Review: Spider-Man Homecoming

Xavier Fournier

Review: Spider-Man Homecoming

Review: Spider-Man Homecoming

Xavier Fournier
9 juillet 2017
Mission : reconstruire Spider-Man

Après avoir combattu avec les Avengers (et en particulier auprès d’Iron Man), Spider-Man retourne à sa « petite vie » new-yorkaise, qui lui paraît maintenant bien morne. Le jeune héros est convaincu d’être prêt à vivre d’autres aventures de cette envergure. Mais le milliardaire Tony Stark et son chef de la sécurité, Happy Hogan, ne sont pas réellement pressés de faire appel à lui… Spider-Man: Homecoming délimite le nouveau périmètre de Peter Parker.

https://www.youtube.com/watch?v=mJQ4u-kXoGc

Sixième film consacré à l’alter-ego de Peter Parker en l’espace de quinze ans (et même « 6,5 » si l’on prend en compte son apparition dans Captain America: Civil War), Spider-Man Homecoming a pour objectif de relancer la machine après plusieurs films plutôt hasardeux et une désaffection graduelle du public. Sans (re)faire le procès des livraisons précédentes et sans dire que 100% des choses étaient à jeter (Emma Stone nous aura donné la Gwen Stacy la plus fidèle qui soit, directement tirée des comics), les deux Amazing Spider-Man avaient des problèmes d’écriture qui défiaient toute logique. Et même en remontant plus loin encore, si la réalisation de Sam Raimi fait globalement l’unanimité pour les deux premiers Spider-Man, le troisième laissait déjà apparaître une partie du problème, avec un Sony plus occupé à multiplier les « villains » qu’à s’intéresser à un script cohérent (parce que, oui, bon, le symbiote qui traverse l’espace juste pour le plaisir de s’incruster sur une mobylette, comment dire…). « L’histoire ? Ma pauv’ dame, vous n’y pensez pas ! ».

Bref, cela fait dix ans que Sony a engagé Spider-Man sur une pente glissante, avec un public de moins en moins présent, de moins en moins content. Après Amazing Spider-Man 2, le studio pouvait logiquement craindre d’avoir tué sa « poule aux Å“ufs d’or », d’où un mariage de raison avec Marvel Studios et un petit passage par l’univers cinématographique des Avengers l’an dernier. « Homecoming », autrement dit « retour au bercail », tire son nom d’une soirée traditionnelle de la vie étudiante aux USA. Non pas la mythique fête de fin d’année qu’on voit dans de multiples films à la John Hughes mais un évènement qui se déroule à l’automne, quand les anciens élèves sont accueillis dans leur lycée pour y faire la nouba. Dans le contexte, les deux studios ont choisi en connaissance de cause un terme qui parle aux teen-agers américains tout en insistant sur le fait que « Spidey » revient à Marvel. Mais même si Civil War a un peu dégagé le terrain, installé de nouveaux visages pour Peter Parker (Tom Holland) et sa tante May (Marisa Tomei) et donné quelques gages, on peut s’installer dans une salle pour voir Spider-Man Homecoming avec une bonne dose d’incertitude. Est-ce que cet homme-araignée bénéficie réellement de l’alliance des deux studios où s’agit-il d’un énième patchwork ? Mais il suffit de quelques instants pour prendre la mesure de la « nouvelle donne »…

Un jour nouveau

Pour sa troisième version de Spider-Man et après avoir douloureusement démontré qu’on ne pouvait décemment pas procéder à un « hard reboot » et reraconter les origines d’un même personnage tous les six ou sept ans, Sony a compris la leçon ou plutôt s’est laissé convaincre par Marvel Studios de ne pas repasser une fois de plus par la génèse. Spider-Man Homecoming n’évoque donc que très occasionnellement le pourquoi du comment Peter est devenu Spider-Man. Il y a une vague phrase où il évoque le fait de s’être fait piquer par une araignée, plusieurs mois plus tôt, et l’Oncle Ben est traité par ellipse. Comprenez qu’on ne fait pas directement allusion à lui. On évoque plutôt la perte qu’a connue May Parker. Le mantra qui veut qu’avec « les grands pouvoirs viennent les grandes responsabilités » brille également par son absence (mais dans le même temps, il faut bien dire que dans le comic-book ce n’est pas comme si la phrase était dans tous les épisodes).

Il n’y a même pas à proprement parler de listing détaillé des aptitudes du héros. Si bien qu’on n’évoque pas la présence d’un « sens d’araignée » (mais que les choses sont tellement ouvertes que s’il était mentionné dans le film suivant ce ne serait même pas une contradiction). Cela donne une idée de la marge que se sont laissés les studios. Peter est plus fasciné par deux choses : les applications qu’il trouve dans le costume offert par Stark et… la figure paternelle que devient, un peu malgré lui, ce même Stark. Si bien d’ailleurs qu’à un moment, à deux doigts de mourir, Spider-Man ne repense pas à l’Oncle Ben mais bien à ce que lui dirait Stark en pareille occasion. Si la chose peut sembler être une emprise de Marvel Studios sur la philosophie du héros, on va voir cependant que la finalité est toute autre.

C’est une évidence : Quoi que l’on pense du scénario, de la réalisation ou de la production (et l’on évoquera ces points un peu plus loin), Tom Holland est le meilleur Peter Parker qu’il nous ait été donné de voir à l’écran. Petit, nerveux, nerd, il transforme l’essai de Civil War, là où Tobey Maguire ou Andrew Garfield n’étaient jamais que des trentenaires tentant de faire croire qu’ils étaient encore en âge de traîner en Seconde. Le Parker d’Homecoming, lui, est « naturel », ce qui tombe d’autant mieux qu’une large partie du film repose sur le fait que le héros s’interroge sur ce qu’il veut être. Le Peter façon Holland, c’est ce loser, ce type à qui 90% de la classe ne veut pas parler, sauf pour se foutre de sa gueule. On est très loin de la version Garfield qui faisait du skate avec du gel plein les cheveux et la veste militaire « pour faire genre ». Non, là on est dans le vrai. Pas dans un vrai qui suivrait les éléments à la lettre (le petit clan des proches en sort quand même assez modifié, réinventé), mais dans une logique qui suit l’esprit, la nature du personnage… Et un Peter Parker naturel, cela veut dire (gasp) un teen-ager nerveux, maladroit, qui cache sa timidité non seulement derrière un masque mais aussi derrière une bonne dose de vannes. Oups. Le mot est lâché. Oui, voilà un film de super-héros au demeurant rempli de « one-liners », de blagues. Mais rassurez-vous, c’est… Normal. C’est Spider-Man. Ce cocktail d’aventures et d’humour, c’est son ADN.

Oui oui, on sait, « Marvel Studios a provoqué la mort du cinéma, c’est de l’humour facile, c’est pour les adolescents, c’est le Maaaaaaal… » et ainsi de suite. A n’en pas douter Spider-Man: Homecoming s’attirera dans les endroits où l’on parle « cinémaaaaa… » ces critiques toutes faîtes où il suffit de changer les noms propres et les dates, critiques pas moins standardisées que le préformattage qu’elles prétendent dénoncer. Reprenons donc les choses à la base. Oui, au bingo des critiques, Spider-Man déclenche la plupart des signaux requis. Oui c’est un héros Marvel, mais avant de crier à l’uniformisation/invasion des choix de Marvel Studios, il convient d’en revenir à la véritable chronologie des choses. En 2002, l’apparition de Spider-Man sur le grand écran a été a bien des égards la véritable apparition moderne d’un super-héros décomplexé au cinéma (chose qu’on n’avait pas vu depuis les Batman de Burton). Avant cela on avait, certes, Blade ou les X-Men mais ils s’inscrivaient encore dans une lignée post-Matrix. Sam Raimi (et avant lui James Cameron, qui a largement défriché le terrain de la production de Sony) a porté à l’écran des choses présentes dans le comic-book depuis 1962. A savoir que Spider-Man est le Caliméro des super-héros, qu’il porte sur ses épaules tous les malheurs du monde… mais qu’il tourne le dos au misérabilisme avec une sacrée dose d’ironie. Spider-Man est le héros qui place des one-liners par excellence. Il s’en trouvera bien pour nous dire que c’est le énième héros du genre à l’écran, que le méchant Marvel continue d’appliquer sa recette partout. Mais Spider-Man, tel que créé par Stan Lee et Steve Ditko, c’est THE Original. Et s’étonner de trouver de l’humour d’ado là-dedans, ce serait un peu comme râler de la présence d’eau dans… Les Dents de la Mer.

Marvel est pourtant bien présent, voire omniprésent. Les apparitions répétées d’Iron Man/Tony Stark (Robert Downey Jr.) dans les bandes annonces et sur les affiches veillent à ce que la chose n’échappe à personne. Mais pas « présent » comme on pourrait le croire/le craindre (selon votre camp). Iron Man fait son show, Downey cabotine… mais dans des scènes très localisées du film. Peter n’arrête pas de penser à lui comme à un nouvel oncle de substitution. Mais tout le jeu consiste à déterminer comment faire partie de l’univers Marvel sans faire double emploi. A ce niveau-là, les dialogues des deux personnages forment pratiquement un méta-commentaire bien moins anodin qu’on pourrait le croire. D’ailleurs on peut en parler puisque l’extrait figure dans l’une des bandes annonces. Quand Stark, en mode balourd qui se voudrait mentor mais qui ne débite que des banalités, conseille à Peter de « faire tout ce qu’il ferait, lui » mais aussi « de ne surtout pas faire ce qu’il ferait », la contradiction prête à sourire. A un autre degré, c’est l’énoncé de la problématique Sony. Faire comme Marvel mais en même temps ne pas faire du Marvel, en tout cas pas au point de paraître pour un clone.

Là-dessus, les résultats sont inégaux, avec par exemple l’utilisation d’une intelligence artificielle dans le costume made-in-Stark de Spider-Man qui fait qu’il est tentant de voir là-dedans une sorte d’Iron Man Bis (et la chose pourrait s’avérer problématique si l’on utilisait encore la même ficelle dans un autre film). Mais toute l’idée d’Homecoming est de montre comment, après avoir été « absorbé » par les Avengers, Spider-Man peut revenir à New York est trouver une tonalité qui lui est propre, en étant le Friendly Neighbourhood Spider-Man (« L’Araignée sympa du quartier« ). Spider-Man croise Iron Man mais, au bout du compte, c’est pour mesurer tout ce qui les différencie. Ce n’est pas un film Marvel Team-Up : Iron Man & Spider-Man (même si les personnages n’en sont pas conscients). Entre les deux il y a un fossé des cultures. En clair, Spider-Man est ce héros proche des gens qui s’occupe de menaces qui ne feraient pas bouger le petit doigt de Tony Stark. Cela ne le prive pourtant pas d’enjeux. Bien au contraire puisque les choses sont, du coup, beaucoup plus personnelles.

Fidèle mais lucide

Et si 2017 était l’année des films qui aiment les super-héros dont ils parlent ? Parce que, sans revenir sur des critères qualitatifs, 2016 aura quand même été marquée par des films où les héros costumés se détestaient cordialement les uns les autres (Captain America: Civil War, X-Men: Apocalypse, Batman V Superman) et menaçaient même d’exterminer leur prochain sans sourciller, quand ils n’étaient pas purent éclipsés par des super-villains (Deadpool, Suicide Squad…). Ce qui marque rapidement dans Spider-Man: Homecoming, c’est une sympathie tangible du scénario pour les deux facettes du héros. Le réalisateur Jon Watts ne prétend certainement pas être Kubrick. Il s’inspire nettement de certains partis pris d’image qui ont précédé et montre parfois ses limites (certains combats sont brouillons, on ne comprend pas toujours les mouvements). Des éléments de l’histoire sont téléphonés (par exemple l’idée qu’un bateau peut être scindé en deux mais qu’on peut encore le sauver si on le « colle » dans les 10 minutes qui suivent). Mais il y a, au-dessus de tout ça, un amour évident du personnage. Avec cette problématique particulière qu’il faut à la fois donner des gages de fidélité mais aussi continuer de réinventer Spider-Man pour la décennie à venir. Et c’est là que ça se complique.

Les gages de fidélité, ils sont bien là pour qui connait les comics. Dans un classique du genre, le héros croule sous les décombres avant de se motiver et de triompher de l’épreuve, dans la droite lignée du Amazing Spider-Man #33 de Stan Lee et Steve Ditko. Si pour vous Spider-Man juché sur un métro évoque exclusivement une référence aux films de Raimi (avec un sort bien différent pour le métro), détrompez-vous. La référence à Spidey grimpant sur le métro, puis se retrouvant en banlieue (où il n’a pas de bâtiments assez verticaux pour tirer pleinement partie de sa toile et ses acrobaties), c’est Amazing Spider-Man #267, par Peter David et Bob McLeod. Tout cela et d’autres choses montrent bien que le matériel d’origine a été profondément exploré. Même une remise au goût du jour du mythique générique du dessin animé de Spider-Man s’élève dans les premiers instants. Mais dans le même temps, il a fallu changer beaucoup de choses parce, tout simplement, on n’est plus en 1962. La « mise à jour » de Tante May (Marisa Tomei), déjà aperçue dans Civil War et définie d’emblée ici comme (je cite) « une veuve italienne hot » donnait d’une certaine manière le ton. Oui, ce n’est plus la vieille tante à l’air octogénaire qui hantait les pages du comics. D’un côté parce que ça ne colle pas tout à fait dans la BD. May y ressemble bien plus souvent à une grand-mère ou à une arrière-grand-mère de Peter. Marvel a bien souvent tenté d’avancer que les frères Richard et Ben Parker avaient beaucoup de différence mais ça n’a jamais totalement collé avec différents flashbacks.

Là, Marisa Tomei est réellement de la même génération que les parents de Tom Holland/Peter. Surtout, ce que l’exemple démontre ou tout au moins rappelle, c’est que Tante May est une fonction. C’est une sorte de Jiminy Cricket qui surgit trois ou quatre fois à chaque film pour symboliser une certaine conscience de la réalité. Et justement le monde a changé. Etre veuve en 2017, ce n’est pas la même chose qu’en 1962. Cette May-là ne va pas se mettre un châle noir sur la tête et devenir grenouille de bénitier en priant pour que son cher Peter ne sorte pas. Caster une énième grand-mère n’aurait pas permis de symboliser grand-chose. Rajeunie (mais finalement tout comme Holland est plus jeune que Maguire ou Garfield à l’époque) elle installe rapidement un jeu de relation totalement différent. Cette May-là attire l’Å“il des serveurs de restaurants, mais elle est aussi beaucoup plus complice avec Peter. Elle ne le bloque pas. Elle l’accompagne. Et au bout du compte on se rend compte que ce champ différent d’interaction rapproche énormément la May Parker de Tomei des versions de la tante telles que scénarisées dans les comics par Joseph Michael Straczynski ou Brian Michael Bendis. Oui, ca surprend (et si jamais Peter tente de visionner le DVD du film The Wrestler, ça risque de le surprendre). Mais c’est efficace et Sony s’achète par ailleurs du temps pour que, dans les films à venir, on puisse voir vieillir ensemble le neveu et sa tante.


Une fois qu’on a compris que la refonte May Parker tend à continuer de la faire exister dans un monde moderne et que, sous les apparences, le moteur est toujours là, que certaines références sont préservées, on a la clé pour comprendre ce qui arrive au reste du jeune casting du film. Autrement dit, Betty, Liz, Ned, Flash Thompson et les autres n’ont certainement pas l’apparence qu’ils avaient en 1962. Comprenez : les profils ethniques de la bande sont autrement plus variés. Normal, créé en 1962, avant l’abolition de la Ségrégation aux USA, Peter Parker ne risquait pas de croiser beaucoup de camarades de classe noirs. On a vu avec le temps que la chose a été revue et corrigée au fil du temps, en particulier dans les Ultimate Spider-Man. Et finalement, toujours en raisonnant selon des fonctions, on comprend assez facilement que cela n’a guère d’importance. Il y a peut-être un choix, mentionné vers la fin (et encore les scénaristes ont assez de marge pour ne pas forcément y faire référence à l’avenir) qui est de nature à faire hurler les puristes. Pour le reste, peu importe que Flash soit plus brun que blond, tant qu’il continue d’être sa fonction essentielle, c’est à dire le tortionnaire de Peter. Dans le nombre, ce sont sans doute les filles qui tirent le moins leur épingle du jeu. Betty n’est là qu’à l’occasion, tandis que Liz et Michelle font le service minimum. Dans le même  temps, cela permet sur le tard quelques effets de scénario.

Antagonisme / Optimisme

On pouvait trouver que les diverses bandes annonces en avaient montré beaucoup, peut-être trop. Mais à la vision du film il apparaît d’une part que, non, tout n’est pas éventé. D’une part il reste des péripéties à voir et de l’autre, même dans ce que l’on a aperçu ou pensé deviner, il y a des subtilités qui n’apparaissent que quand on regarde la chose dans son ensemble. Une bonne preuve en est Michael Keaton dans son rôle de Vautour. Les trailers font qu’on le suppose presque comme un révolutionnaire, avec tout un discours sur l’argent. En fait l’adversaire volant de Spider-Man tient plutôt d’un working man qui faisait honnêtement son boulot jusqu’à ce que le système décide arbitrairement de ne pas le récompenser en conséquence et le pousser de l’autre côté. Il y a d’ailleurs quelque chose qui fait écho à l’ingratitude de Stark envers Parker. Keaton, ex-Batman et ex-Birdman, la joue plutôt de façon taciturne et nous épargne les ricanements de dessins animés pour nous donner un personnage plus posé (encore que pas dénué de colère). Là, pour le coup, ce braqueur a été revu de fond en comble. Ne reste guère que les ailes si l’on se reporte au modèle des comics. Par contre, on comprend au bout de quelques dizaines de minutes que la refonte s’effectue pour rendre les choses plus délicates à Peter.

Si les ailes du Vautour poursuivent un peu dans la même « esthétique mécanique » qui a fourni la plupart des adversaires de Spider-Man au cinéma (les différents Bouffon Vert, Octopus, le Rhino… et ce que laissait deviner l’entrepôt des Osborn à la fin d’Amazing Spider-Man 2), leur existence est ici motivée par un évènement passé de l’univers Marvel qui, d’un coup, justifie la présence de la plupart des vilains à gadgets. Sony n’a jamais été contre cacher quelques « easter eggs », des références planquées, dans ces films. Avec des résultats variables puisqu’on se souviendra de l’utilisation d’une Felicia Hardy comme simple secrétaire. Cette fois, c’est pratiquement un festival. Pour que l’on ait un peu révisé les identités secrètes des adversaires classiques de Spider-Man, on réalise que le simple homme de main cache un super-villain en devenir. Homecoming n’abrite pas seulement le Vautour mais aussi le Shocker et, de manière plus ou moins évidente, une bonne demi-douzaine d’adversaires potentiels. Le scénario du film « peuple » assez vite le Spider-Verse de nombreux personnages secondaires et, selon toute logique, on devrait en revoir certains dans l’avenir.

Ce qui bloquera peut-être certains spectateurs, c’est la capacité du Vautour à faire irruption dans la vie du héros. On pourra juger que c’est un peu gros. Mais dans le même temps il faut bien convenir que c’est une ligne directrice de la vie de Peter Parker. Quand il y a des emmerdes qui traînent, elles finissent toujours par trouver Spider-Man. D’ailleurs cela nous permet un face à face assez particulier, où la vocation de Spider-Man est mise à rude épreuve et où il doit, comme souvent, choisir entre sa vie privée et le bien du plus grand nombre. Pas de problème de ce côté-là, on retrouve donc l’essence même du spider-mythe. Dans la foulée, réalisation et scénario se paient aussi le luxe de lorgner un peu sur la concurrence, parfois pour y prendre ce qui est utile, parfois pour se moquer ouvertement d’elle. Dans la première catégorie, il y a un peu de l’esprit Kick-Ass (moins le côté violent, soyons clairs) dans ce gamin malingre qui se change dans une impasse et qui passe une plombe à enfiler son costume. Dans la seconde un certain interrogatoire dans un parking se moque ouvertement de Batman et de sa « grosse voix ». Comme s’il fallait démontrer qu’ici on n’est pas chez les héros crépusculaires qui jouent au dur mais bien, une fois encore, chez « l’Araignée sympathique du quartier« .

On le disait plus tôt, Watts n’est pas le plus grand cinéaste qui soit (par définition, ils ne sont pas nombreux à l’être de toute façon). Inutile, donc, de crier au génie cinématographique. Par contre quand on fait l’addition, il est évident que le scénario, même s’il connaît quelques petites fausses notes, résonne comme une chanson d’amour à Spider-Man. On peut être plus ou moins fans de certains éléments (comme le Spider-Drone, par exemple, gadget dont l’intérêt semble assez périssable). Mais globalement l’histoire donne l’envie. On a aussi un casting qui, pour la plus grande partie, exprime une joie communicative d’être là. Sans être le plus innovant qui soit, Watts fait le job et la convergence de ces trois éléments fait que, s’il est bien évident que Spider-Man Homecoming n’est pas le Citizen Kane de son époque, on a droit à un film de super-héros qui, sans être parfait, ne se renie pas et donne un moment plaisant. Sur les six Spider-Man sortis depuis 2001, on peut le faire entrer sans trop de problème dans le tiercé de tête. Il est difficile de prévoir ce que donnera la réaction du public à travers le monde, si les spectateurs qui ont un peu boudé le dernier (par rapport au début de la licence) saisira que les choses ont changé et se motivera pour aller le voir en salle. Mais Watts et son équipe réinstallent de manière convaincante « le logiciel Spider-Man » après que celui-ci ait connu quelques « bugs » ces dernières années. Mieux, ils redonnent une perspective, une envie de vivre, à Spider-Man. Efficace et fun, Spider-Man Homecoming appartient clairement au genre super-héroïque, avec les limitations qu’on lui connaît à l’écran, mais n’a pas à rougir de la comparaison avec un certain nombre de ses collègues, y compris chez Marvel.

Spider-Man Homecoming, de J. Watts, sortie officielle en salles le 12 juillet 2017 (et la veille pour quelques avant-premières)

5 commentaires

  • kerrien dit :

    Reviens comic box… Reviens tu nous manque!!!!!!!!!

  • Champert dit :

    Vivement mercredi. Merci Xavier. Ton article donne furieusement envie.

  • Ced dit :

    Ravi de vous relire!
    Et si le moral est là (et notre espoir avec lui), vous pouvez, même en retard, vous permettre de critiquer les Guardiens 2 et Wonder Woman. A très vite Comic Box!

  • Comic Box dit :

    @ Ced : A priori non parce que ça demanderait du temps, autant de temps que l’on n’a guère et que l’on grillerait à ne pas faire des choses plus pertinentes. Ou peut-être si cela nous reprend pour une sortie DVD.

  • teddymic dit :

    Yes, d’accord avec Kerrien et les autres ! C’est bon de vous relire !

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