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Review : Venom : The Last Dance

Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom : The Last Dance signe le retour de l’anti-héros emblématique de Marvel dans un troisième film. Tom Hardy incarne pour la dernière fois Eddie Brock qui poursuit sa relation tumultueuse avec le symbiote Venom, cette créature extraterrestre aussi déjantée qu’incontrôlable. Ce film promet de clore la saga en beauté, mais ce retour en salles se révèle décevant et laisse un goût amer, celui d’une occasion gâchée.

L’histoire de Venom : The Last Dance s’articule autour d’une nouvelle menace extraterrestre : le terrifiant Knull. Pour les néophytes, Knull est une créature ancestrale, créateur des symbiotes, prisonnier sur une planète lointaine. Pour se libérer, il a besoin du codex. Bien sûr, Eddie/Venom possède ce codex… sans même le savoir ! Toujours en fuite, Eddie ne lutte plus avec son symbiote pour maintenir le contrôle, chacun ayant trouvé son propre équilibre et ses propres motivations dans cette drôle d’union. Knull envoie les Xenophages, aliens géants dévoreurs de symbiotes, pour récupérer le codex. Venom se retrouve donc poursuivit à la fois par ces prédateurs et par une faction secrète de l’armée américaine. Le scénario se perd rapidement dans des intrigues secondaires confuses, mélangeant des sous-intrigues qui finissent par noyer l’intrigue principale.

Le principal défaut de Venom : The Last Dance réside dans sa difficulté à se réinventer et à se distinguer de ses prédécesseurs. Le scénario est pourtant écrit par Tom Hardy lui-même, en collaboration avec Kelly Marvel, la réalisatrice et déjà scénariste de Venom: Let There Be Carnage. Le script stagne, incapable d’offrir des développements intéressants aux personnages ou de proposer une intrigue qui renouvelle les enjeux. L’évolution d’Eddie et Venom est ici quasi inexistante, le duo stagnant dans une dynamique répétitive où les mêmes conflits sont ressassés sans réelle profondeur, comme le fameux gag : « We are Venom »… Les incohérences s’accumulent également, des décisions irrationnelles des personnages aux facilités narratives qui affaiblissent l’impact de l’histoire. Par exemple, le codex n’est détectable par les Xenophages que lorsque Venom et Eddie sont pleinement unis (c’est-à-dire qu’il n’utilise pas qu’une partie de ses pouvoirs). Du coup, le héros doit se débrouiller pour s’échapper sans utiliser tous ses dons. Mais lorsqu’il rencontre une vieille connaissance, le symbiote prend possession d’Eddie pour quelques minutes de plaisir… et de se faire repérer ! Certaines situations semblent être résolues sans explication logique, créant une impression de précipitation qui sabote le suspense et la cohérence. Tour comme pour Venom : Let There Be Carnage, Venom : The Last Dance laisse l’impression d’un film conçu pour surfer sur le succès de ses prédécesseurs sans oser innover ou approfondir son univers.

Le visuel et la mise en scène n’arrangent rien. On assiste ainsi à des scènes d’action confuses et aux mauvais effets spéciaux, sans véritable enjeu ni tension, comme si le film se contentait de cocher les cases habituelles d’un blockbuster sans jamais tenter de surprendre son public. Même si les fans seront ravis de découvrir de nouveaux symbiotes (sortis tout droit des comics), la profusion des personnages ne laisse pas le temps de les développer. Par exemple, l’inspecteur Patrick Mulligan (joué par Stephen Graham), sauvé par un symbiote depuis le dernier volet, n’a jamais le temps d’être intéressant, alors qu’on s’attendait à voir son alter-ego Toxin avoir un rôle plus important. À l’inverse, le Dr Payne (Juno Temple qui semble s’être trompé de film) a le droit à son background et un éventuel destin héroïque…

En définitive, Venom : The Last Dance représente une occasion manquée de construire une saga mémorable autour de cet anti-héros pourtant riche de potentiel. La trilogie Venom, bien que rentable, échoue à marquer les esprits en raison d’un manque d’ambition artistique et de vision narrative. Que ce soit l’ajout de la famille hippie (avec Rhys Ifans, le Curt Connors de Amazing Spider-Man, oui, oui), l’humour toujours au ras des pâquerettes et la violence trop édulcorée pour ratisser un plus large (et jeune) public, le potentiel pour explorer les facettes sombres de Venom et Eddie, leur lutte interne et leur quête de rédemption, est largement sous-exploité.

Pour les fans, cet ultime volet risque d’être un final peu mémorable, laissant planer une ombre sur l’avenir de Venom au cinéma. Une vraie déception pour tous ceux qui espéraient un tournant audacieux pour conclure la trilogie. Et si le marketing, et notamment en les interviews du casting, nous vend du rêve avec l’arrivée d’une menace importante pour les héros Marvel au cinéma, on espère plutôt ne jamais revoir Venom et son univers… en tout cas pas dirigé par Avid Arad et Amy Pascal, le duo infernal de Sony !

Venom: The Last Dance – Réalisé par Kelly Marcel – Avec Tom Hardy, Juno Temple, Chiwetel Ejiofor, Rhys Ifans & Andy Serkis – En salles le mercredi 30 octobre 204 – Sony Pictures.

Pierre Bisson

Pierre Bisson en plus d'être l'un des rédacteurs du site comicbox.com est aussi traducteur, lettreur et maquettiste.

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