Review : Creature Commandos – Saison 1

Avec Creature Commandos, James Gunn inaugure un nouveau chapitre dans l’histoire tumultueuse de DC au cinéma et à la télévision. Ce pari audacieux commence avec cette série animée, premier jalon de DC Studios. Mais est-ce un véritable tremplin pour l’avenir ou simplement une expérience télévisuelle vite oubliée ?

Depuis son arrivée à la tête de DC Studios aux côtés de Peter Safran, Gunn a entrepris de repenser entièrement l’univers cinématographique DC, enterrant le Snyderverse (au cinéma) et le Arrowverse (à la télévision) pour proposer une vision plus cohérente et ambitieuse. Le premier chapitre intitulé Chapter One : Gods and Monsters débute avec Creature Commandos avant sur le petit écran, avant Superman au cinéma l’été prochain.

Le crépuscule du Arrowverse

Coïncidence ou volonté de marquer le coup, la diffusion du dernier épisode de l’ultime saison de Superman & Lois cette semaine marque officiellement la fin du Arrowverse, un univers télévisé qui a été le fer de lance des adaptations DC pendant plus d’une décennie. Avec des séries phares comme Arrow, The Flash ou encore Supergirl, cet univers a connu ses hauts et ses bas, mais il a su créer une communauté de fans solide. Après un final exemplaire, Superman & Lois conclut une aventure télévisée… et Creature Commandos en début une nouvelle. Cette transition vers un nouvel univers télévisé et cinématographique partagé, orchestré par James Gunn représente un tournant majeur. Creature Commandos, bien qu’animée, s’inscrit pleinement dans ce renouveau. Mais le choix de commencer par une série aussi décalée, mettant en scène une escouade de monstres aux missions suicidaires, est-il réellement pertinent pour poser les bases du futur DCU ?

Une Suicide Squad version monstrueuse

Creature Commandos adopte une structure narrative et un ton qui rappellent fortement le film The Suicide Squad de 2020 et Peacemaker, la série TV de 2022, tous les deux écrits et dirigés par James Gunn. On retrouve cette même recette : un groupe de marginaux forcés de travailler ensemble, un humour noir omniprésent, des scènes d’action brutales, et des touches de provocation. Mais cette fois, au lieu de super-vilains classiques, ce sont des créatures monstrueuses qui prennent le devant de la scène : the Bride alias la fiancé de Frankenstein (Indira Varma), Nina, une jeune femme amphibie (Zoë Chao), Dr. Phosphorus, une être condamné à émettre des radiations mortelles (Alan Tudyk), G.I. Robot, un robot tueur de nazis et Weasel, une créature croisement entre un dingo et un humain (tous deux doublés par Sean Gunn). Amanda Waller (toujours interprétée par Viola Davis, qui continue de briller dans ce rôle) les envoie en mission sous la houlette de Rick Flag Sr. (Frank Grillo). Ils doivent protéger la Princesse Iliana de Pokolistan (Maria Bakalova), menacée par Circe (Anya Chalotra) la magicienne. L’équipe est aussi poursuivie par Frankenstein (David Harbour) qui cherche à reconquérir son épouse.

Malheureusement, si l’idée de base est intrigante, elle perd rapidement de sa fraîcheur, au fur et à mesure des retournements de situations. Chaque épisode suit le même schéma narratif : un fil rouge à savoir la protection de la princesse et un retour sur les origines d’un des personnages. Les sept épisodes offrent une dose généreuse de violence et d’humour mais une fois la surprise initiale passée, on se retrouve face à une formule qui tourne en rond. Heureusement, les vingts minutes de chaque épisode permet de garder un rythme effréné et donnent envie d’y revenir pour découvrir les secrets de l’intrigue.

La grande question que se posent tous les fans de DC est : comment s’intègre Creature Commandos dans les autres projets de Gunn ? Sans trop en dévoiler, nous dirons que le réalisateur ne renie pas ces autres créations. En effet, Rick Flag Sr. est bien le père de de Rick Flag Jr. décédé dans The Suicide Squad. Frank Grillo sera d’ailleurs le lien entre Commandos, Superman et la saison 2 de Peacemaker prévue pour août 2025. D’autres éléments sont mentionnés ça et là mais on ne sait pas comment Gunn les intégrera dans son grand projet qu’est DC Studios.

Une animation au carrefour des influences

L’un des points les plus convaincants de Creature Commandos est sans doute son animation. Visuellement, la série se situe à mi-chemin entre les dernières productions de DC Animation, comme Young Justice ou Crisis on Infinite Earths et des œuvres de la concurrence comme Invincible chez Amazon Prime. Le style graphique est à la fois stylisé et détaillé, avec des scènes d’action dynamiques et une direction artistique audacieuse qui met en valeur les designs excentriques des personnages. La violence très graphique et la nudité frontale ne permettra pas à toute la famille de se divertir devant cette série.

Une introduction prometteuse

Creature Commandos est un premier pas dans la reconstruction du DCU, mais ce n’est pas une œuvre qui restera dans les mémoires. La série remplit son rôle de divertissement léger, mais ne parvient pas à capturer l’essence de ce qui pourrait rendre le nouveau DCU exceptionnel. Elle s’adresse clairement aux fans de l’humour et de la violence décomplexée qui caractérisent le style de Gunn, mais elle risque de laisser sur le carreau ceux qui attendent un univers plus riche et nuancé. 

Creature Commandos est un point de départ correct pour DC Studios, mais qui manque de profondeur et d’innovation. L’animation est une réussite, et les fans des travaux précédents de James Gunn y trouveront sans doute leur compte, mais la série peine à poser des bases solides pour l’avenir. Alors que Gunn dévoilera bientôt son projet bien plus ambitieux, son film Superman, on espère qu’il saura explorer de nouvelles facettes de sa créativité pour offrir un univers DC capable de rivaliser avec Marvel sur tous les fronts.

Creature Commandos – Série d’animation en sept épisodes écrite et réalisée par James Gunn – Disponible à partir du 5 décembre 2024 sur Max (les deux premiers épisodes puis un épisode hebdomadairement)

[Pierre Bisson]