Le film d’Ang Lee l’avait amèrement démontré, il est difficile d’adapter un personnage aussi complexe que Hulk sur grand écran. Comment arriver à rendre attachant ce monstre vert en évitant de tomber dans la guimauve hollywoodienne ou bien dans le long clip « MTV » enchaînant les séquences d’action musclées numériquement ? Eh bien, ce film semble avoir trouvé la réponse à cette épineuse question en la personne de Zack Penn, qui a pondu un scénario finalement assez simple mais correspondant parfaitement à un retour réussi sur grand écran.
L’idée est simple : il faut éviter de perdre du temps avec l’exposition classique. Le spectateur prend l’histoire (et l’action) en cours. Voilà deux ans déjà que Bruce Banner est passé du statut de scientifique travaillant pour l’armée à celui de fugitif. Suite à une expérience ratée, il essaie de cohabiter avec Hulk, une créature verte et surpuissante, qui libére son pouvoir sous l’effet de la colère. Poursuivi sans relâche par le général « Thunderbolt » Ross et sa nouvelle recrue Emil Blonsky, Banner retourne chez lui à la recherche des données de l’expérience qui l’a transformé…
Bien sûr, L’Incroyable Hulk est un film d’action d’1h52 parfaitement formaté pour correspondre aux attentes des fans de « pop-corn movies ». La bande-annonce vous promet de la baston et des explosions à foison et vous ne serez pas déçus. Toutefois, il serait dommage de réduire ce métrage à cela. A l’opposée d’un Iron Man qui prend son temps pour introduire son héros et ses origines, L’Incroyable Hulk part du principe que le spectateur sait d’emblée avec qui il a affaire et que tout le monde connaît son histoire. L’accident et le passé de Bruce Banner sont rapidement abordés au début du film par le moyen de flash-back. Ici, on ne parle pas de la naissance d’un super-héros, mais bien de sa renaissance. La renaissance de Hulk auprès des spectateurs. Le retour du « monstre » endormi et la renaissance du couple Bruce Banner-Betty Ross.
Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, la réalisation de Louis Leterrier se révèle assez sobre par rapport à son CV cinématographique/pyrotechnique (Le Transporteur et sa suite, Danny The Dog). Hormis quelques ralentis « matrixiens » sur Hulk durant des scènes de combat, le réalisateur français a finalement réussi à domestiquer la bête en lui sans tomber dans le piège de la surenchère numérique. Il a su tirer parti de ses acteurs en leur offrant de magnifiques séquences. Leterrier a fait son trou à Hollywood et cela se sent ! En même temps, il pouvait difficilement se planter avec la brochette de stars qu’il avait devant la caméra. Peut-être faut-il, d’ailleurs, voir derrière cette nouvelle sobriété l’implication, qu’on a dit très forte, de l’acteur principal du film Edward Norton.
L’interprétation des acteurs, d’ailleurs, participe à la qualité du film. Edward Norton et Liv Tyler arrivent à rendre crédible l’histoire d’amour tragique unissant Banner et Betty avec brio. L’actrice arrivant même à sortir son épingle du jeu dans les scènes de « tête-à-tête » avec le géant vert ou dans certaines séquences qui plairont aux admirateurs de la Betty des comics. Du côté des méchants, William Hurt se retrouve effacé par le talentueux Tim Roth qui campe un Emil Blonsky vindicatif à souhait. La seule déception du casting étant sans doute Hulk, lui-même, certaines séquences mettant en scène la version numérique du monstre étant moins réussies que d’autres. Heureusement, dans l’ensemble, la créature tient la route et s’avère beaucoup plus réussie que l’Abomination, qui aurait mérité un peu mieux.
Et les fans des comics dans tout ça ? Eh bien, ils sont logés à la même enseigne que les fans de la série TV des 70s. Le film assume pleinement ses influences et affiche à l’attention des « initiés » de nombreux clins d’œil et cameos en tout genre. Ainsi, le spectateur attentif aura plaisir à retrouver ici ou là, une référence à tel personnage de la bande dessinée, à reconnaître Stan Lee ou Lou Ferrigno ou encore à retrouver les premières notes du générique de la série TV. Bref, les connaisseurs se régaleront de ces petits biscuits qui leur sont offerts tout au long du métrage. Et Tony Stark en personne passe même parler d’un « projet » d’équipe. Enjoy !
La grosse déception du film réside sans doute dans sa fin un peu hâtive. Un peu comme pour Iron Man, le film « se devait » de finir avec un combat final. Malheureusement, cette baston de monstres numériques a du mal à séduire les foules. Certains aimeront sans doute ce final vite expédié, mais d’autres regretteront une montée en puissance mal maîtrisée et l’absence physique des deux acteurs Edward Norton et Tim Roth, une des limites du numérique.
Même s’il est clairement moins « rock’n’roll » qu’un Iron Man, L’Incroyable Hulk « smash » et enterre le regrettable malentendu cinématographique de 2003. Il faut voir ce film comme un bon petit divertissement d’été : sans prétention et très rafraîchissant. Pour leur deuxième production maison, les studios Marvel nous proposent au final une agréable surprise. En présentant un film formellement assez réussi, avec des personnages qui tiennent la route et suffisamment de matière narrative pour développer différentes intrigues annexes issues de l’univers des comics, les studios Marvel confirment que, désormais, il va falloir compter avec eux. Plutôt encourageant pour la suite !
[Yann Belloir]L’Incroyable Hulk – Sortie en France : 23 juillet 2008
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