Alors que les reflets maléfiques de Batman contrôlent désormais pratiquement tous les aspects de la réalité, un petit groupe de héros résistants tente le tout pour le tout, espérant libérer le héros le plus puissant de l’univers DC. Hé non, ce n’est ni Superman ni un autre héros possédant le pouvoir du Docteur Manhattan. Non, ce personnage crucial c’est… c’est…
Scénario de Scott Snyder
Dessin de Greg Capullo
Parution aux USA le mercredi 12 août 2020
Dark Nights – Death Metal continue son cours un peu en pilote automatique, comme s’il était surtout pour ses deux auteurs un prétexte à produire quelques variantes post-apocalyptiques de personnages connus. Si parfois la chose est servie avec humour (on appréciera le clin d’oeil à un certain personnage argenté dans les premières pages), la plupart du temps on reste dans un parfum de premier degré. Par exemple Bruce Wayne se retrouve affublé d’une moto grotesque qui une tête de chauve-souris. Ce relooking n’a en général guère de sens. Si Superman est resté longtemps prisonnier on peut comprendre qu’il ait les cheveux longs. Mais que sa dégaine devienne celle d’un roadie de groupe de hard rock, grosse chaine à l’appui, est pratiquement incohérent. Comment ? Ah oui, le titre c’est Death Metal alors il faut que certains personnages aient l’air échappés d’une vieille pochette de hard-rock. Mais bon… Souvent on a l’impression que tout cela n’est généré que dans l’idée de produire des statuettes ou des jouets à mi-chemins entre des monstroplantes et les transformers. Comprenons-nous bien. Ce ne sont pas ces looks le problème (après tout Greg Capullo peut librement s’éclater à réinventer ce qu’il veut) mais bien le fait qu’ils servent à recouvrir… le néant, où à peine mieux. Scott Snyder n’est guère sérieux dans son approche et se prend parfois les pieds dans ce qu’il a lui-même écrit. Ainsi l’un des morceaux de résistance de ce numéro est un Batman alternatif ayant survécu à Darkseid et l’ayant remplacé. Si on fait abstraction du look différent utilisé par Capullo, c’est essentiellement l’idée de de base de Batman: The Last Knight of Earth. Les deux auteurs auraient été mieux inspiré de directement intégrer les événements de Last Knight plutôt que de le « cloner », qui plus est pour une scène où « l’émule de Darkseid » est quand même assez vite éliminé (vous ne pensiez pas que le crossover s’achevait sur ce troisième numéro, si).
Et c’est l’autre problème de Snyder sur cette saga. Si dans le premier numéro cela pouvait sembler plutôt sympathique que le scénariste s’amuse à cultiver les références aux Crisis précédentes et à un peu tous les talismans cosmiques possibles (Smiley de Watchmen inclus), on arrive maintenant à une situation où l’on ne risque certainement pas d’accuser Snyder d’humilité. En gros tous les talismans antérieurs sont mentionnés/utilisés pour être mieux banalisés/mimisés. Un personnage qui a la force de Darkseid et l’intelligence de Batman est battu « à toute vitesse », on égraine les allusions au Omega-Gun ou aux anneaux de Black Lanterns mais sans y prêter réellement attention. Non. Parce que voyez-vous le Batman qui rit peut désormais avoir la puissance d’un Docteur Manhattan, les héros peuvent sembler vouloir libérer Superman et, par extension, tous les héros disponibles de DC, tout cela n’arrive pas à la cheville de l’arme la plus puissante de cet univers qui est, figurez-vous, un gimmick inventé par Snyder lui-même il y a quelques années. Pourquoi ? Parce que ! Le scénariste passe effectivement en revue ce qui s’est fait avant (et parfois au pas de course, comme pour la JSA qui ne sert pas à grand-chose) pour mieux établir que ses inventions sont plus puissantes. C’est pratiquement freudien. L’ennui c’est que cela pourrait-être vrai si l’auteur se donnait la peine de tenter de convaincre. Mais cette peine-là, il ne veut pas se l’infliger. Tout est écrit de façon rapide et facile, reposant sur les designs de Capulo. Soit un catalogue de looks, de costumes et de véhicules sans grande histoire à laquelle se rattacher. Pour battre le Batman/Manhattan, il faut donc un perso mineur de Snyder mieux que Wally West lui-aussi équipé des pouvoirs de Manhattan. Pourquoi ? Parce que ! En sous-couche tout cela sent le « on fait ça pour le fun sans se prendre la tête ». OK. Mais le fun n’a jamais été une dispense pour au moins fournir un scénario un peu construit. Death Metal, c’est quand même bien vide arrivé à ce stade…
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