Avant-Goût VO : Review Zombie Tales #5
13 septembre 2008[FRENCH] Si les gens de Boom! étaient parisiens, on croirait presque que le menu de leur anthologie zombiesque leur a été suggéré par le passage du Pape ce week-end. Bien qu’il n’en soit évidemment rien du tout, Zombie Tales #5 parle beaucoup de foi ce mois-ci. Dans un univers où le surnaturel est réel, est-ce naïf de penser que d’autres forces, plus bibliques, peuvent se manifester ? Qui plus est, le troisième segment est un digne héritier des EC Comics. Une bonne livraison, donc!
Zombie Tales #5 [Boom!]
Scénario de William Messner-Loebs, Brian Augustyn, Ian Brill
Dessin de Matt Cossin, Leno Carvalho, Jason Ho
Sortie américaine le 17 septembre 2008
Après un numéro entier consacré à une seule histoire le mois dernier, Zombie Tales retrouve sa formule de croisière, c’est à dire trois petites histoires situées dans des contextes différents. Et c’est là que la revue est la plus riche, quand elle propose en quelques pages des approches très différentes. Bill Messner-Loebs et Ian Brill ouvrent le bal avec une jeune héroïne, une handicapée mentale qui veut sauver son frère zombifié et cherche pour cela l’aide d’un ex-prêcheur de la télévision. Mais à partir du moment où le frère en question est zombifié, est-ce que la messe n’est pas déjà dite ? La jeune fille ne s’en rend pas compte et espère un miracle. L’histoire peut-être considérée comme naïve à certains égards et moins cynique que les récits habituels de zombies mais le fait que Messner-Loebs ai choisi une héroïne qui n’a pas le profil typique apporte un peu de complexité (en tout cas autant qu’on peut en trouver dans un récit si court)…
Dans la deuxième histoire c’est d’abord le dessin de Leno Carvalho qui saute aux yeux. Avec lui les zombies se font plus barbares, plus sauvages que dans les autres récits du genre. Ils sont comme une meute de loups lancés à la poursuite d’une héroïne qui trouve refuge dans une église. Mais est-ce bien un refuge ? Le scénario de Brian Augustyn laisse peu de temps au doute avant d’apporter une réponse. L’histoire est simple mais efficace, en particulier grâce à l’énergie de Carvalho… Finalement le principe d’utiliser la religion n’est pas saugrenu puisqu’en définitive le retour des morts et ce genre de choses sont des notions qu’on trouvait déjà dans la Bible. Réunir les deux n’est donc pas idiot, même si ça surprend au demeurant. Leno Carvalho est vraiment à l’aise dans cette histoire mais la sauvagerie qu’il a su donner à ses morts vivants fait que je serais vraiment curieux de le voir à l’œuvre sur une série d’Heroic Fantasy.
Reste alors le dessert, un segment où l’on ne parle ni de prêtre ni d’église mais qui parle d’amour à sa manière, avec une conclusion bien gore comme on les aime (ne me dîtes pas que vous feuilletez des BD de zombies en espérant des histoires sur les Bisounours ?). Là aussi le personnage de référence est une femme qui vient de perdre son amante (zombifiée) et qui tente un plan désespéré pour se débarrasser des mort-vivants. Là aussi le plan est simple (il suffirait d’une phrase pour vous gâcher la surprise) mais la scène est percutante. Dessiné par un artiste des fifties, ce récit d’Ian Brill aurait aussi bien sa place dans une antique revue d’EC Comics. Ce n’est pas du tout pour dire que la prestation du dessinateur Jason Ho n’est pas à la hauteur. Au contraire, il apporte une touche « indé » qui est très intéressante, l’intimité qu’ont perdu les deux femmes étant la clé de l’histoire, c’est bien d’avoir un style visuel qui lorgne sur les romans graphiques de ces dernières années. Trois « récits de filles » assez différents mais bien pensés.
[Xavier Fournier]