Avant-Goût VO : Review Uncanny X-Men #500
20 juillet 2008[FRENCH] Les X-Men, non contents de se reformer, changent de base d’opération. Mais s’ils sont au demeurant très bien accueillis, là où les mutants vont, les ennuis suivent. Des ennemis « habituels » se font connaître mais aussi quelques persos moins attendus. Ce numéro anniversaire se lit comme le début d’une nouvelle direction mais c’est aussi et surtout l’occasion de juger des deux nouveaux dessinateurs alternants de la série, Terry Dodson et Greg Land.
Uncanny X-Men #500 [Marvel]
Scénario : Ed Brubaker & Matt Fraction
Dessins : Greg Land & Terry Dodson
Sortie aux USA : le 23 juillet 2008
Cela couvait depuis le dernier arc, cette fois c’est fait: les X-Men s’installent à San Francisco. Au demeurant on pourrait se dire que c’est une astuce pour éloigner le monde mutant de New York et éviter, ainsi, d’être systématiquement pris dans les crossovers du moment. Alors la migration à San Francisco ne serait qu’un gimmick pour éloigner encore un peu plus les X-Men du reste de l’univers Marvel ? Et bien non car dès la première page Brubaker & Matt Fraction insistent sur la présence des Eternels et du Céleste dans la même ville. Très vite on voit quelles sont exactement les raisons de la nature si compréhensive de Mme le Maire à l’égard des mutants. Ce n’est pas tout à fait comme si elle n’avait pas une relation avec l’un d’entre eux. Mais si San Francisco peut se révèler un havre de liberté d’expression, le principe joue dans les deux sens. De la même manière que la ville accepte à bras ouverts l’arrivée des mutants (un changement d’ambiance bienvenu après des années de pathos trop systématique), elle donne la même liberté à ceux qui les critiquent. Ou tout au moins qui veulent exploiter leur image et celle de leurs ennemis. Politiquement la situation est à la fois plus fraiche et plus complexe que ces dernières années quand les Sentinelles encerclaient l’école de Xavier…
Tiens, d’ailleurs, puisqu’on parle de Sentinelles… L’équipe créative en partie renovée fait plusieurs clins d’oeil à l’époque classique des X-Men. Quand on voit des Sentinelles ou un ennemi plus ancien du groupe, ce sont les designs « vintage » qui sont utilisés. Pas de « mangalisation » des robots comme c’était la pratique ces derniers temps. Je ne suis pas certain que le plan du principal adversaire ait grand sens, du point de vue de sa philosophie. S’il y a bien une chose que l’on n’attends pas de lui, c’est utiliser des Sentinelles pour tenter de tuer des mutants. Même si ce n’est qu’une diversion, rien que le symbole devrait répugner le personnage. Mais peu importe en un sens, tout ça ne fait que cacher l’intrigue « secondaire » aperçue vers la fin… Qui est vraiment intéressante puisqu’elle implique plusieurs personnages qui, à des degrés divers, ne font pas partie de la sphère habituelle des X-Men. Pour ceux qui liront cette chronique après la sortie du comic en question disons, sans spoiler, qu’il y a le « conseiller scientifique » vu vers la fin, le personnage qu’il inspecte et celui dont il reprogramme la mémoire. Le scénario est donc un mélange de classicisme et de directions nouvelles pour les mutants. Brubaker s’offre en quelque sorte un redémarrage de son run, comme si la page était tournée sur les deux dernières années.
Niveau graphisme, il n’y a pas photo: Terry Dodson l’emporte haut la main sur le style un peu trop statique de Greg Land. Sa tendance connue au photoréalisme n’empêche pas certains égarements anatomiques à force de surmuscler les personnages. Dans une case, les muscles de l’avant-bras de l’adversaire sont plus épais que la tête du Nightcrawler qu’il est en train de puncher. Par contre il est certain qu’on sent qu’il a une affinité pour quelques héros, comme Storm par exemple, qu’il dessine de façon bien plus cohérente. Dodson, lui, est là l’aise avec toute l’équipe, à plus forte raison parce que sa Emma Frost n’est pas sans rappeller Coraline, l’héroïne qu’il a dessiné pour les Humanos. Il faut souligner, aussi, que pour Dodson ce sont des retrouvailles, l’artiste ayant dessiné un temps Generation X, dont Emma était prof. Il est d’ailleurs intéressant de comparer ses deux interprétations de la télépathe blonde à travers les époques, cela donne la mesure de l’évolution de son style entre les deux périodes. Puisqu’on parle de dessin, soulignons aussi qu’une des variantes de ce Uncanny X-Men #500 est signée par Michael Turner et que c’est l’un des derniers travaux de cet artiste récemment décédé.
En définitive cet épisode est comme un rédémarrage pour Brubaker. Maintenant qu’il est rejoint par Matt Fraction, il va falloir voir où tout ça nous mène mais objectivement, même si certains diront sans doute qu’il y a du déjà vu, quand on fait le compte il y a quand même un certain nombre d’intrigues qui naissent dans ce chapitre. Il est certain que les épisodes de Dodson s’annonçent intéressants et même d’une certaine manière plus inspirés que ces Wonder Woman (logique, l’artiste a maintenant un groupe entier à sa disposition pour composer ses pages, là où le regular cast de WW était réduit). Je suis beaucoup moins convaincu par Land. Mais l’histoire, maintenant menée par le tandem qui a lancé Immortal Iron Fist, a du potentiel et pourrait nous faire fermer les yeux sur quelques cases trop guindées. Les mois qui viennent nous en dirons plus sur la validité de cette nouvelle direction, d’autant plus qu’à l’évidence Bru et Fraction ne nous ont pas encore tout à fait révélé leur line-up définitif…
[Xavier Fournier]