Le Guardian est devenu le nouveau chouchou des médias de National City, au grand dam de Supergirl, qui en crève de jalousie. Mais la réputation du héros est vite mise à mal, alors qu’il est accusé de meurtres qu’il n’a pas commis. Malheureusement l’épisode de cette semaine, au lieu de s’intituler « The Darkest Place », pourrait aussi bien être titré « retour à la niaiserie »…
Bon, et bien la montée en puissance de la semaine dernière n’aura pas tenu longtemps ! Dès les premières minutes on est fixé. Kara réagi à la présence du Guardian de façon totalement immature, en mode « ouin pourquoi il est le nouveau chouchou du public » et cela donne le ton de la majeure partie de l’épisode. Pendant une quarantaine de minutes, on aura droit d’une part à des chamailleries dignes de la cour d’école et des « héros » qui s’occupent surtout de leur propre popotin et de leurs points de popularité. Et Guardian ne vaut guère mieux que Supergirl en la matière : accusé de meurtres, il évoquera à peine les victimes (ce sont des criminels, on comprendra que tacitement ils ne sont pas importants), seulement motivé par la question de rétablir sa réputation. L’épisode 6, écrit par Greg Berlanti lui-même, amenait la majeure partie des personnages à vivre leur potentiel, à s’élever. Celui-ci, signé Robert Rovner et Paula Yoo, tient, au mieux, du vaudeville. Et il y aurait aussi des questions à se poser sur le message d’une série vendue comme délivrant un message positif d’acceptation, dont la majeure partie des héros fonctionnent, en définitive, selon des préjugés et avec assez peu d’acceptation de l’autre. Kara, prompte à dénigrer les Daxamites dans le début de saison, est donc cette gamine jalouse qui boude parce qu’on célèbre le Guardian. Le Martian Manhunter, lui, ne vaut guère mieux puisqu’il juge quelqu’un d’après sa race, pour ne pas dire sa couleur. A un certain niveau, les auteurs, en faisant mine de partir en guerre contre le déterminisme, en réinstalle un autre en toile de fond, sans l’ombre d’une remise en question. Il y a donc les mauvais, qui ont des préjugés racistes (ici Cadmus, par exemple), et les bons… qui ont des préjugés aussi, mais comme ce sont les bons, c’est normal. Quand, à un moment de l’histoire, Supergirl se vante de ne pas avoir été toujours aussi mûre qu’aujourd’hui, on est gêné pour elle (et les scénaristes). On est redescendu en flèche au niveau d’écriture de Legends of Tomorrow, ou même en dessous.
Il faut dire aussi que les scénaristes ont voulu en mettre trop dans un seul épisode. On a donc la lutte de Supergirl contre Cadmus et le Cyborg Superman, une autre intrigue qui concerne le Martian Manhunter et enfin l’enquête solo du Guardian contre un… « Vigilante bis » auquel on ne s’est même pas donné la peine de trouver un nom de code et qui arrive, en prime, quelques jours à peine après que Green Arrow ait affronté le vrai Vigilante dans la série-sœur. Et la comparaison n’est pas à l’avantage de ce dingue de la gâchette, d’autant que des problèmes de réalisation et de rythme viennent se greffer à l’affaire. La rapidité avec laquelle le Guardian débusque son adversaire la première fois est effarante (par la suite, avant le combat final, il y a un peu plus de travail d’enquête). Mais alors quelques minutes plus loin, quand cet ennemi disparait du champ de la caméra à l’arrivée de la police et que cette dernière ne semble pas avoir remarqué sa présence, c’est du niveau parodie : « Hop ! Je suis sorti du cadre tu ne me vois plus ! ». Et au minimum quelqu’un à la production aurait dû se préoccuper du problème de double-emploi avec ce qui se passait dans Arrow. Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu donner plus d’espace à l’introduction du Cyborg-Superman ? Oui et non, car l’intrigue les concernant, Cadmus et lui, est à peine mieux fagotée. D’abord bien malin qui comprendra pourquoi le personnage revendique le nom de « Cyborg-Superman » (il n’a pas véritablement de raison de le faire). Et puis c’est pareil, certains éléments tombent comme un cheveu sur la soupe : pourquoi le « sauveur » de Supergirl tient-il à rabattre sa capuche comme s’il pleuvait à l’intérieur, alors qu’on sait qui c’est et qu’il n’a pas besoin de se cacher ? Ben euh… rien, le réalisateur a juste trouvé que ça faisait plus cool.
La semaine dernière, Greg Berlanti générait beaucoup d’empathie avec la situation d’Alex. Sauf que la série a désormais le problème de savoir quoi faire après ça… et tâtonne en attendant d’avoir trouvé quelque chose. Maggie Sawyer devient donc un personnage boulet, qui a le chic (à croire que c’est pathologique) pour attendre qu’Alex soit réunie avec des gens pour surgir dans le champ et murmurer « euh… je peux te parler ? ». On comprendra que les auteurs veulent tenir en haleine une partie du public en mode « est-ce qu’elles vont… est-ce qu’elles ne vont pas… ». Mais à raison de plusieurs fois par épisode, cela devient vite lourd. Soit ces deux-là doivent finir ensemble et Maggie est idiote de différer la chose en minaudant, soit elles n’ont pas cet avenir commun devant elles et à partir de là mieux vaudrait construire une nouvelle forme de relation. A ce stade, Maggie en devient presque (involontairement) inquiétante par sa faculté à faire irruption dans la vie d’Alex à chaque fois que cette dernière est avec un groupe d’amis. Peu d’empathie aussi, pour Miss Martian, dont on ne comprendra pas trop au final pourquoi elle finit dans cette situation précise. Tout le discours auquel on pourrait s’attendre (« ne me jugez pas sur ma race ») passe carrément à la trappe. Mais bon, à la fin les héros trinquent, Kara reconnait du bout des lèvres qu’elle n’aurait pas dû juger quelqu’un qu’elle ne connaissait pas (et qui, tout le monde semble l’avoir oublié, lui a filé un sacré coup de main la semaine dernière). Youhou, c’est la fête. Pendant ce temps le DEO fait exactement la même chose que Cadmus, enferme quelqu’un en le réduisant à son origine, mais bon, Cadmus c’est le mal, le DEO ce sont les héros, alors tout va bien. Même s’il est évident que certaines situations sont temporaires… Pour ce qui est de prêcher l’acceptation de l’autre, Supergirl repassera une autre fois. On comprend, bien sûr, que le show et par extension la plupart des autres séries TV de super-héros s’adressent à un public teen-age et qu’à partir de là on a choisi de ne pas complexifié les choses à même hauteur qu’un Game of Thrones, qu’un Westworld ou même qu’un épisode de Person of Interest. Mais à un moment, s’adresser à un public plus jeune, cela ne justifie pas de bâcler écriture et réalisation. Oui, on peut se réfugier derrière l’alibi du « message » plein de bonne volonté de Supergirl. Si ce n’est que… si les « héros » sont scénarisés comme autant de personnages égoïstes et finalement faussement tolérants, voire hypocrites (mais une hypocrisie présentée comme « bonne » et acceptable dans le contexte de l’histoire), même ce « message » est aux abonnés absents…
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