Autour des Comics : Daredevil Dossiers Secrets
7 octobre 2007[FRENCH] Philippe Cordier est un passionné de comics qui vient d’auto-éditer un ouvrage intitulé « Daredevil Dossiers Secrets », avec des interviews d’auteurs comme John Romita Jr., Klaus Janson ou encore Ann Nocenti. Limité à 400 exemplaires, ce livret (qui représente un travail considérable) est un must pour tout fan de DD qui se respecte (dépêchez-vous pendant qu’il en reste [*]). Tant d’efforts valaient bien une petite interview…
Comic Box : Ces dossiers secrets de Daredevil puisent leur origine dans des articles que vous avez écrit pour le magazine américain Back Issue. Commençons donc par le commencement : comment vous êtes vous retrouvé à écrire ces articles pour Back Issue ?
Philippe Cordier : Bonne question. La genèse du projet vient de mon amitié (toute relative mais néanmoins de longue date) avec Klaus Janson, avec qui je corresponds depuis longtemps. J’y trouvais matière à raconter des choses que je souhaitais partager avec d’autres personnes. C’était dommage de garder ça pour moi. De temps en temps je trouvais l’occasion d’en placer des petits bouts dans le fanzine Scarce mais cela n’était pas suffisant pour moi. Je faisais quelques articles sur ces planches de Batman par exemple mais c’était largement insuffisant par rapport à l’étendue de notre correspondance. Comme ce genre de sujet m’intéresse particulièrement, j’ai mis la main par ailleurs des planches de Daredevil crayonnées par Miller, je me suis dit que là, vraiment, il fallait faire quelque chose en réunissant ces éléments… Etant donné que je suis par ailleurs lecteur de Back Issue (magazine américain spécialisé sur la période 70/80), j’ai écrit un mail à Michael Eury, qui en est le rédacteur-en-chef en lui expliquant que j’avais ces documents, que j’entretenais aussi des liens avec John Romita Jr et quelques autres et qu’on pouvait en dégager une thématique. C’est comme ça que les choses ont pris forme.
En fait vous êtes à la base même de l’idée de faire ce numéro sur la thématique sur Daredevil ?
Voilà. Michael Eury m’a aidé pour obtenir les coordonnées mails de certaines personnes comme Ann Nocenti et Ralph Macchio. C’est comme ça que cette thématique « Daredevilienne » a pris forme…
A ce que vous venez d’en dire on comprends que les choses sont un peu nées de vos contacts avec Janson mais est-ce que Daredevil, en tant que personnage, fait vraiment partie de vos favoris ?
Je ne raisonne pas vraiment en terme de personnages favoris, plutôt en terme d’auteurs. Maintenant c’est vrai que deux héros ont toujours tenus chez moi une place à part : Spider-Man et Daredevil. Spider-Man pour des raisons liées à l’enfance (comme beaucoup) et Daredevil parce que j’ai toujours trouvé que les meilleurs auteurs s’étaient succédés sur la série. J’ai été complètement bluffé par la parution dans Strange des épisodes de Miller puis par les « versions intégrales » chez Semic de la période Nocenti & Romita. Et le top du top en matière de comics était pour moi le « Born Again ». Donc du coup… Ca faisait beaucoup pour un seul personnage.
Puisqu’on parle des versions françaises… Daredevil en a vu des vertes et des pas mures de ce côté là. Puisque vous avez rajouté beaucoup de bonus inédits pour la version francophone de ces dossiers secrets, vous n’avez pas été tenté d’ajouter une partie sur le destin de Daredevil en VF ?
Pour tout dire, j’y ai effectivement pensé. Il y avait beaucoup de choses à dire et c’était intéressant. Mais cela aurait supposé rajouter toute une partie. Déjà qu’au départ je partais pour un livret d’une trentaine de pages et qu’au final il y en a 52… Cela aurait supposé rajouter encore bien des pages et j’ai donc renoncé à traiter cet aspect pour privilégier des pages de dessins faits par les auteurs. Mais c’est vrai que ça m’a effleuré l’esprit… Il y aurait eu de quoi en faire une tartine… Mais il a fallu faire des choix. La version américaine de ces articles totalisait 24 pages. Là, donc, il y en a 52. Plusieurs éléments expliquent cette différence. D’abord j’ai privilégié les comparaisons crayonnés/encrage (je trouve qu’ils n’en avaient pas mis assez dans la version américaine). Il y avait aussi ces 11 pages d’histoire inédite de Daredevil, donc ça a tout de suite augmenté la pagination de l’ensemble. Et en plus une dizaine de pages de pin-ups faites par des illustrateurs en guise d’hommage…
Y compris une couverture inédite de John Byrne…
Exact. Mais il est aussi à l’intérieur. Il m’avait fait également un autre dessin inédit de Daredevil que Back Issue a décidé de ne pas intégrer dans la version américaine car John Byrne n’était pas concerné par l’article. Donc du coup j’en ai la primeur et j’en suis content (rire).
Vous n’avez pas voulu en profiter pour interviewer quelques auteurs plus récents de Daredevil ?
Si. J’ai essayé avec plusieurs artistes et dans certains cas j’ai même eu une première réponse positive puis plus rien. Du coup je me suis dis « restons ciblés sur cette période bien précise de la série ». J’ai préféré rajouter des pin-ups de plusieurs artistes dont le regretté Mike Wieringo.
Vous n’avez pas eu la tentation d’utiliser un format moins proche du fanzine, disons celui d’un livre, qui vous aurait permis d’être plus présent en librairie et peut-être plus sur la durée ?
Si. En fait c’est une idée que j’ai toujours mais que j’ai décalé. Mon idée était un format du type Modern Masters (NDLR : une série de biographies thématiques publiées aux USA). Dos carré, grosse pagination… Mais cela représente une somme que je n’avais pas (et comme j’avais décidé de me débrouiller tout seul…). Mais l’idée reste là.
Le tirage initial de ces Dossiers secrets se limite à 400 exemplaires. Vous excluez d’en faire un retirage ? 400 exemplaires on a l’impression que ça va partir comme des petits pains…
Je ne sais pas. Je me suis basé sur l’expérience que j’avais eu lors d’un précédent ouvrage que j’avais co-écrit et qui traitait de Tota. Nous en avions fait 500 exemplaires et il n’était pas parti intégralement. Je me suis dis « partons sur 400 » puisque les 500 de l’autre projet ne s’étaient pas tous vendus. Mais c’est vrai qu’à l’époque il n’y avait pas Internet. Ca va peut être changer la donne. Je ne demande qu’à être agréablement surpris ! (rires).
Une dernière chose : vous avez pensé à l’éventualité d’une édition en braille ?
C’est une excellente question. Etant donné que ma version française est axée essentiellement sur l’illustration, je pense que cela lui enlèverait un peu d’intérêt (rire). Cela dit mon père est aveugle et c’est vrai que j’aurais aimé qu’il puisse découvrir ce livre sans que quelqu’un ait à lui lire. D’ailleurs j’ai intégré une de ses explications dans le bouquin, sur un passage qui évoque le sens radar de Daredevil, qui est basé sur une réalité. J’ai été beaucoup charrié quand j’en ai parlé dans un numéro de Scarce (les gens m’ont pris pour le fanboy de base qui croyait à l’existence des super-pouvoirs) mais les aveugles les plus autonomes ont quelque chose qui pourrait s’apparenter à ça. Ils ne sont pas nombreux mais ça existe. J’en ai parlé non seulement avec mon père mais aussi d’autres aveugles. Il s’agit d’une utilisation exacerbée de l’oreille interne, qui permet une certaine perception des masses. En général ça surprend les gens…
Propos recueillis par Xavier Fournier
[*] Commander Daredevil Dossiers Secrets (par souscription uniquement) – 8 Euros + FDP : Envoyer un chèque (en indiquant vos coordonnées postales) de 11 Euros à :
Philippe Cordier – 132 cours Tolstoi – 69100 Villeurbanne FRANCE