C’est aujourd’hui que sort en DVD/Bluray les Gardiens de la Galaxie vol.2 et puisqu’à l’origine ce film est sorti dans les salles obscures alors que comicbox.com marquait une pause, profitons-en pour combler la lacune, pour ceux qui se demandaient ce que nous en avions pensé. Après des années passées à pleurer la mort de sa mère, Peter Quill (Chris Pratt), alias le légendaire Star-Lord, ne va pas tarder à avoir des nouvelles de son père, alors que la complicité entre les Gardiens de la Galaxie semble en prendre un coup.
Continuant leur carrière de mercenaires héroïques, les Gardiens de la Galaxie finissent par se brouiller avec les habitants d’une planète très puissante et influente. Leur tête à nouveau en danger, ils prennent la fuite, poursuivis par une armada, jusqu’à ce qu’ils soient sauvés par l’intervention miraculeuse du père de Peter Quill, dont ce dernier ignorait jusqu’ici l’identité. Des retrouvailles heureuses, qui ne vont cependant pas tarder de donner à la naissance de Peter une tonalité bien plus sombre. Pendant ce temps Yondu (Michael Rooker), celui qui a enlevé Peter il y a plusieurs décennies, peine à garder son rang dans la société des pirates de l’espace, alors qu’on fait au passage la connaissance de quelques anciens compagnons d’armes…
Faisons gagner du temps à ceux qui n’ont pas aimé le premier Gardiens de la Galaxie : Si c’est le cas, vous ne risquez certainement pas de préférer celui-ci, qui persévère à bien des niveaux dans la même direction. Le quintet formé par Star-Lord, Gamora (Zoe Saldana), Rocket, Drax (Dave Bautista) et Groot continue son chemin dans les étoiles, alternant entre les gags potaches et des moments plus fleur bleue où tout ce petit monde se met à cogiter sur ce qu’est (ou pas) une famille. Si au contraire vous aviez aimé le premier film, alors l’affaire est plus complexe. Le réalisateur James Gunn injecte une nouvelle fois son humour délirant et sa science de l’habillage musical. Mais cette fois la recette est connue et appliquée en boucle. Film drôle, habité par la passion du réal et d’une partie de ses acteurs, ce vol 2 en vient cependant assez rapidement à ressembler à un tour de montagnes russes. C’est à dire qu’après une bonne grosse scène de gag où Drax (ou un autre) se sera illustré par sa compréhension littérale des choses, viendra rapidement une scène d’émotion (voire de sensiblerie selon la finesse ou pas du passage).
C’est à dire qu’assez rapidement on chope le coup : quand on vient de rigoler, le retour de boomerang n’est pas loin, on peut s’attendre à ce qu’un des personnages enchaîne en nous rappelant qu’ils sont une famille. C’est du travail d’orfèvre par endroit. Cela témoigne d’un fin travail d’analyse du réalisateur sur ce qui a fait vibrer le public dans le film précédent. Mais les limites de l’exercice font que c’est aussi mécanique et qu’une fois qu’on a pris le rythme, on est capable d’anticiper les changements d’ambiances. C’est (très) sympathique, mais certainement pas inattendu… Problème immédiat pour Gunn : Cette petite famille de cœur s’était rapprochée à la fin du premier film. Pour retrouver une dynamique et des rebondissements à l’identique, le scénario doit donc démonter en partie ce qui s’était fait auparavant. Rocket Raccoon (re)devient la tête à claques qu’il était avant de rencontrer les autres en prison. Il sabote, plus ou moins littéralement, les relations à l’intérieur du groupe, parce qu’il faut un conflit pour que le mécanisme « gunnien » redémarre. En gros il faut inventer une « panne » dans cette famille, de manière à ce qu’on passe une bonne partie du film à la reconstruire.
Assez curieusement Drax, lui, est écrit de manière différente. Dans le premier film c’était un guerrier certes pas très futé mais borné et guidé par un sens déformé de l’honneur et un tantinet suicidaire (c’est ce qui lui faisait révéler leur position à Ronan). Là, il devient un personnage largement moins nihiliste (en dehors du moment où il met sa vie en jeu, au tout début, mais encore est-ce involontairement), qui se distingue par une tendance à tout prendre au premier degré et à réagir sans filtre, une sorte d’hybride entre Karadoc et Perceval de Kaamelott). Pour le coup, les fans de comics comprendront un peu l’évolution. Le Drax du premier film était plus proche de la version comics de Keith Giffen, alors que celui-ci s’apparente plus à « l’idiot » tel que redéfini par Jim Starlin un peu avant Infinity Gauntlet. Ce n’est donc pas une trahison de sa nature, par rapport au matériel d’origine. Et on ne peut pas d’une main dire que Gunn refait la dynamique du premier film et de l’autre main regretter qu’un personnage ait changé. Mais il est dommage que dans le film cette évolution ne soit pas réellement expliquée. Mantis (Pom Klementieff) fait ses débuts à l’écran. La petite nouvelle est un peu en retrait, un peu naïve. Surtout, dans un contexte où la question de la représentativité est de plus en plus posée, on peut s’étonner qu’elle devienne à l’écran 100% extra-terrestre alors que dans les comics elle est l’une des rares héroïnes asiatiques de Marvel. A bien y regarde, on a l’impression que la Mantis de James Gunn est une sorte de cocktail reprenant des éléments de la Mantis des comics avec des bouts de Bug (notamment les antennes, qui lui ressemble plus) autre membre des Gardiens que le réalisateur avait un temps pensé importer à l’écran.
S’il y a une vraie progression dans Gardiens de la Galaxie vol.2, elle vient du côté des « vilains », qui s’emparent plus de l’écran. Et c’est un effet généralisé : Dans le premier film, Ronan n’était jamais qu’un copié/collé du Malekith de Thor: The Dark World sans grande valeur ajoutée, voulant lui aussi se venger en éradiquant des mondes entiers grâce à une des gemmes de l’infini. Et… rien d’autre. Le film fonctionnait en dépit du manque de profondeur psychologique de sa menace principale. Cette fois, même des personnages déjà présents auparavant gagnent quelques nouvelles nuances. A commencer par Nébula (Karen Gillan) et Yondu, qui se voudraient être néfastes mais qui, intérieurement, sont torturés par des sentiments contradictoires et une autre forme de quête familiale. Ego (Kurt Russell), surtout, véritable « boss de niveau » de ce film a une présence, une gouaille, à des années-lumière de ce que pouvait avoir Ronan. A la différence du méchant nihiliste-type, celui-ci, beaucoup plus roublard, opère sur plusieurs canaux et ne déboule pas sur une simple affaire de revanche.
On appréciera d’ailleurs les allusions constantes de Gunn à Jack Kirby. Après les Kree et les Celestials dans le premier opus, cette incursion d’Ego permet de rapprocher beaucoup les Gardiens du Kirbyverse. Il est certain que les liens entre Ego et Quill ne sont pas ceux que l’on peut voir dans les comics mais pour le coup la filiation de Star-Lord dans les comics a toujours été un peu bancale. Y greffer Ego n’est pas appauvrir le(s) personnage(s). Le seul petit truc qui aurait pu pousser la présence Kirby à l’écran aurait été de profiter de la double caméo de Stan Lee (une de ses meilleures apparitions, là aussi en train de parler à des personnages très kirbyesques). Cela aurait été parfait s’il y avait deux astronautes, le second silencieux, avec son casque rabattu et un nom, Kirby, gravé dessus… Dans le même registre d’allusions et pour des raisons qui vaudraient un dossier à elles-seules, le fait de voir Ayesha (Elizabeth Debicki) utilisée comme dirigeante d’une race entière plutôt que comme une création de la Beehive n’est pas aussi iconoclaste qu’il y parait. En fait Gunn fait très fort pour placer des personnages secondaires à l’écran, même s’ils ont parfois des visages inattendus. Typiquement, on n’aurait pas cru voir un jour à l’écran le héros incarné par Sylvester Stallone et on aurait encore moins cru le voir joué par cet acteur. Et puis il y a la promesse d’un autre personnage à venir dans l’univers ciné de Marvel.
Les Gardiens de la Galaxie, premiers du nom, profitaient d’un effet de surprise, une partie du public allant les voir sans trop savoir à quoi s’attendre. Après ce premier succès, ce qui était inattendu est devenu une norme. L’effet de surprise n’est pas le même et à certains endroits Gunn insiste trop sur ses effets comiques (typiquement la première scène de combat, qui sert de générique, avec une utilisation de Baby Groot qui devient un peu lourde et répétitive). Pour autant, les Gardiens refusent de se prendre au sérieux et restent drôles, même si l’on voit venir les vannes par moments. Le film tend bien sûr un peu le flanc à ceux qui trouvent que les films de super-héros ce n’est que de la déconade. Mais dans le même temps il propose aussi une alternative à d’autres qui trouvent que ce genre, au cinéma, vire un peu trop au « dark » ces derniers temps. Personne n’est trompé sur la marchandise et Gunn reste fidèle à lui-même. Il faut dire que lorsque vous avez un raton-laveur et un arbre dans l’équipe, ça aide aussi à faire bouger la SF vers un ton un poil déconnant. Si l’on se projette vers ce qui devrait être au moins une trilogie, on se dit que le réalisateur devra renouveler certaines choses. Mais peut-être que le personnage mentionné vers la fin reflète justement ce capital de renouvellement. Dans tous les cas les fans des Gardiens version comics devraient se retrouver dans ce Vol.2
[Xavier Fournier]Gardiens de la Galaxie vol.2, en DVD et DVD/Bluray sorti le 6 septembre 2017
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