Autour Des Comics : Exposition Hero Or Nothing
20 juin 2008[FRENCH] Fans de comics, vous en avez peut-être marre qu’il y en aient encore pour refuser à la BD américaine le terme d’art. Il y a pourtant des décennies que des gens comme Andy Warhol ou Roy Lichtenstein ont démontré que la culture populaire (y compris les comics) est bien, avant tout, de la culture. Et ces temps quelques artistes français continuent d’explorer cette démarche. C’est ce week-end que s’achève l’exposition Hero Or Nothing, tenue par le collectif Exposed au studio Art And You, à Paris. Les cinq artistes réunis ont la particularité de s’être retrouvé autour du thème du héros. Tout ça pulse d’une belle énergie et s’adresse bien entendu aux amateurs d’art de tous bois. Et pour peu que ces observateurs s’intéressent un peu aux comics et aux super-héros, ils y verront de nombreux clins d’oeils. Les dessins à tendance underground de Veenmom, Les oiseaux-masqués de « Alëxone », les oursons post-punks de « XXX PROD.© », Hero et ses hommages à Astro Boy, les super-héros explosés de ROD sont au demeurant très différents les uns des autres. Attendez-vous donc a des virages assez marqués d’un auteur à un autre (jusqu’ici, quoi de plus normal) mais aussi quand vous regarderez des tableaux créés par la même personne. Mais tous se retrouvent autour d’une certaine acidité…
« J’ai découvert les super-héros quand j’avais dix ans, grâce à une collection qui comportait plein de vieux épisodes des Fantastiques, ce genre de chose. J’ai aussi vite découvert des mangas comme Dragon Ball et tout ça c’est mélangé à mes délires personnels, à mes fantasmes d’enfant, explique Hero, « tous ces petits trucs qui te passent dans la tête quand tu es au fond de la classe et que tu t’imagines que tu vas sauver le monde entier, tout en griffonant des choses sur des bouts de papier ». Mais attention, il n’y a pas d’idolâtrie dans la démarche de ces artistes. Sur la vidéo de présentation d’Exposed, Alëxone explique « Moi ce qui m’intéresse, c’est le côté banal de ces héros. Mais aussi des éléments comme les capes et les masques, parce qu’en fin de compte on ne sais pas qui ils sont vraiment ». Une dualité qui tombe à pic, comme un parallèle de la démarche artistique, résumée par Veenom « Il faut être à moitié égocentrique pour se lancer dans ce genre d’exposition ». La bonne nouvelle, c’est donc que les cinq exposants, épaulé par les autres membres du collectif, sont au moins à moitié « non-excentriques ». Il y a une certaine distance avec leurs propres oeuvres, un refus de se prendre trop au sérieux, eux où leur thème. D’ailleurs XXX PROD.© ne le cache pas: « Moi je suis plus intéressé par les anti-héros… » Et quand on lui parle de « figures » comme les « frères rapetou », il avoue qu’ils lui sont effectivement sympathiques. Rod (qui produit les oeuvres les plus typées « comics » du lot », lui, aime a détruire ce qu’il adore, comme pour mieux en rester maître. On vous en reparlera plus en détail dans Comic Box #53. Pour l’heure, si vous passez aujourd’hui ou demain dans le 9ème arrondissement de Paris, vous pouvez encore voir les oeuvres concernées. Et que les non-parisiens se rassurent, on imagine mal cette exposition ne pas avoir de lendemain dans d’autres lieux…
[XF & PB]
Hero or Nothing est une exposition présentée par Laurie De Vlieger
Studio Art and You, 14 rue Richer, 75009 Paris.
Entrée libre du mardi au vendredi de 11h à 19h et le samedi de 14h à 19h.
Site d’Exposed: http://collectif-exposed.com/
Etant étudiant en Arts Plastiques et fan de comics, je tiens à apporter une précision : Roy Liechtenstein n’aimait pas les comics. Bien qu’il ait pillé (il n’a pas d’autre mot) leur iconographie et leur univers, il affectait de les mépriser. Pour trouver des peintres réellement fan de comics, mieux vaut se touner vers Erro, Basquiat ou Kokian…
Une précision à votre précision: nous parlons bien ici d’évoquer de manière artistique l’univers des comics. Mais pas du fait que les auteurs soient forcément des « fans de comics ». Nous ne sommes pas certains, par exemple, que tous les gens de l’exposition mentionnée dans notre article aiment forcément les comics. Mais ils s’en servent comme matière première. Dans son intimité, Roy Lichenstein pouvait bien penser tout ce qu’il voulait des comics, ce n’est pas notre propos (vous ne verrez nulle part dans notre texte l’affirmation qu’il ait été fan de comics). Mais en les intégrant dans ses oeuvres il leur a donné une certaine reconnaissance artistique.
j’aime la précision de l’admin : comme matière première,c’est dans ce sens que j’utilise les comics
dans mon travail.