Après s’être attaqué aux séries TV dérivées des X-Men en début d’année à travers le très remarqué Legion, la Fox y revient cette semaine avec un format qui semble d’emblée plus conventionnel : l’archétype de la famille en fuite parce que certains de ses membres sont dotés de superpouvoirs. Sans aller jusqu’à parler d’une équipe B des X-Men, la production met quand même sur le pont quelques personnages connus, tels que Thunderbird, Blink, Polaris ou un certain Eclipse, qui remplace au pied-levé Roberto Dacosta, film des New Mutants en cours de production oblige… Bon, mais The Gifted, ça vaut quoi ?
Il y a quelques jours Inhumans débutait sur ABC avec la vision fugace d’une fuyarde que Triton tentait d’aider… sans grand succès. Cette fois, c’est au tour de The Gifted de débuter de la même manière, mais avec des évènements qui évoluent rapidement dans un autre sens. Dans une Amérique qui opprime et pourchasse les mutants, Blink (Jamie Chung) est poursuivie par la police. Heureusement, elle peut compter sur l’aide d’un groupuscule, le Mutant Underground, dont les figures de proues semblent être Thunderbird (Blair Redford), Polaris (Emma Dumont), Eclipse (personnage inventé pour l’occasion, qui cumule des aspects de Sunspot et d’Havok, joué par Sean Teale) et la plus discrète (à ce stade en tout cas) Sage (Hayley Lovitt). Avec Bryan Singer qui supervise cette nouvelle extension de l’univers mutant de la Fox, on peut se permettre de se rapprocher plus de ce qui se passe dans les films. A défaut d’être présents, les X-Men et leur opposé, la Brotherhood, sont donc ainsi directement mentionnés. Les éléments constituants des films sont là, au point que l’on ait droit aussi à la petite caméo de Stan Lee (encore que pour le coup le réalisateur ne se soit pas trop trituré les méninges en termes d’originalité). Là où Legion, précédent projet de la Fox en la matière, se concentrait plus sur une histoire d’entités télépathes façon Scanners (et c’est ce qu’il fallait faire), avec tout juste un aperçu de la roue du fauteuil de Charles Xavier pour faire le lien, The Gifted joue la carte d’une continuité fusionnelle avec les films. C’est à dire qu’on pourrait s’en tenir à l’idée d’un spin-off des films comme peut l’être Agents of S.H.I.E.L.D. par rapport à l’univers Marvel Studios. Mais là, on rentre directement dans le vif du sujet avec quelques surhommes liées plus ou moins directement aux X-Men. Par exemple, même si l’actrice n’est pas la même dans Days Of Future Past, on a quand même Blink et avec Lorna une autre fille de Magnéto (même si ce n’est pas formellement mentionné). Mettons que ce serait une X-Force ou un X-Factor qui ne dirait pas son nom. Pourtant, s’ils sont là pour amener littéralement de la puissance de feu, Lorna, Thunderbird (l’accent, pour ce dernier, est plus mis sur ses talents de traqueur, présentés un peu comme une version « ++ » du sens radar de Daredevil), Eclipse et Blink ne sont pas le cœur du show. Il suffit d’ailleurs de regarder les visuels officiels, le poster, pour se le voir confirmer.
L’intrigue repose en effet sur la famille Strucker. Si ce nom lui aussi est bien connu des fans des X-Men (dans les comics, les jumeaux Strucker sont des adversaires redoutables, enfants du fondateur d’Hydra), il ne reste guère que l’écho d’un prénom : Andy Strucker (Percy Hynes White) est un ado qui, dans des circonstances dignes du bal de promo de Carrie, découvre qu’il est un mutant. Dans son désarroi, il lui faut compter sur une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que sa sœur ainée, Lauren (Natalie Alyn Lind), très protectrice, est elle aussi une mutante, qu’elle le sait depuis des années et qu’elle est là pour le protéger. La mauvaise, c’est que le père, Reed Strucker (Stephen Moyer), est un procureur spécialisé dans les affaires mutantes, qui trouve normal de les coffrer… On retrouve ici un archétype bien connu, déjà utilisé dans Heroes avec « l’Homme aux lunettes », chasseur de spéciaux jusqu’à ce qu’il s’avère que sa propre fille en est une elle aussi. Strucker se retrouve dans la même situation mais va bien plus rapidement préférer sa famille à son boulot. C’est peut-être là que le premier épisode va même un poil trop vite. Si la mère (incarnée par Amy Acker) respire l’amour maternel de bout en bout de l’histoire, le père, lui, n’a qu’une vague scène d’interrogatoire pour établir un peu de sa personnalité : le bon gars, qui se veut juste, qui croit dans le système mais qui ne s’est jamais vraiment demandait ce que valait le Service Sentinelle avant que ça tombe sur sa famille. Au point de s’étonner qu’on traite « des américains » de la sorte, sans avoir capté auparavant que les mutants sont, éventuellement, des américains également. Ce qui fait que le revirement arrive vite et sans grande « base ». Néanmoins ce premier chapitre le laisse dans une situation où il aura sans doute l’occasion de montrer par lui-même de quel bois il est fait.
Au croisement de Heroes et des X-Men mais, il faut bien le dire, un peu aussi dans la cour du film Jumper, The Gifted s’ouvre donc de manière classique, par rapport à un genre déjà bien utilisé par le petit écran (mais il faut dire, aussi, que la TV a copieusement pompé les X-Men ces deux dernières décennies). Même si le jeune Percy Hynes White n’apporte pas grand-chose à son personnage, qui ne se distingue que par ses « crises de pouvoir » (mais d’un autre côté le perso comme l’acteur sont appelés à grandir), la majeure partie de la distribution tient assez bien la rampe. Bryan Singer donne un peu d’ambition à l’ensemble, en lorgnant d’un côté un peu sur Minority Report (les drones) et sur certaines choses qu’il avait fait dans X-Men 2 (tout ce qui tournait autour du « coming out » d’Iceman/Bobby Drake et ses propres démêlés avec les autorités). Ce n’est pas Legion, cela n’en n’a pas l’exigence esthétique et on sent tout de suite une envie, une possibilité de « feuilletonner » sur le long terme si les audiences suivent. Ce n’est pas Legion, c’est certain, mais ce n’est pas Mutant-X non plus et on a vu nettement pire en termes de séries TV tirées des comics. Le petit truc qui manque, à ce stade, c’est un parfum de fantaisie, à l’image de la caméo de Stan Lee servie à plat, on aimerait que cela délire un tout petit peu plus par endroits. D’un autre côté, comme déjà mentionné, il y a beaucoup de choses dans ce premier épisode, entre l’introduction des personnages et la progression rapide de leur situation. Pour un premier épisode, c’est déjà bien rempli. Si le cap est tenu, il y a beaucoup de matière à exploiter. On se doute aussi qu’une actrice versatile comme Amy Acker (Person of Interest, Angel) n’a pas été recrutée que pour jouer les mamans apeurées, qu’elle et sans doute d’autres sont appelés à progresser. Avec un seul épisode, on ne peut pas tirer des plans sur la comète concernant toute la saison, mais il y a clairement de la promesse, non pas d’être révolutionnaire mais de faire le job. Et c’est déjà pas mal par les temps qui courent.
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