Witchblade #120 [Top Cow]
Scénario de Ron Marz
Dessin de Stjepan Sejic
Sortie aux USA le 4 septembre 2008
Danielle, la nouvelle Witchblade, n’a pas cent vingt numéros d’expérience. Elle n’est devenue la nouvelle détentrice du talisman que très récemment et se cherche encore un peu, tout en accusant déjà le coup des trahisons qu’elle vient de traverser. Du coup elle agresse un peu à l’instinct et même si vous n’êtes qu’un dragueur de discothèque, vous risquez d’éprouver le courroux de la Witchblade. Heureusement Sara Pezzini est là pour avoir une petite discussion « entre filles ». Il est assez ironique que je chronique ce comic-book juste après avoir lu X-Men: Manifest Destiny et m’être moqué de sa « sensiblerie » et du côté « tranche de vie » qui n’apporte rien. L’ironie vient du fait que le gros morceau de ce Witchblade #120 est essentiellement une discussion entre nanas (pas de grosse menace démoniaque qui se pointe pour animer le numéro) et pourtant Ron Marz s’en tire, lui, très bien. Il donne consistance à ses personnages et même si vous n’avez jamais lu un numéro de Witchblade de votre vie, l’histoire est assez accueillante, en particulier avec une première page qui vous explique tout ce qu’il est nécessaire de savoir au sujet de Danielle, Sara et de la Witchblade. Le reste est contenu dans l’épisode.
Reste que deux filles qui discutent pourraient avoir un petit côté « Sex In The City ». On n’en est pas loin quand elles parlent des hommes et d’ailleurs la référence est même nominalement placée à un endroit. Mais Marz a épicé un peu la rencontre entre la néophyte et l’experte en canalisant un peu d’Oliver Queen dans la voix de Sara. Elle est plus solide, plus bourrue que Danielle et du coup le dialogue y trouve une certaine dynamique. Il ne s’agit pas simplement d’occuper des pages (enfin pour être honnête il y a bien la seconde page, gaspillée à montrer Dany en train de danser de manière statique). Le reste du numéro est occupé à mettre en place des intrigues ce qui fait qu’il devient assez facile de « prendre le train en marche ».
Stjepan Sejic continue de donner à la série son ton étrange, peint (façon digitale), qui lorgne plus sur la BD asiatique que sur un Alex Ross. Néanmoins sur certaines cases la finition des personnages est floue, absorbée dans la couleur. Cela dit c’est une ambiance atypique et cela contribue à instaurer un certain cadre. Maintenant il est clair que si vous faites une allergie aux récits de jolies filles possédées par des entités techno-organiques ce numéro ne fera pas de miracle mais il est en tout cas assez accueillant. Avec tous les bouleversements qu’à apporté Marz ces dernières années (naissance d’un enfant, nouvelle héroïne, révélation sur l’origine du talisman), son interprétation reste des personnages reste ouverte et bien construite. On est bien loin du cliché de l’héroïne dévêtue pour un oui ou un non, d’autant que la conclusion lance une histoire de meurtre qui commence de manière assez noire.
[Xavier Fournier]
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