Avant-goût VO: Review New Avengers #34
11 septembre 2007[FRENCH] Brian Michael Bendis continue de négocier le virage entre l’après-Civil War et deux autres intrigues. L’un concerne le cru 2008 de la catégorie « crossover global ». L’autre a pour sujet l’ascension d’un nouveau Tsar du crime à New York. Beaucoup de choses se passent mais on reste quand même dans le cadre d’un épisode de transition. Et Wolverine a les boules (ou presque).
New Avengers #34
[Marvel Comics]
Scénario de Brian Michael Bendis
Dessins de Lienil Yu
Sortie américaine prévue: 12 septembre 2007
Les affaires reprennent directement là où nous les avions laissé à la fin de l’épisode #33. Wolverine est lancé dans un combat sans merci contre le type qui souhaite devenir le nouveau caïd de la pègre. Bon maintenant je dois avouer que je suis un peu incrédule devant ce duel qui, en toute logique, devrait être assez prévisible. On a connu ce postulant-caïd à travers des débuts mineurs dans d’autres séries et il difficile de l’imaginer en train de tenir tête à Wolvie avec seulement seulement deux flingues. Tout comme je n’envisage pas vraiment que ce même personnage ait réussit à affronter certains des criminels aperçus dans l’épisode précédent. Mais Bendis fonctionne visiblement selon la logique que ce futur roi de la pègre s’est endurci depuis la dernière fois que nous l’avons vu. D’ailleurs au bout de quelques pages on s’apercevra effectivement de la nature « transformiste » du bonhomme. Mais avant tout çà, Wolverine dérouille, blessé à un endroit que les comics abordent assez peu en général. Au début, au détour d’une case, on en sourit en pensant que c’est juste une allusion ou un clin d’œil du dessinateur mais assez vite le dialogue et le scénario nous prouvent que c’est tout à fait assumé. Et cette scène n’est pas la seule du genre. En fait c’est tout simplement l’épisode des Vengeurs le plus « cru » depuis… depuis au moins un bon moment, à supposer qu’un numéro des Vengeurs ait autant abordé ce genre de sujet. On retrouve là le Bendis de certains épisodes explicites d’Alias et de Powers.
Très vite on change de contexte pour retrouver le docteur de l’équipe, en plein ébat sexuel. Mais le cœur n’y est pas et c’est surtout un moment qui permet d’explorer les raisons du héros pour avoir rejoint le groupe. Nouveau changement de décor et là on voit Ronin se faire surprendre sous la douche par une co-équipière, médusée par la taille de… euh… l’équipement du héros. Ce n’est pas que ce soit « hors-sujet » ou bien qu’il faudrait jeter un regard puritain sur ces passages. C’est juste que la série ne nous avait pas habitué à ce genre d’allusion alors là, sur trois scènes successives, l’effet est pour le moins… inattendu. On est presque surpris quand, à la quatrième scène, on revient vers des problèmes de super-héros « classiques ». L’expert en arts martiaux de l’équipe fait référence à certains problèmes récents qu’il a connu dans un autre titre et demande conseil au docteur. C’est seulement ensuite que les Vengeurs se réunissent, après s’être donné le temps de la réflexion. Vient le moment de savoir si tout ce petit monde se fait confiance et on a droit à un passage qui fait quelque part un peu redite d’une autre réunion vue récemment mais qui justifie assez bien la couverture (je m’étais demandé pourquoi les personnages étaient dans de tels états sur l’image et bien l’explication est plutôt simple et efficace). Les réflexions de Peter au sujet des événements récents et de ce qu’il est peut-être ne manquent pas d’humour. On notera seulement un petit problème de continuité dans le « Bendisverse » Marvel. Dans Alias nous avions appris que Jessica Jones, avant d’obtenir des super-pouvoirs, fréquentait le même collège que Peter Parker et était amoureuse de lui (ce qui d’ailleurs pourrait sans doute donner lieu à un bon What If). Là, elle voit une image de Peter jeune et ne le reconnaît pas, allant même jusqu’à demander qui c’est. C’est un peu contradictoire puisqu’elle était supposée être amoureuse de lui quand il avait cet âge. Ou bien alors le scénariste aurait commis cette phrase en toute connaissance de cause, en vue d’une histoire à venir ? Difficile à dire mais il est curieux de voir un auteur ignorer un élément qu’il a lui-même mis en place…
Wolverine est le dernier à se joindre à l’assemblée pour leur apprendre le sinistre plan qu’il vient de découvrir. Très vite les Nouveaux Vengeurs se mettent en tête de prévenir et d’aider leurs collègues d’une autre équipe et je dois dire que sur ce passage j’ai un nouveau moment de doute. Car l’assassin embauché pour liquider l’autre équipe est puissant, c’est certain, et je ne donnerait pas cher de la peau de certains des membres s’il les affrontait individuellement mais là quand même le groupe concerné possède certains colosses qu’il me parait difficile d’éliminer même avec un pistolet laser. Bref, les Nouveaux Vengeurs ont visiblement moins confiance que moi dans l’endurance de leurs homologues. Leur passer un coup de téléphone ou un email pour les prévenir ne leur suffit pas et ils s’élancent en direction du QG de cet autre groupe. Mais la manœuvre pose quand même cette question : c’est une chose de lancer à chaque fois au secours de la veuve et de l’orphelin mais dans le contexte de l’après Civil War, démarrer au quart de tour dès qu’une autre équipe est concernée n’est pas sans poser des problèmes. C’est là qu’intervient une troisième intrigue, venue se greffer depuis une autre série (dommage, d’ailleurs, que la dite série ait pris du retard, cela rend le crossover moins pertinent). Après que les Nouveaux Vengeurs se soient posés beaucoup de questions sur le thème de la confiance, devenant essentiellement une série paranoïaque depuis le début de Civil War, il est amusant qu’après une réunion où ils se sont ouverts les uns aux autres, l’histoire s’achève sur une perte de contrôle pour certains d’entre eux.
Il y a plusieurs bons moments dans ce numéro. Quelques redites mais surtout une multiplication des intrigues là où le titre avait été relativement « monotache » depuis un peu plus d’un an. Je reste peu convaincu de la correction que reçoit Wolverine et j’attends de voir où ira l’histoire du Néo-Caïd (encore qu’avec quelques révélations bien placées…). Le crossover immédiat semble intéressant, avec son thème de fond sur la perte de soi. Mais quelque part Bendis est prisonnier du charisme de l’autre intrigue. Il a tellement mis en place sa future histoire pour 2008 qu’on voudrait en savoir plus sur les implications. Du coup, pour l’instant, toute nouvelle intrigue fait un peu diversion. C’est en cela que l’épisode donne un sentiment de transition. Le prochain numéro semble promettre beaucoup d’actions et, dans l’idéal, une confrontation entre deux factions. New Avengers #34 n’est pas aussi trépidant que les précédents (mais toujours joliment illustré par Yu) mais c’est sans doute aussi parce que les choses se diversifient là où elles étaient récemment monomaniaques. L’avenir nous dira s’il s’agit d’un renouvellement ou d’une dispersion. Dans l’état les choses quand même largement plus soutenues qu’avant Civil War, sur les tous premiers arcs de New Avengers.
[Xavier Fournier]