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Review : Daredevil : Born Again – Saison 1

Ce 5 mars marque le retour de Daredevil sur le petit écran. Le héros de Hell’s Kitchen revient dans sa propre série au sein du MCU, après des apparitions remarquées dans Spider-Man : No Way Home, She-Hulk et Echo. Daredevil : Born Again se veut une continuité de la défunte série Netflix Daredevil. Mais est-elle à la hauteur de sa « grande soeur » ?

PRÉCÉDEMMENT DANS DAREDEVIL

La série Daredevil produite par Netflix, diffusée entre 2015 et 2018, a marqué un tournant dans l’univers télévisuel de Marvel. Avec ses personnages profonds, ses scènes d’action impressionnantes et une atmosphère sombre, elle s’est rapidement imposée comme l’une des meilleures adaptations de comics à l’écran. L’histoire suit Matt Murdock (Charlie Cox), un avocat aveugle par accident, qui lutte contre l’injustice à New York en tant que héros masqué, Daredevil. À travers ses luttes internes et son combat contre la criminalité organisée, Daredevil se distingue par un ton mature, brut, et réaliste qui s’éloigne des autres productions Marvel plus légères et souvent plus grand public.

La première saison mettait l’accent sur l’origine de Daredevil, montrant la naissance de son alter ego, son éveil de justicier et sa rencontre avec le maître du crime Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio), alias le Caïd. Ce dernier est un antagoniste complexe et nuancé, bien plus qu’un simple criminel. La saison suivante approfondit les conflits internes de Murdock, se reconnectant avec son passé et son amour de jeunesse, Eletrka. La troisième saison termine cette aventure avec un Matt Murdock brisé, cherchant à réconcilier sa foi, sa moralité et ses responsabilités en tant que protecteur de Hell’s Kitchen, tout en voyant Wilson Fisk revenir sur le devant de la scène.

Là où Daredevil se distingue, c’est par son exploration de la dualité de ses personnages. Matt Murdock est constamment confronté à des choix moraux déchirants, mettant en question ses idéaux en tant qu’avocat et en tant que justicier. La série réussit à équilibrer des scènes d’action intenses avec des moments introspectifs, grâce à une direction soignée et des performances exceptionnelles de Charlie Cox et Vincent D’Onofrio, rendant chaque confrontation émotionnellement chargée.

CHANGEMENT DE RÉGIME

Dans Daredevil: Born Again, la série reprend là où Daredevil s’est arrêtée, en se concentrant sur une nouvelle dynamique de pouvoir à New York. Après la chute de Fisk à la fin de la série originale, un nouvel équilibre semble se mettre en place dans la ville. Mais la paix est de courte durée. Un événement majeur dans la vie de Matt Murdock (Charlie Cox) et ses amis va remettre en question son rôle de justicier. Un an plus tard, Matt est un autre homme : avocat pénaliste au centre de New York, avec une nouvelle associée, Kirsten McDuffie (Nikki M. James), un rendez-vous avec une charmante psychiatre, Heather Glenn (Margarita Levieva). Le retour de Wilson Fisk et de sa femme Vanessa (Ayelet Zurer) sur le devant de la scène new-yorkaise va venir perturber cette tranquillité.

RENAISSANCE

La production de Daredevil: Born Again n’a pas été sans difficultés. En effet, la série a traversé plusieurs révisions, tant sur le plan de l’écriture que de la direction créative. Initialement, la série n’avait que très peu de lien avec la version précédente. Ce qui est étrange quand on sait que Daredevil fut la seule série Netflix, développée avec Marvel Television dirigée à l’époque par le scénariste Jeph Loeb, qui a connu trois saisons (contrairement à Punisher, Luke Cage, Jessica Jones et Iron Fist qui n’ont que deux saisons). Après avoir tournée six premiers épisodes, Brad Winderbaum, le nouveau dirigeant de Marvel Television (maintenant rattaché aux productions de Marvel Studios) décide de remercier les scénaristes et replanche sur la série. Les personnages de Foggy Nelson (Elden Henson) et Karen Page (Deborah Ann Woll) étaient absents de cette première version. Les faire revenir, ainsi que Jon Bernthal en Franck Castle/Punisher et Ayelet Zurer dans le rôle de Vanessa Fisk, permet de reconnecter les deux versions de la série.

Contrairement à ce qui a pu être annoncé, tout n’a pas été « jeté ». Les rumeurs évoquaient une salve d’épisodes où Matt n’endosserait pas le costume de Daredevil avant longtemps, pour se consacrer sur l’aspect procédural du héros. Et c’est le cas. Pour justifier cette absence, un événement marquant oblige Matt à raccrocher les gants. Les premiers épisodes sont marqués par un ton qui, par moment, semblait hésitant entre un respect de l’univers plus sombre des premières saisons et l’intégration de nouveaux éléments plus grand public, parfois jugés trop légers. Ne vous y méprenez pas, l’action et la violence sont montrées à l’écran comme jamais pour une production Marvel (si on exclut le récent Deadpool vs Wolverine). Il faut noter que la série a eu à surmonter un défi majeur : réussir à s’inscrire dans un nouvel univers Marvel après l’absorption des séries Netflix dans le MCU. La tonalité de la série, qui avait fait sa renommée avec son côté brut et réaliste, devait à la fois s’intégrer à l’univers cinématographique Marvel tout en conservant son caractère unique. Les choix scénaristiques ont donc dû jongler entre l’intimité des intrigues personnelles des personnages et l’introduction de nouveaux éléments propre à l’univers cinématographique Marvel.

UN FAUTEUIL POUR DEUX

Dans cette nouvelle itération, Fisk devient une figure politique incontournable, s’élevant à la mairie de New York. Ce développement est crucial car il transforme son caractère de simple criminel en une véritable force politique. Ce changement de contexte donne à la série une nouvelle perspective sur le pouvoir, l’influence et la corruption, posant des questions sur la frontière entre justice et légalité, qui n’est pas sans rappeler ce qu’il se passe sur le terrain politique des USA en ce moment.

En parallèle, on suit la tentative de Matt Murdock de réintégrer une société qu’il a presque perdue, alors que la pression monte. La montée en puissance de Fisk à la tête de la ville ne fait qu’accentuer l’intensité de ce combat. Chaque épisode nous entraîne dans une spirale où les enjeux se complexifient, et les personnages sont contraints de faire face à leurs choix passés et présents. En fait, Daredevil : Born Again met en scène deux hommes qui essaient de changer leur destin mais qui reviennent sans cesse à leur nature primaire.

Un des points forts de Daredevil: Born Again est, sans surprise, la performance de ses acteurs principaux. Vincent D’Onofrio, dans le rôle de Wilson Fisk, réussit à capturer l’essence d’un personnage à la fois monstrueux et humain. Son interprétation de Fisk, un homme de pouvoir imprégné de psychologie complexe, demeure l’une des meilleures performances de l’univers Marvel. D’Onofrio injecte à Fisk une dimension tragique, un homme pris dans son propre piège de corruption, de violence et de politique. La manière dont il fait passer la froideur et la rage sous son apparence lisse mais dévastatrice est brillante. Fisk est aussi un mari aimant qui a du mal à cerner sa femme. La série prend en compte les conséquences des séries Hawkeye et Echo dans lesquelles D’Onofrio reprenait son rôle. Son absence pèse lourd sur son mariage. Ayelet Zurer incarne avec brio, encore une fois, une Vanessa, à la fois séductrice et impitoyable.

Charlie Cox, quant à lui, reprend le rôle de Matt Murdock/Daredevil avec la même intensité que dans les saisons précédentes. S’il jouait un Matt Murdock plutôt détendu dans She-Hulk, il porte ici la série avec son interprétation nuancée, offrant un Matt Murdock à la fois vulnérable et résolu. Les dilemmes moraux de son personnage sont magnifiquement exprimés à travers les gestes, les silences et l’émotion brute qu’il véhicule. Les scènes de combat et les moments plus introspectifs de Matt montrent la maîtrise de l’acteur dans l’art de mêler action et émotion. On ne peut que compatir à sa douleur, notamment dans une scène éprouvante, lors d’un simple dialogue dans le cinquième épisode.

Leur duo est la clé de voûte de la série depuis le début. Daredevil : Born Again ne fait pas exception. Même si, durant la conférence de presse à laquelle nous avons assistée, les acteurs soulignent qu’ils n’ont eu que cinq ou six scènes ensemble sur les dix ans d’existence de Daredevil à la télévision. Ici aussi, leur interaction est rare mais impactante. La narration suit les deux personnages en parallèle, chacun évoluant à sa façon.

ROUGE SANG

Un des aspects les plus frappants de Daredevil: Born Again est la violence, qui reste une composante essentielle de la série.Les scènes de combat sont viscérales et réalistes, rappelant le côté brut de l’univers de Daredevil, mais jamais gratuites. Chaque coup, chaque décision violente est justifiée par les circonstances et le développement des personnages. Mais Disney et Marvel ont laissé les showrunners aller dans l’extrême. Certaines scènes sont très très sanglantes, voire gore. On a peu l’habitude de voir ça dans une production Marvel Studios.La violence ici n’est pas un simple outil narratif ; elle sert à exposer les luttes internes des protagonistes et à accentuer l’impact de leurs choix.

Les fameux combats dans les ruelles de Hell’s Kitchen sont différents de la version Netflix. Mais pour le meilleur et parfois pour le pire. Entendez par là des VFX qui parfois laissent un peu à désirer. Notamment dans le premier affrontement de la série. Peut-être parce que cet élément a été rajouté lors du remaniement du ton de la série. Par la suite, les autres combats sont plus « brut » mais avec un Daredevil qui bouge différemment, qui utilise beaucoup plus ses fameux « billy club », ses batons de combat, et son grappin. Là aussi, parfois, un peu plus de finitions sur les effets spéciaux ne ferait pas de mal. Mais ça fait plaisir de voir un Daredevil qui se mouvoit d’une façon plus proche de sa version comic book.

DU PAPIER À L’ÉCRAN

Les scénaristes s’inspirent des meilleurs story-arc des comics, en injectant de nouveaux personnages comme Kirsten McDuffie (issue de l’ère Mark Waid), White Tiger (de l’ère Bendis) le dernier rôle du regretté Kamar De Los Reyes, ainsi que le terrifiant Muse (de l’ère Charles Soule) incarné par Hunter Doohan. Le personnage de BB. Urich (Genneya Walton) est une création originale qui permet de faire revivre Ben Urich, un visage majeur de l’univers des comics Marvel, disparu trop tôt dans la série Netflix (et non, ce n’est pas son neveu Philip devenu le Bouffon Vert dans les comics). BB donne aussi un autre vision de la ville de New York City à travers une narration particulière, une sorte de respiration dans le récit. Mention spécial aussi pour Michael Gandolfini (le fils de feu James Gandolfini, connu pour son rôle de Tony Soprano) en Daniel Blake, un jeune homme arriviste qui va falloir avoir à l’oeil. Tous ces nouvelles figures du monde de Daredevil injectent un peu de sang neuf et inscrit le héros dans un monde plus grand. L’intégration dans le MCU se fait également au détour de phrases évoquant certains héros aux super-pouvoirs ou encore le retour d’un visage d’une série Disney +. Non, on ne parle pas de Jon Bernthal… même si on est obligé d’en parler ! Il aurait été dur de se passer du Punisher, qui a vu sa version télé naître dans la seconde saison de Daredevil (avant d’avoir son propre show). Bernthal explose chaque scène dans lesquelles il apparaît. Que ce soit en action ou en simple discussion. Quand on sait que le héros aura le droit à sa propre « Special Presentation », à savoir un court métrage, sur Disney +, on a hâte.

La complexité des personnages, l’intrigue centrée sur la dualité entre Wilson Fisk et Matt Murdock, ainsi que la violence maîtrisée qui caractérise la série, en font une proposition riche, ambitieuse et pertinente pour les fans du héros masqué. Quant à l’avenir de la série, il est clair que Daredevil reviendra pour une seconde saison, en cours de tournage, pour une diffusion courant 2026. Alors que les rumeurs sur la direction de la série et les liens du héros avec le MCU se multiplient, la question demeure : Daredevil pourra-t-il conserver son côté brut et intime tout en s’intégrant dans l’univers plus grand du MCU ? Seul l’avenir nous le dira, mais l’héritage du Daredevil de Netflix, avec son approche mature, est ici conservé et même amélioré. Daredevil: Born Again est un peu comme ce vieux pote qu’on n’a pas vu depuis longtemps. On a plaisir à le retrouver, au début. Puis, après un petit bilan, les retrouvailles ont un petit ventre mou, avant de se conclure de façon émouvantes, en disant qu’on se retrouvera très vite. « L’une des meilleures séries du MCU ? » est la phrase désormais consacrée à chaque sortie d’adaptation de super-héros et dans le cas présent, vous pouvez y aller les yeux fermés.

Daredevil : Born Again – Saison en 9 épisodes, diffusée sur Disney + à partir du 4 mars 2025.

[Pierre Bisson]
Pierre Bisson

Pierre Bisson en plus d'être l'un des rédacteurs du site comicbox.com est aussi traducteur, lettreur et maquettiste.

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