’Obadiah Stane, est diablement efficace lui aussi. Sur les problèmes, on citera surtout les compressions chronologiques (dues au fait qu’il faut tout comprimer dans un film de deux heures…) qui font que la notion de temps est un peu saccagée. On a l’impression que certains gadgets de l’armure ou que le Iron Monger sont inventés en l’espace d’une demi-journée. C’est sans doute le prix à payer pour qu’un maximum de choses tiennent. Mais, globalement, le constat est bon et Iron Man gagne ses galons sans problème…
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