Rarement titre d’épisode aura été si mérité. Avec « Changing », la série TV Supergirl monte de quelques crans, tourne le dos aux histoires nunuches de la saison 1 et fait feu de tout bois pour se hisser, au moins cette semaine (on verra si c’est durable) à la hauteur d’un The Flash et peut-être même un peu plus haut encore, alors que la plupart des personnages s’efforcent de vivre pleinement leur potentiel et qu’un autre concept DC, le Guardian, arrive aussi à l’écran.
On en parlait l’an dernier, en couvrant à l’occasion un épisode, Supergirl avait un côté sympa, tout en ne reposant surtout que sur des déclarations de bonnes intentions. Le côté « ouais, supercool, une femme avec les mêmes pouvoirs que Superman » était englué par la fainéantise des auteurs, alignant cliché sur cliché, comme si la nature de l’héroïne s’autosuffisait et ne méritait pas qu’on fasse le moindre effort d’écriture. Avec le changement de chaine cette année, on s’attendait à ce que Supergirl montre des éléments un peu plus matures, puisque la cible semble être un peu plus âgée. Et pour le coup, la scène d’ouverture, hommage appuyé au film d’horreur The Thing, est un signe évident de cette volonté. Une créature extra-terrestre de plus est en effet libérée et se nourrit de toutes les organismes vivants qu’elle peut croiser, avec une prédilection pour les êtres surpuissants, ce qui posent un problème autant à Supergirl qu’au Martian Manhunter. Comment approcher ce Parasite sans l’alimenter encore plus en pouvoirs ? Ils n’y arrivent pas et finissent même par tomber sur le champ de bataille. Ça, c’est l’entame, le bout de l’histoire, le prétexte au reste. Car globalement ce sont les autres personnages qui vont devoir monter d’un cran et pas seulement en termes de combats super-héroïques.
Alex, la sœur de Kara, tient dans cet épisode une place importante. C’est même le point culminant des interrogations et des doutes de ces dernières semaines. Et là, la série évite l’angélisme ou le coup de baguette magique. C’est un personnage qui grandit, qui prend conscience d’elle-même, avec ses doutes, avec ses sursauts. Cela ne se fait pas d’un claquement de doigt et surtout, les dialogues prennent le temps de discuter du fond. C’est à la fois plus finement écrit, plus pédagogique, que les prises de position de Sarah Lance dans Legends… et si on doit regarder du côté des comics, on est quelques crans au-dessus d’Uncanny X-Men #600, parce que les discussions entre Alex et sa sœur sont humaines, qu’elles peuvent réellement aider quelqu’un dans le doute, au moment de s’assumer. Ce n’est expédié en deux minutes et puis, allez hop, on passe à autre chose. Ce n’est pas, non plus, du prêchi-prêcha débordant de mièvrerie. Et il n’y a pas qu’Alex qui soit appelée à se dépasser, même si pour le coup on retombe dans le contexte super-héroïque. Depuis l’arrivée de Mon-El dans la série, on aura compris qu’il est le gros beauf, le cliché du mec qui picole et fait n’importe quoi. Qui a même parfois une mauvaise influence sur Supergirl (qui se met à boire elle aussi, par sa faute). Et cet épisode commence sur la même veine, avec le personnage apparaissant comme assez irresponsable. Une tendance qui est gênante depuis quelques semaines, car Mon-El, le héros des comics, est généralement un personnage assez positif dans les rangs de la Légion des Super-Héros, quelqu’un que Superboy n’avait pas de mal à considérer comme un frère. Au moment où cette caricature de Mon-El tourne en boucle, enfin, il y a ce petit supplément d’âme. Mon-El est ce type qui veut être un héros, qui veut bien faire mais qui n’a pas encore le logiciel. A sa manière il véhicule lui aussi une forme d’espoir et une scène le montrant en train de soulever une voiture nous l’amène au rang d’un Superman en devenir.
Et puis cet épisode est marqué par l’apparition d’un nouveau personnage qui est, en un sens, tout le contraire de Mon-El. Le Guardian est, à l’inverse, un type qui a toutes les valeurs d’un héros mais qui n’a pas de superpouvoirs. Près de 75 ans après sa création, on peut se réjouir de voir arriver à l’écran cette création de Joe Simon et Jack Kirby, même si c’est dans une version très remaniée. Le type dans le costume n’est pas celui envisagé par Simon et Kirby, on est plus proche de quelque chose entre Superman’s Pal Jimmy Olsen et des épisodes des Teen Titans des années 70. Même si on ne s’attendait pas vraiment à voir le costume doré des origines, celui de la version TV a un côté GIGN/Robocop/casque de Diggle dans Arrow qui fait qu’il ressemble plus à un chevalier en armure. Mais le personnage reste, lui aussi, porteur d’une ambition héroïque. Et puis on appréciera les petits « easter eggs » comme la référence à Star-Spangled, le comic-book qui abritait les exploits du Guardian. Avec Mon-El et le Guardian dans les parages (comme une petite touche héritée du passage de James Robinson chez DC) mais aussi Martian Manhunter (et au besoin Superman et quelques autres qui peuvent revenir à l’occasion), la supporting cast de Supergirl continue de cultiver sa propre Justice League informelle, pardon, ses « Super-Friends ». Basique, le Parasite (remixé avec un brin de Mister Mind) fait lui aussi assez l’affaire. D’où un bon équilibre entre l’action et les super-héros et les questions de sens (l’intrigue et l’évolution d’Alex). Il y a (à peine) quelques détails maladroits (je pense en particulier au piège qui touche Mon-El dans les dernières minutes… comment ses adversaires savaient-ils qu’il allait s’arrêter ?) mais globalement c’est un épisode à la fois fun (à la hauteur d’un Flash, donc) et sensible (et là pour le coup plus que Flash l’a été à ce jour). Espérons que ça devienne une habitude, un nouveau niveau régulier pour la série. En tout cas pour l’heure c’est vraiment une bonne surprise…
[Xavier Fournier]Supergirl Saison 2 / Disponible dès le lendemain de la diffusion US en version originale sous-titrée sur MyTF1 VOD et sur l’iTunes Store.
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