Review : Super/Man : L’Histoire de Christopher Reeve

Le documentaire Super/Man : L’Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de l’acteur emblématique qui a incarné Superman et explore la force de caractère d’un homme face à une épreuve terrible : l’accident qui a bouleversé son existence. En s’appuyant sur une narration poignante qui tisse avec brio les différentes décennies, le film révèle une facette méconnue de Reeve, celle de l’homme résilient, passionné par sa famille et déterminé à surmonter l’adversité.

De Superman à l’Homme

Lorsque l’on pense à Christopher Reeve, c’est souvent l’image de Superman, l’homme d’acier, qui nous vient en tête. La synchronicité de la vie fait que deux documentaires lui sont consacrés en l’espace d’un mois. Tout d’abord, celui qui nous intéresse aujourd’hui et un second Christopher Reeve, le Superman éternel, réalisé par le duo de Philippe, Guedj et Roure (déjà auteurs de Marvel Renaissance), qui sera diffusé le 25 octobre sur TMC (nous vous parlerons très prochainement). Connu pour son rôle dans les quatre films Superman, Reeve est devenu une figure internationale de courage, de droiture et de puissance. Ce documentaire ne se contente pas de retracer l’ascension de Reeve vers la gloire mais nous convie dans l’intimité d’un homme faisant face au plus gros obstacle de sa vie : sa « renaissance » après l’accident l’ayant laissé tétraplégique. Si les premières images nous montrent l’acteur dans son rôle de Superman, on nous dévoile ensuite le jour tragique du 27 mais 1995 où, alors qu’il participait à un concours d’équitation, Christopher Reeve fait une chute de cheval lui brisant deux vertèbres cervicales et sectionne sa moëlle épinière.

Entre deux époques

Le documentaire alterne entre la genèse de l’acteur, formé à la Juilliard School de New York, prestigieuse école de théâtre, ces petits rôles au théâtre jusqu’à l’apothéose de Superman., mais surtout sur l’impact de ce rôle iconique qui a marqué à jamais la culture populaire. Le film excelle particulièrement dans sa narration en tissant habillement ces deux époques. Ce passage constant entre les deux périodes de sa vie crée un rythme prenant qui permet de mesurer à quel point Reeve a dû reconstruire son existence.

Les réalisateurs du documentaire, Ian Bonhôte et Peter Ettedgui, optent pour une approche intimiste qui nous fait vivre, avec une grande émotion, les moments les plus marquants de sa carrière, mais aussi de sa vie personnelle. Il est d’ailleurs important de noter la profusion d’images d’archives. Pas seulement les multiples interviews que l’acteur a pu donner durant sa carrière, mais surtout les images filmées par la famille Reeve durant toute leur vie. À une époque où les caméscopes et appareils photos étaient plus rares qu’aujourd’hui (et avant tout dur à conserver), c’est impressionnant de pouvoir obtenir autant d’images. La narration de l’acteur tout au long du film, à travers des extraits de son audio book Still me, renforce l’impression de proximité avec l’histoire.

Un acteur, un combattant

La juxtaposition entre l’homme invincible à l’écran et l’homme brisé mais résilient dans la vie réelle est au cœur du film. Il est passé de l’icône inébranlable qu’était Superman à un homme confronté aux plus grandes vulnérabilités, mais dont la force morale est devenue un nouveau symbole d’espoir. L’un des thèmes centraux du film est la résilience de Christopher Reeve face à l’adversité. Après son accident, beaucoup auraient pu sombrer dans le désespoir. Pourtant, Reeve a choisi un autre chemin : celui de l’engagement, de l’action, et surtout de l’espoir. Il n’est pas simplement devenu un symbole de lutte contre les handicaps physiques, mais également un militant actif pour la recherche sur les lésions de la moelle épinière. Il s’est battu pour sensibiliser l’opinion publique et pour financer la recherche. Il a développé une nouvelle mission : utiliser sa notoriété pour améliorer la vie des autres, notamment par le biais de la Christopher Reeve Foundation. On y évoque aussi sa position controversée sur l’utilisation des cellules souches. Certains se souviendront que même South Park avait abordé le sujet en faisant de l’acteur un personnage sombre avide de pouvoir. Le film ne parle pas de cette parodie mais relate certains coups publicitaires qui avait écorché l’image du héros. On découvre également un homme engagé en politique et écologie bien avant son accident. Son statut de « Superman » lui a permis de compter parmi ses relations de multiples présidents des États-Unis et des politiciens comme John Kerry, qui témoigne de l’engagement de Reeve tout au long de sa vie. Le documentaire revient aussi sur la carrière de Reeve avant et après l’accident. Son rôle de Superman lui a collé à la peau tout au long de sa vie. Sa carrière en a souffert et même s’il a impressionné par sa capacité à se fondre dans les personnages qu’il a incarné, il n’a jamais réussi à se défaire de l’image de l’Homme d’acier. Post-accident, et après quelques années de rééducation, Reeve a rejoué et même réalisé. Preuve encore de la force et de la volonté de cet homme.

Une histoire d’amour

Si le documentaire explore la carrière et la lutte de Christopher Reeve, son véritable cœur est son histoire d’amour avec Dana Reeve et sa relation avec ses enfants. La tendresse et le soutien inébranlable que Dana lui a apportés après son accident sont un aspect central du film. C’est une véritable ode à l’amour, à l’engagement et à la famille qui se révèle sous nos yeux. Encore une fois, les réalisateurs n’hésitent pas à abimer la figure de Reeve, notamment lors de la séparation avec sa première compagne, Gae Exton. Tout cela fait écho à la séparation de ses propres parents.

Les témoignages de l’entourage de Reeve sont d’une intensité émotionnelle rare, témoignant d’un amour profond et sincère. Ses amis proches dans le milieu du cinéma, comme Glenn Close, Jeff Bridges ou encore Whoopi Goldberg sont touchantes. Mais on découvre une amitié quasi-fraternelle entre Christopher Reeve et Robin Williams, tous deux ayant été colocataire lors de leurs années d’études théâtrales. C’est ainsi deux personnalités hors du commun auxquels le film rend hommage.

L’héritage de Christopher Reeve

En conclusion, le documentaire ne se contente pas de raconter la vie de Christopher Reeve, il transmet également un message puissant sur la force intérieure, le courage, et l’espoir. Reeve a incarné Superman, mais c’est dans la vie réelle, après son accident, qu’il est devenu un véritable héros aux yeux du monde.  Cet engagement indéfectible fait de Reeve une figure d’inspiration pour des millions de personnes.

Premier film estampillé DC Studios, Super/Man est une œuvre émouvante (nous n’avons pu retenir nos larmes à de nombreuses reprises), profondément humaine et inspirante, un rappel poignant que, derrière chaque héros, il y a un homme, et parfois l’homme est encore plus extraordinaire que le personnage qu’il incarne. On regrettera qu’en France sa distribution ne soit très limité. Alors qu’il devrait être sur les écrans dès ce mercredi 9 octobre, il ne faut compter que sur quelques projections dans les prochains jours (notamment à partir du 14 octobre). On espère que la nouvelle plateforme Max en fera plus de publicité au moment de sa diffusion.

Super/Man : L’Histoire de Christopher Reeve – Réalisé par Ian Bonhôte et Peter Ettedgui- Warner Bros Studios

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