Review: Comment je suis devenu un super-héros

Review: Comment je suis devenu un super-héros

2 juillet 2021 Non Par Pierre Bisson

Dire que Comment je suis devenu un super-héros était attendu est un euphémisme. Réalisée par Douglas Attal, la sortie en salle de l’adaptation du roman éponyme de Gérald Bronner a été plusieurs fois repoussée, Covid oblige. C’est finalement sur Netflix le 9 juillet prochain que vous pourrez découvrir ce film de super-héros à la française.

Si les super-héros français ne sont pas très connus, ils existent bien. Notre comparse, Xavier Fournier, les a d’ailleurs mis en avant dans deux de ses ouvrages. Dans les médias, c’est la référence Hero Corp de Simon Astier qui revient quand on parle du thème. Douglas Attal s’attaque donc à un genre peu représenté dans le paysage audiovisuel français. Basé sur le roman de Gérald Bronner (sorti en 2007), l’action a été délocalisée de New York à Paris. On découvre le lieutenant Gary Moreau (Pio Marmaï), spécialiste des super-héros au sein de la police. Désabusé et sur le déclin pour une obscure raison, Moreau doit replonger dans le monde des « super » quand un traffic de drogue donnant des pouvoirs est découvert. Sa nouvelle partenaire, le lieutenant Cécile Schaltzmann (Vimala Pons) a du mal à cerner Moreau. Pour mener à bien cette enquête, le duo fera appel à d’anciennes connaissances de Moreau : les ex-justiciers Callista (Leïla Bekhti) et Monté Carlo (Benoît Poelvoorde). Si la première a complètement rangé son costume, le second vit dans le souvenir de son succès. Quel secret cache Moreau qui pourrait faire basculer la situation ? L’ancien agent de liaison des super-héros expliquera-t-il comment il a perdu foi en lui ?

DE ZÉRO À HÉROS

Le spectateur découvre cette version du monde à travers les yeux de Moreau. Proche de la quarantaine, le lieutenant est proche de nombreux flics des productions hexagonales : désabusé, il n’est pas porté sur la bouteille mais sur la bouffe, il est en retard, bâcle ses enquêtes… Mais il a ce petit plus qui fait que des les premières minutes, on accroche. Il est quand même moins morose que les policiers d’Olivier Marchal. Il prend tout à la légère, enchaîne les pics envers ses collègues. Il sert de guide au public pour entrer dans cet univers si « spécial ». On comprend à travers de courts flashbacks qu’il a subi un traumatisme quand il était agent de liaison du Pack Royal, un trio de justiciers (Poelvoorde, Bekthi et Clovis Cornillac). Ce fil rouge nous fait tenir jusqu’à la révélation finale. 

COÉQUIPIERS DE CHOC

Le film est porté par son casting, Poelvoorde en tête. Dans le rôle de Monté Carlo, il campe un has been en quête de grand retour. Jouant sur ses mimiques et phrasés habituelles, il fait son show à chaque apparition. Comme on le connaît, il sait aussi émouvoir et les failles du personnage sont un aspect non négligées par le réalisateur et les scénaristes. Leïla Bekthi est plus que crédible quand il s’agit de jouer les super héroïnes. Elle, qu’on a plutôt l’habitude de voir dans des rôles sérieux (même si récemment, elle était hilarante dans la série TV La Flamme), change de registre pour notre plus grand plaisir. Seul bémol, Swann Arlaud dans le rôle du méchant. Attention, ce n’est pas l’acteur qui n’est pas bon, mais c’est un vilain un peu trop stéréotypé. 

DU GRAND AU PETIT ÉCRAN

On doit vous avouer un secret : nous avons eu le privilège de voir Comment je suis devenu un super-héros sur grand écran en novembre dernier. À cette époque, le film était encore prévu en salles au printemps 2021. Si le film n’avait pas les moyens des duper-productions américaines, il n’avait pas à rougir face aux géants Marvel et DC. Le film mélange subtilement deux styles qui fonctionnent en France : le polar et les pouvoirs. Dès les premiers minutes, on comprend qu’il y a un aspect fantastique dans cette histoire. Par la suite, le côté policier reprend le dessus, tout en parsemant le tout de super-pouvoirs « basiques ». D’ailleurs, le côté pouvoir de synthèse qui est donné par la drogue n’est pas poussé à l’extrême. Faute de moyens peut-être, Attal et son équipe utilisent trop souvent les mêmes pouvoirs. Ok, l’intrigue explique qu’il faut piquer les pouvoirs d’un « spécial » pour les synthétiser, mais on aurait aimé un peu de variations dans les dons obtenus. Malgré tout, le film était fait pour être projeter en salles. Hasard du calendrier, Comment je suis devenu un super-héros sera disponible sur Netflix la même semaine où Black Widow de Marvel sortira en salles. S’il était sorti en salles, la concurrence aurait été rude avec tous les films programmés ces prochaines semaines. On espère que le passage sur la plateforme de streaming permettra au réalisateur de monter une suite plus facilement. Car il y en a des choses à explorer. 

EN SURFACE

Le monde dans lequel évolue Moreau est à peine effleuré. Il y a plusieurs questions qui restent en suspens. Tout d’abord, on ne voit pas trop comment les « Super » sont passés de héros à simples produits marketing. Si on fait le parallèle avec l’univers de la série TV The Boys, certains metas sont à la fois des héros et des objets publicitaires, et d’autres vivent « normalement » dans la société. Ici, on comprend que les mutations augmentent et que n’importe qui peut avoir des pouvoirs.m et les utiliser au quotidien. Mais alors que sont devenus les super-vilains et les super-héros ? A croire qu’il n’y avait que le Pack Royal qui collaborait avec les autorités…? La fin ouverte donne envie également d’en voir plus. Si aucune suite (film, série ou même comics) n’est prévue, on espère que le succès sera là pour approfondir cet univers spécial. 

[Pierre Bisson]

Comment je suis devenu un super-héros – De Douglas Attal, avec Pio Marmaï, Vimala Pons, Leïla Bekthi, Benoit Poelvoorde et Swann Arlaud – Disponible le 9 juillet 2021 sur Netflix