Marvel’s The Punisher – rencontre avec Jon Bernthal et Steve Lightfoot
Il y a quelques semaines, dans le cadre de la promotion de Marvel’s The Punisher, l’acteur Jon Bernthal (qui incarne Frank Castle à l’écran) et Steve Lightfoot (le showrunner et scénariste de la série) étaient de passage en France. Maintenant que la série est disponible depuis hier sur Netflix, nous proposons cette discussion avec celui qui se glisse dans la peau du Punisher… et celui qui a écrit ce qui se passe dans la tête du personnage.
https://youtu.be/lIY6zFL95hE
Les fans du Punisher sont légion. Est-ce que ça vous a influencé pour écrire la série ?
Steve : Le Punisher existe depuis 40 ans. Il y a eu de multiples versions du personnage. Donc tout le monde a forcément une pression particulière. J’avais l’avantage d’avoir vu ce que Jon s’était approprié le personnage dans la deuxième saison de Daredevil. Cette férocité mélangée à une humanité. Quand je me suis à travaillé sur l’écriture de la série, j’essayais de ne pas penser à cette pression. Je me disais : « Je vais faire la meilleure série possible ». Et en me plongeant dans cet univers, je me suis rendu compte de l’importance de cette licence. Aujourd’hui, je suis très nerveux et j’attends leurs réactions ! (rires)
Jon, cette fois-ci, vous êtes la star de la série. Aviez-vous plus de pression ?
J’avais déjà pas mal de pression la dernière fois (pour Daredevil saison 2, NDLR). Et maintenant, c’est encore pire. Je prends ce rôle très au sérieux. Le personnage parle aux militaires, aux policiers et également aux fans. Comme Steve l’a dit, c’est en ce moment que la pression monte : avoir fini le tournage et attendre la réaction du public. Je veux que ça affecte les gens. Je me suis très attaché à Frank. C’est différent ce que j’ai fait dans Daredevil : raconter ses origines tout en restant mystérieux. Il était plus dans l’ombre que sur le devant de la scène. Il fallait montrer toutes ces facettes : perturbé, silencieux, au combat… Steve a mis tout ça en avant. Il le met dans de situations où il ne se sentirait pas à l’aise. Et tant que Jon, je me sentais souvent mal à l’aise (rires). Donc, oui, j’ai plus de pression !
Frank Castle joue de la guitare régulièrement dans la série. Quelle serait la chanson parfaite pour décrire l’évolution du Punisher ?
Jon Bernthal : J’écoutais une chanson particulière avant certaines scènes. Pour me mettre dans l’ambiance. Mais je ne dirai pas laquelle ! (rires) La musique aide vraiment à rentrer dans un rôle. Steve me disait que la série représente son lien avec sa fille. Je m’en suis souvenu et je l’ai utilisé pendant le tournage. On a fait de longues prises de 15-20 minutes avec la guitare, dans l’entrepôt. C’était intense.
Steve Lightfoot : La musique est très importante de la série. Même Netflix a assuré en choisissant la chanson de Metallica pour la bande-annonce. Je n’ai rien à voir là -dedans mais j’ai adoré.
Certaines scènes sont à la fois violentes et graphiques. Comment avez-vous abordé ces séquences particulières ?
Jon : Pour moi, elles ne sont pas complexes. Elles ne sont pas gratuites. Il n’y a rien dans le script qui ne soit pas justifié. Il n’y a pas de scènes « outrancières », trop sanglantes. Dans les séries TV actuelles, on l’a impression qu’il faut toujours une bonne dose d’hémoglobine. Mais nous n’avons pas cherché à faire ça. C’est un personnage qui s’interroge tout le temps, il se remet en question. Il doute de lui-même. Il se déteste. Sa vie est dirigée par la douleur et le chagrin. Il sait plus que quiconque ce que coûte la violence. C’est un paradoxe. Je trouvais ça très intéressant qu’il puisse temporairement calmer la bête en lui grâce à la violence. C’est une sorte de drogue. Mais il ne le fait pas sans raison. Il se demande toujours s’il doit agir ainsi. C’est très humain. Je ne crois pas que nous soyons allés trop loin.
Le Punisher se distingue des autres justiciers Marvel/Netflix. Il est plus violent, il agit par vengeance. Pensez-vous que le public pourra s’attacher à lui comme à Jessica Jones ou Daredevil ?
Steve : C’est un personnage tellement complexe. C’est ce qui était excitant dans la phase d’écriture. Jon peut jouer tellement de facettes de Frank, c’est parfait, en plus ! (rires) Frank est loyal, honnête. Il est le meilleur ami qu’on puisse avoir. Mais il a aussi cet autre aspect de lui, créé par la tragédie qui le frappe. Il décide de régler ses problèmes en tuant les responsables. J’espère que le public découvrira l’humanité qui se cache en lui et finiront par avoir de la sympathie pour lui. Je ne pense pas qu’ils doivent être d’accord avec toutes ces actions, ils n’ont pas à croire qu’il a raison, s’ils comprennent d’où il vient. En construisant la série, on s’est dit que ce n’était pas grave si les spectateurs n’étaient pas en phase avec ses choix de temps en temps. C’est un type qui a perdu sa famille. On peut tous s’identifier aux sentiments accompagnant le deuil. J’espère qu’ils le suivront dans son périple.