Avant-Goût VO : Review Station #2
12 août 2008[FRENCH] On le savait déjà depuis Alien mais Station confirme cette contradiction: l’espace est le meilleur des huis clos. Tant que les personnages sont coincés là haut, ils sont à l’écart du monde, sans aide à attendre. Pire: s’il y a un saboteur, il est forcément à leurs côtés, dans une structure qui n’est guère plus grande qu’un 3 pièces. Johanna Stokes continue de jouer les Agatha Christie orbitales même si, forcément, l’effet de surprise est un peu moins prononcé. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Les questions de base restent cependant efficaces.
Station #2 [Boom! Studios]
Scénario de JOHANNA STOKES
Dessins de LENO CARVA
Sortie prévue aux USA: 13 Août 2008
Dans le premier numéro l’équipage d’une station spatiale perdait un astronaute dans des conditions plus que suspectes. A l’évidence il y avait un sabotage mais cette information n’avait pas encore cheminé jusqu’au cerveau d’une partie de l’équipe. D’autant qu’il y avait encore une réparation à faire pour que tout le monde (sauf l’astronaute perdu) puisse s’en tirer. Ce qui est certain c’est que Leo Carva n’est pas un mauvais dessinateur en terme de crayonnés mais qu’il aurait été plus opportun de lui trouver un encreur expérimenté. Là, du coup, c’est une colorisation un peu chargée qui vient parfois palier à l’absence de certains traits ou ombres. Dans certaines cases, c’est un simple dégradé gris (façon « Photoshop de base ») qui tient lieu de décor. Disons que cela donne un effet « ripolin » là où pourtant le dessin, en d’autres conditions, aurait été mieux mis en évidence.
Autre petite lacune (ou disons plutôt « faute de goût ») : dans les premières pages les personnages me semblent un peu trop souriants et dragueurs pour des gens qui viennent de perdre un collègue et qui plus est sont en train de lutter pour leur survie sans garantie de s’en tirer…
Le dessin pêche en termes de narration par moment. Il est question d’un incendie (celui qu’on voit sur la couverture) qui prend curieusement l’apparence d’une sphère électrique bleue. Dans des séries plus branchées SF ce genre de globe bleu pourrait tout aussi bien symboliser une intelligence extra-terrestre. Là, je ne sais pas trop si c’est supposé représenter un court-circuit en état d’apesanteur. Disons que la seule manière qu’on a de savoir que cette chose est moins étrange qu’elle en a l’air, c’est parce que les protagonistes eux-mêmes ne tiquent pas. On leur fera donc confiance sur ce point. Sans doute que le dessin est un peu trop expressif pour le coup…
En un sens le lecteur à un temps d’avance sur la plupart des personnages qui, eux, ignorent encore que les « accidents » n’en étaient pas. Encore que tout ça arrive rapidement au grand jour. C’est donc sur le scénario que les choses reposent et il est intéressant de voir ressurgir dans l’histoire la question « Who do you trust ? » qui fait les beaux jours de Secret Invasion chez Marvel. Là, pas de Skrulls à l’horizon mais la question de la confiance est là aussi le nerf de la guerre. C’est ce scénario qui rehausse les choses en jouant à fond sur le côté parano de la situation. Néanmoins à ce stade Station donne l’impression d’une série qui gagnera à être lue en TPB plutôt qu’en fascicule parce que là, pour le coup, l’histoire a beau être intéressante, le court-circuit nous aura occupé tout un épisode, dans une mini qui au final n’en comptera que quatre. C’est un peu court…
[Xavier Fournier]