Necronomicon #1 [Boom Studios]
Scénario de William Messner-Loebs
Dessin de Andrew Ritchie
Sortie américaine: Boom nous informe que suite à un problème avec Diamond ce comic book sortira peut-être le 4 ou le 10 septembre 2008, sans possibilité d’être plus précis. Surveillez les bacs de votre libraire!
H.P. Lovecraft a publié les premières textes liés au Necronomicon il y a un peu moins de 90 ans mais les récits de ce maître de l’Horreur gardent aujourd’hui encore toute leur force, jouant souvent sur un système d’évocation qui laisse deviner plus qu’il ne montre. Aussi l’adapter en film ou en BD, dans un mode résolument visuel, n’a rien de facile. On a même tous les risques de se planter mais Andrew Ritchie trouve ici le bon ton, à la fois un peu désuet et moderne, en tous cas éloigné des canons habituels des comics américains.
Maintenant il faut bien le dire, si H.P. Lovecraft était un auteur puissant, il y a tout un pan du bonhomme qui était assez nauséabond et ca n’avait rien à voir avec la littérature fantastique : il est connu que l’écrivain avait des idées racistes assez marquées et il arrive qu’on le devine un peu à la philosophie qui transparait dans certains récits. William Messner-Loebs a cependant trouvé un bon ressort scénaristique en affrontant la question de plein fouet. Le héros principal de Messner-Loebs n’est pas traditionnel lettré blanc protestant que Lovercraft plaçait au centre de ses nouvelles. Non, là le scénariste s’est servit d’un des fondements de l’oeuvre de Lovecraft qui veut que le Necronomicon aurait été rédigé à l’époque des Croisades par un arabe fou (Abdul Al-Hazred).
Du coup l’action du comic-book Necronomicon se passe au début du 20° siècle, alors que de riches américains veulent se procurer une traduction adéquate de l’ouvrage. Ils sont donc obligés de passer par un jeune arabe venu faire ses études aux USA, le payant pour qu’il travaille sur une traduction parfaite du livre. Et Messner-Loebs a choisi de raconter l’histoire via le regard de ce jeune héros en le montrant victime du racisme de ses contemporains. Le scénariste trouve ainsi la formule pour s’insérer fort logiquement dans l’univers de Lovecraft et son époque tout en dénonçant le racisme et l’antisémitisme. Le combo Will Messner-Loebs/Andy Ritchie est donc assez performant sur ce titre qui s’impose d’emblée comme le plus intriguant de la gamme « Lovecraft » de cet éditeur. S’ajoute le plaisir de voir Messner-Loebs à l’oeuvre après des années de vaches maigres. Bref, Necronomicon commence plutôt bien…
[Xavier Fournier]
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