Review: SOS Fantômes : La menace de glace
10 avril 2024SOS Fantômes : La menace de glace, le nouveau volet de la franchise culte Ghostbusters, arrive sur nos écrans avec la promesse d’une aventure surnaturelle palpitante. Mais si son prédécesseur, SOS Fantômes: Afterlife, avait réussi à rallumer la flamme des chasseurs de fantômes enfouie en nous, on termine cet opus en se demandant si elle va le rester encore longtemps.
Froid polaire
L’histoire se déroule après les événements de SOS Fantômes : Afterlife, où une jeune génération a découvert l’héritage laissé par les originaux. Phoebe Spengler (McKenna Grace), son frère Trevor (Finn Wolfhard), sa mère Callie (Carrie Coon) accompagnée de son petite ami Mr. Grooberson (Paul Rudd) ont quitté l’Oklahoma pour New York. Ils ont repris « l’affaire de famille » : casser du revenant. Mais leur inexpérience, et le doute suscitée par leur activité au sein de la mairie (où on y retrouve une figure familière pour les fans de la franchise), mettent Phoebe sur la touche. Se sentant abandonnée, elle va se rapprocher d’une jeune fantôme (Emily Alyn Lind) qui semble cacher un lourd secret. Cela ne serait-il pas lié à la mystérieuse orbe récupérée par Ray Stantz (Dan Aykroyd) ?
Jungle urbaine
Le film rend hommage aux précédents volets de la franchise à travers de nombreux clins d’œil et références subtiles. Que ce soit à travers les fantômes que l’on croise au fond d’un couloir ou via des visages bien connus de l’univers de Ghostbusters. Normal, car la saga est toujours portée par Jason Reitman, fils de feu Ivan Reitman, le réalisateur des deux films originaux. Jason n’est ici que co-scénariste, laissant son fauteuil de réalisateur à Gil Kenan, l’autre co-scénariste (également co-scénariste avec Reitman d’Afterlife, vous suivez ?) Sorti trois ans plus tôt, Afterlife était un digne héritage des Ghostbusters (oubliant totalement le reboot de 2016). Reitman nous y présentait les descendants d’Egon Spengler (le regretté Harold Ramis) en plein cœur de l’Oklahoma. Un dépaysement qui permettait de tester d’autres choses, tout en donnant un côté Stranger Things (dans le bon sens du terme) à l’ensemble, la présence de Finn Wolfhard (Mike Wheeler dans la série TV). Dans La menace de glace, les scénaristes ont choisi de ramener tout le monde dans la Gross Pomme. Mais c’est là un défaut majeur : le manque de visibilité de New York. L’une des caractéristiques les plus emblématiques de la franchise SOS Fantômes est l’utilisation dynamique de la ville de New York comme toile de fond. Dans les deux premiers films de 1984 et 1989, la ville était presque un personnage à part entière, ajoutant une dimension supplémentaire à l’histoire. On se souvient tous de la scène de Bill Murray dansant à cloche pied autour de la fontaine du Metropolitan Opera ou du verre partagé par les trois chasseurs de fantômes sur les marches de Columbia.
Malheureusement, dans La menace de glace, cette connexion avec New York semble diluée. Les décors urbains caractéristiques sont relégués au second plan, et l’action se déroule dans des environnements plus génériques, puisque la plupart des scènes intérieures ont été tournée à Londres. Seule la course poursuite à bord de l’Ecto-1 au début du film nous immerge au cœur de la ville. Cette absence de l’essence même de New York laisse un vide palpable dans le film, privant les spectateurs d’une part essentielle de l’expérience SOS Fantômes.
Le choc des générations
Les performances des acteurs principaux dans SOS Fantômes: La menace de glace sont indéniablement solides, McKenna Grace et Paul Rudd en tête. L’ancienne génération composée d’Ernie Hudson et Dan Aykroyd, a un rôle bien plus important qu’un énième cameo pour le « fan service ». Et même si Billy Murray vient « cachetonner » pour une quinzaine de minutes à l’écran, on est content de revoir ces personnages en action !
Cependant, malgré le talent de ces acteurs, l’intrigue de La menace de glace laisse à désirer. L’histoire se contente de suivre un schéma narratif prévisible et souvent simpliste. Alors, d’accord, les autres films n’ont jamais brillé par leur complexité, mais l’enjeux était bien plus important qu’ici. On aurait aimé une tempête glacière qui dure plus que quelques instants. Il y avait de quoi faire une quête dans un New York gelé et postapocalyptique, plutôt qu’une bataille sans saveur au sein du QG en briques des Ghostbusters. L’antagoniste ectoplasmique fait pâle figure face au bibendum chamallow ou au torrent de slime dans les égoûts de New York. Dans Afterlife, le retour de Gozer n’était pas non plus spectaculaire (puisque que c’était une grotte) mais la délocalisation en Oklahoma se prêtait bien à ce choix. La réunion des deux générations aurait mériter un grand spectacle !
SOS Fantômes: La menace de glace est un film sympathique et familiale qui saura probablement satisfaire les fans de la franchise. Malgré ses efforts louables pour honorer l’héritage de Ghostbusters, le film aurait pu bénéficier d’une exploration plus approfondie de son univers et d’une intrigue plus élaborée pour réellement captiver le public. La nostalgie peut être un atout puissant, mais elle ne peut pas compenser les défauts d’un film, et Hollywood semble l’oublier ces derniers temps…
[Pierre Bisson]SOS Fantômes : La menace de glace – Réalisé par Gil Kenan – McKenna Grace, Paul Rudd, Finn Wolfhard, Dan Aykroyd, Carrie Coon, Ernie Hudson, Emily Alyn Lind et Bill Murray – En salles le 10 avril 2024 – Sony Pictures
Crédits photo : © Sony Pictures