Zorro revient sur le petit écran dès le 6 septembre sur Paramount + (et bientôt sur France 2). Une version française du héros masqué puisqu’il est incarné par Jean Dujardin. Au cours des huit épisodes de cette saison, on suit un Don Diego de la Vega plus vieux qui doit redevenir Zorro pour sauver Los Angeles. Mais en sera-t-il capable ?
Cette version de Zorro est différente des incarnations les plus récentes. Don Diego de la Vega (Jean Dujardin) n’est plus le justicier de Los Angeles. Et pour cause, son père Alejandro (André Dussolier) dirige la ville. Zorro n’est donc plus nécessaire. Marié à la sublime Gabriella (Audrey Dana), Diego évolue dans l’ombre de son père. Mais quand Alessandro succombe à une crise cardiaque, Diego devient de facto le chef de la ville (étrange qu’il n’y ait pas d’élection, d’ailleurs) et se rend compte que le rôle qu’il a tant convoité n’est pas si facile à assumer. Pour compliquer les choses, le riche et peu scrupuleux Don Emmanuel (Eric Elmosnino) décide de construire un casino plutôt que d’aider aux infrastructures de la ville. Et quand ce dernier exploite les pauvres gens de la ville pour créer son empire, Zorro doit revenir corriger les choses… et créer de moult bouleversements dans la vie de Diego.
Zorro est plus que jamais revenu « à la mode ». Les projets se multiplient autour du héros en noir. Amazon sont les premiers à avoir dégainé avec une série, diffusée actuellement en France sur W9, revenant sur les origines du héros avec un Diego dans sa vingtaine. Peu après, c’est dans les comics qu’il apparaît, avec l’excellent récit de Sean Gordon Murphy, Zorro : D’entres les morts (publié par Urban Comics) dont nous vous parlions à l’occasion de l’exposition à la Galerie 9e art. Et en attendant un projet développé par Disney avec Wilmer Valderrama, c’est au tour de la France de proposer son interprétation (même si la disparition récente d’Alain Delon nous rappelle qu’il a été le premier Zorro français). Le parti-pris de Benjamin Charbit (la série Sous Contrôle sur Arte) et Noé Debré (la série Parlement sur France TV) est de nous montrer un Diego plus âgé. Sans aller jusqu’à la version d’Anthony Hopkins dans Le Masque de Zorro, Diego est ici un quadragénaire (voir quinqua) mal dans sa peau. Certes, il est marié et fortuné mais il n’a pas eu d’enfant avec son épouse et il est brimé par son père, le chef de la ville. Alors quand l’opportunité lui est donnée de redevenir ce héros légendaire, il n’hésite pas très longtemps. La construction de la dualité du héros est très proche de celle d’un Spider-Man. C’est-à-dire que lorsque Diego est lui-même, c’est un « loser », il n’a pas de chance, il est gauche. Et même quand il arrive à briller, il fait une gaffe qui le fait échouer. Alors que derrière le masque de Zorro, il est un tout autre homme. Moqueur, habile, fort, séduisant, tout lui réussit. Et c’est là que le Diego des deux auteurs est très intéressant. Cette soif de reconnaissance et d’amour, finalement, va le conduire vers des choix scabreux dont il aura du mal à se dépêtrer. Il risque même de devenir ce qu’il combat.
Si ce conflit amène une certaine profondeur au récit, il n’en reste pas moins que Zorro est truffé d’humour. Un humour souvent absurde et parfois puéril mais qui est en phase avec les films et séries de Jean Dujardin. Les dialogues et les situations ne sont pas sans évoquer OSS 117. Et si au départ, on se dit que l’acteur a du mal à se séparer de cette étiquette de « beauf », un peu ignorant et bas du front (mais qui a fait son succès dès Un gars, une fille), c’est avant-tout le ton choisi par les auteurs qui l’oblige à incarner cet aspect de Diego. Son interprétation de Zorro est un peu plus « flamboyante » (même s’il reste parfois un peu idiot). Ce n’est que vers le dernier tiers de la saison que le personnage évolue et lui donne une complexité assez déroutante pour tout fan du personnage. Contrairement à l’autre série de W9 dont nous parlions précédemment, ce Zorro là est plus léger. La chaîne veut retrouver l’esprit familial du feuilleton de Disney en 1957 avec Guy Williams. Ces vingt ans depuis la disparition de Zorro est d’ailleurs là pour nous faire croire que Jean Dujardin pourrait être une version âgée de Guy Williams. L’humour pourra paraître potache pour certains mais n’oublions pas que dans le Zorro de Disney, on était parfois proche d’un humour de situation à la Laurel et Hardy entre Bernardo et le Sergent Garcia.
Pour tout bon projet de cape et d’épée, l’action doit être au rendez-vous. Ce Zorro n’en manque pas. Du moins dans ces deux premiers tiers. À la manière d’un « freak of the week » (le vilain de la semaine utilisé dans de nombreuses séries), Zorro doit venir sauver la situation malheureuse dans laquelle se trouve les paysans, les travailleurs ou les opprimés en croisant le fer avec les soldats du Sergent Garcia. Le schéma est un peu répétitif dans ces premiers épisodes mais les chorégraphies des combats fonctionnent parfaitement. Mention spéciale à Dujardin qui manie le fer avec précision (ou du moins arrive à nous le faire croire). L’atmosphère de la série nous plonge sans problème dans le Los Angeles de 1821. Les décors réels (la série a été tournée en Espagne) et les costumes créent parfaitement cette illusion. On notera un soin particulier apporté à l’ambiance musicale, les guitares reprenant les mélodies des différentes productions autour de Zorro (sans jamais les copier). Bref, tout est là pour nous faire croire à l’univers de Zorro.
Si un héros se définit par ses adversaires, Zorro se suffit à lui-même ! Certes, Eric Elmosnino incarne très bien le perfide et cupide Don Emmanuel (le nom n’est pas un hasard) mais reste un « vilain » de seconde zone. Le Sergent Garcia, à qui Grégory Gadebois prête ses traits, est un adversaire bien plus redoutable et perturbé. Tour à tour fan, profiler et loser, Garcia passe par tous les rôles. Non, le premier ennemi de Zorro, c’est bien lui-même et cette dualité qui chamboule sa vie de couple avec Audrey Dana. Ayant choisi le postulat que Gabriella ignore tout de la double-vie passée de son mari, les créateurs peuvent élaborer une intrigue parallèle proche du vaudeville et des classiques des héros doubles (comme Superman et son trio amoureux avec Lois Lane dans les comics et séries TV éponymes). Ce fil narratif bascule vers la fin de la saison pour aller vers une définition du couple (et par extension de l’amour) qui n’est pas pour déplaire. Seul personnage quelque peu inutile : Nakaï (Baltasar Espinach), garçon recueilli par les De la Vega mais qui n’apporte pas grand chose au récit.
C’est complexe de juger cette version française de Zorro. Si elle se veut une série tout public, Zorro ne fera pas mouche pour toutes les générations. Cependant, chacun pourra picorer ce qu’évoque pour lui « le renard » et y trouvera son compte. Les fans de Dujardin seront ravis de retrouver l’acteur au top de sa forme, dans un registre qui ne dénote pas avec son personnage d’OSS 117. Diego est avant-tout une réflexion sur la dualité et le reflet qu’on veut donner en société. Un Zorro qui fait sa crise de la quarantaine en quelque sorte… et ça, c’est inédit pour le justicier !
Zorro – Avec Jean Dujardin, Audrey Dana, Eric Elmosnino, Grégory Gadebois et André Dussolier. Disponible sur Paramount + dès le 6 septembre 2024.
Crédit photo: Christophe Brachet/France Télévisions/Paramount+.
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